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Un PER sur de bons rails

Lancé par le gouvernement le 1er octobre 2019 dans le but de développer la retraite supplémentaire par capitalisation, le PER – Plan d’Epargne Retraite - comptabilise déjà plus de 5 millions d’ouvertures*.

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Il est assez simple d’associer à certains projets la solution d’épargne correspondante : le PEL pour l’acquisition immobilière, le PEA pour l’investissement en actions, ou l’assurance vie pour la transmission. Pour la préparation de la retraite, c’est beaucoup plus compliqué.

De nombreux produits d’épargne plus ou moins dédiés à la retraite co-existent. Des stratégies non financières permettent aussi de répondre à ce besoin, comme devenir propriétaire ou investir en immobilier locatif entre autres.

Il ne se dégage pas clairement de moyen spécifique pour prévoir une retraite supplémentaire, un choix pourtant structurant sur plusieurs décennies. Le PER a vocation à devenir cette solution de référence, en complément de la retraite obligatoire.

Une offre plus simple

Dans une logique de simplification, la création du PER visait dans un premier temps à le substituer à tous les contrats dédiés à la préparation de la retraite, à harmoniser les règles et à favoriser la portabilité des droits (la possibilité d’effectuer un transfert d’un contrat à un autre).

Le PER se compose de 3 compartiments : le compartiment individuel, destiné à recevoir des versements volontaires, le compartiment épargne salariale, alimenté avec des sommes perçues dans le cadre de l’entreprise comme l’intéressement, et le compartiment entreprise, recueillant les cotisations des dispositifs de retraite entreprise. Les compartiments 2 et 3 ne peuvent être ouverts que par l’entreprise. Le titulaire est toutefois libre de transférer ses avoirs vers un autre PER sous certaines conditions, comme il peut le faire avec les contrats d’épargne retraite qu’il détient déjà.

Cette simplification présente certains avantages : la possibilité de regrouper ses droits au sein d’un même contrat, l’amélioration de la lisibilité de ses avoirs, et le choix du gestionnaire de son épargne retraite.

Une offre plus adaptée

Pour encourager l’ouverture d’un PER à titre individuel, le législateur a aussi procédé à deux évolutions majeures destinées à lever les principaux points de blocage.

En premier lieu, à l’âge du départ en retraite, il est maintenant possible de sortir en totalité en capital et non plus nécessairement en rente*. Les épargnants ne sont donc plus obligés d’aliéner leur capital au moment de la retraite. Cela les libère par la même occasion de la difficulté à bien dimensionner leurs besoins futurs de revenus complémentaires, le surplus éventuel pouvant toujours être récupéré en capital. Au départ en retraite, la sortie se fera au choix : en capital, en rente ou un panachage des deux.

En second lieu, le déblocage anticipé de son épargne a été prévu dans certains cas. Il est ainsi possible de récupérer l’épargne en cours de contrat pour faire face aux accidents de la vie (invalidité, chômage ou liquidation judiciaire, décès du conjoint, surendettement…) et aussi pour acheter sa résidence principale (avec l’épargne correspondant aux versements volontaires et aux versements issus de l’épargne salariale). Cet assouplissement répond à la réticence vis-à-vis des produits retraite, liée à l’indisponibilité de l’épargne en cas de nécessité.

Et sur le plan fiscal, la déductibilité des versements volontaires déjà existante a bien sûr été conservée (cf. encadré).

Déductibilité des versements

En phase d’épargne, les versements effectués sur un PER sont déductibles du revenu imposable, dans la limite d'un plafond global. Ce plafond est égal au plus élevé des deux montants suivants : 10 % des revenus professionnels (dans la limite de 8 PASS) ou 10 % du montant annuel du PASS.

À la sortie du PER lors du départ à la retraite, les sommes issues des versements qui ont été déductibles sont soumises à l’impôt sur le revenu.

Si vous optez pour la non-déductibilité des versements en phase d’épargne, à la liquidation du PER lors du départ à la retraite, en cas de sortie en capital, vous bénéficierez d’une exonération d’impôt sur le revenu sur la part de capital correspondant à ces versements et en cas de sortie en rente, les rentes viagères issues des versements seront soumises au barème progressif de l'impôt sur le revenu, selon les règles applicables aux rentes viagères à titre onéreux

Une offre bien accueillie

Avec ce cadre remanié, le gouvernement ambitionnait une croissance de 50 % des encours en épargne retraite à horizon 4 ans, pour passer de 200 à 300 Mds €.

À fin 2022, l’encours atteint 255 Mds € malgré la période perturbée liée au Covid.

Et l’attractivité du PER se confirme mois après mois. À fin août 2023, les cotisations atteignent 5,4 Mds € (+23 % par rapport à l’an passé) et l’encours représente déjà 68,5 Mds €. Le nombre de nouveaux détenteurs s’élève à 550 000 (+19 % par rapport à l’année dernière), ce qui porte le total à 5,2 millions, dont 3 millions à titre individuel**.

Le bilan comptable est donc largement positif. Cette bonne dynamique devrait se poursuivre, d’ores et déjà à court terme avec une fin d’année toujours propice aux versements. Et avec le temps, le PER pourrait bien devenir le produit spontanément associé à la préparation de la retraite. Mais est-ce pour autant le signe que le développement de la retraite supplémentaire est en marche ?

Des perspectives de développement

Même si le PER présente de solides arguments, sa souscription à titre individuel relève d’une démarche volontaire de s’occuper de sa retraite. Cette démarche concerne aujourd’hui tous ceux résolument convaincus de la nécessité de préparer leur retraite bien sûr, mais aussi certains qui sont principalement attirés par la déductibilité des versements volontaires, et d’autres qui s’en préoccupent à l’approche de l’échéance, parfois inquiets par leur situation future. Au-delà de ces cas, la généralisation au plus grand nombre demeure un véritable enjeu. Il reste maintenant à savoir dans quelle mesure les actifs sont prêts à un effort d’épargne pour ne pas dépendre uniquement des régimes obligatoires et de leur devenir. Et notamment les plus jeunes, pour lesquels ce serait évidemment le plus judicieux, en permettant de répartir l’effort sur la durée et de bénéficier de la valorisation de leur capital dans le temps.

Avec une population active de l’ordre de 30 millions de personnes, le taux de pénétration du PER individuel reste encore limité à environ 10 %. Il reste sans doute encore un fort potentiel de développement. Et avec un encours moyen de 15 000 € sur les PER individuels**, qui ne permet évidemment pas d’envisager un complément de revenus significatif, l’épargne constituée devrait logiquement progresser.

Le démarrage est un succès et les perspectives semblent prometteuses pour le PER. Mais pour l’instant, les régimes de retraite obligatoire restent largement prépondérants dans les prestations perçues par les retraités. En 2021, seulement 2,2 % des prestations retraite a été versé par des organismes d’assurance*** et en 2022, la rente moyenne issue d’un contrat retraite s’établit autour de 2 000€, soit moins de 200 € par mois****.

Le développement d’une retraite supplémentaire par capitalisation plus significative nécessitera de toute façon de longues années. Le PER est encore tout jeune et il a tout son avenir devant lui… et pour bien préparer la retraite, c’est la situation idéale !

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*sauf compartiment entreprise

**communiqué de presse, France assureurs, 29 septembre 2023

***Les retraites et les retraités, DREES, juin 2023

****L’assurance retraite en 2022, France assureurs, 18 septembre 2023