Que faire en cas de squat dans un logement ?

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90 % des squats en France visent des biens résidentiels. Face à ce type d’intrusion, chaque minute compte ! Agir vite limite les complications.  Il existe plusieurs procédures encadrées par la loi. Découvrez les étapes à suivre pour reprendre le contrôle de votre logement sans erreur.

Qu'est-ce qu'un squat de logement ?

Selon l’arrêté du 16 juillet 1984 relatif à l’enrichissement du vocabulaire de l’urbanisme et du logement, un squatteur est une personne prenant abusivement possession d’un local vacant.

Le squat se distingue d’un simple cambriolage. Il implique une occupation prolongée du logement : le propriétaire se retrouve alors exclu de son propre bien. Le squatteur est par exemple susceptible de changer les serrures.

La situation, d’un point de vue juridique, est également à distinguer :

  • D’un locataire en retard de paiement de loyer.
  • D’une personne d’abord hébergée gracieusement, puis restée contre la volonté du propriétaire.

Quels sont les signes d'une violation de domicile ?

Pour que le délit de violation de domicile soit reconnu, il ne suffit pas que des personnes soient entrées dans un logement. Il faut également prouver que cette intrusion s’est faite à l’aide de manœuvres, de menaces, de violences ou sous la contrainte.

La loi identifie 4 moyens :

  • Les manœuvres  recouvrent tout procédé astucieux ou toute ruse mis en œuvre pour favoriser l’introduction illicite.
  • Les menaces peuvent être caractérisées par des comportements inquiétants ou des paroles d’une personne prête à accomplir des actes de violence.
  • La voie de fait recouvre tout acte de violence à l’encontre des biens ou des personnes.

Par exemple, enlever une partie de la toiture ou défoncer au moyen d’une masse la porte d’entrée.

  • La violence contre les choses

Par exemple, l’escalade d’un mur, d’une terrasse, d’un portail bas et en mauvais état, le forçage d’une serrure, le bris d’un carreau ou d’une vitre.

Par ailleurs, le délit de violation de domicile est une infraction continue.

La police peut intervenir tant que l’occupation illégale dure.

Il n’est pas nécessaire que la personne utilise à nouveau des menaces, violences ou ruses pour justifier l’intervention.

Quelles démarches en cas de squat ?

Face à un squat, gardez votre calme. Évitez tout contact direct. Prévenez rapidement la police nationale, la gendarmerie ou la police municipale. Un premier signalement permet d’enclencher la procédure. Vous pouvez aussi avertir votre assureur, même si vos garanties assurance habitation n’incluent aucune protection spécifique contre l’occupation illégale.

Les forces de l’ordre se rendent sur place. Elles constatent les faits. Elles rédigent un procès-verbal. Le document sert de base aux démarches suivantes.

Comment engager l'évacuation rapide d'un logement squatté ?

Les conditions pour une évacuation rapide

Depuis le 27 juillet 2023, la loi n° 2023-668 renforce la protection des logements contre le squat. Elle permet, dans certains cas, une évacuation forcée sous 48 à 72 heures.

  • Le lieu doit être domicile ou un local d’habitation, qu’il soit occupé ou non.
  • L'introduction et le maintien dans les lieux  font suite à des manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte.

Bon à savoir

Ces deux conditions sont obligatoires pour permettre une expulsion forcée. On ne peut pas expulser quelqu’un uniquement parce qu’il reste dans le logement sans droit, comme un locataire après résiliation du bail.

Qui peut faire la demande et comment ?

Le préfet ne peut agir que si une demande lui est adressée. Deux cas sont possibles :

  • Le domicile est squatté : le propriétaire, le locataire ou une personne mandatée peut faire la demande.
  • Le logement n’est pas un domicile : la demande est formée par le propriétaire du local.

Pour que la demande soit acceptée, il faut :

  • Avoir porté plainte
  • Prouver que vous avez des droits sur le logement
  • Faire constater le squat par un officier de police, un maire ou un commissaire de justice

Le préfet doit répondre dans les 48 heures après réception du dossier complet.

Vous pouvez faire la demande à n’importe quel moment de l’année.

Refus possible uniquement pour deux motifs

La décision de refus ne peut être motivée que par l’un des deux motifs suivants :

  • Les deux conditions cumulatives ne sont pas réunies. Il manque des éléments essentiels : preuves du squat, identité des occupants ou documents justificatifs…
  • Un motif impérieux d’intérêt général s’y oppose. Par exemple, la présence d’enfants, de femmes enceintes ou de personnes vulnérables dans le logement. Dans ce cas, le propriétaire est éligible à une indemnisation.

Comment engager une expulsion des squatteurs ?

Lorsqu’il apparaît, à l’issue de l’instruction, qu’une suite favorable peut être accordée à la demande d’évacuation forcée, et en tout état de cause au plus tard au terme du délai de 48 heures, une mise en demeure de quitter les lieux doit être adressée aux occupants. Celle-ci doit mentionner un délai d’exécution à l’issue duquel il pourra être procédé à l’exécution forcée.

Deux situations doivent être distinguées selon la nature du lieu :

  • si le logement occupé constitue le domicile du demandeur, ce délai ne peut être inférieur à 24 heures ;
  • s’il s’agit d’un local à usage d’habitation n’ayant pas la qualité de domicile, le délai minimum est porté à 7 jours afin de garantir le respect du droit à un recours juridictionnel effectif.

Si les squatteurs restent, la préfecture organise l’évacuation. Les services de police ou de gendarmerie sont mobilisés afin de procéder à l’expulsion. Le procureur peut engager des poursuites pénales à l’encontre des occupants en parallèle.

Si le préfet refuse, le propriétaire peut engager une procédure judiciaire en saisissant le tribunal compétent pour obtenir une décision d'expulsion. Son traitement prend plus de temps. Elle dépend du calendrier du tribunal et du traitement du dossier.

Le recours à un avocat est obligatoire. Il s’occupe de saisir le tribunal compétent. Le juge examine la situation puis rend une décision d’expulsion. Un commissaire de justice en informe les squatteurs et leur remet la décision du tribunal. Ils doivent quitter les lieux dans un délai précis.

En cas de refus, le commissaire de justice revient sur place. Il leur rappelle leur obligation. Il peut demander l’intervention de la force publique par l’intermédiaire du préfet. Ce dernier, comme dans le cas de la procédure accélérée, autorise ou refuse si des motifs d’ordre public empêchent l’exécution de la mesure.

La procédure s’applique notamment lorsque le logement occupé n’est pas une résidence principale. Elle peut concerner :

  • Un bien en location saisonnière.
  • Un logement vacant.
  • Un local à usage mixte...

Le juge peut accorder un délai aux squatteurs avant leur expulsion, en tenant compte de leur situation personnelle et familiale. Ce délai peut aller de quelques semaines à plusieurs mois.

Bon à savoir

Avant toute expulsion, un diagnostic social est réalisé pour évaluer la situation des occupants, surtout s’ils sont vulnérables. Il permet de décider si une expulsion immédiate est possible ou si un relogement doit être envisagé.

Quelles sanctions prévues par la loi en cas de squat ?

L'introduction dans le domicile d'autrui à l'aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte, hors des cas où la loi le permet, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.  Le terme « domicile » s’applique à tout lieu d’habitation, qu’il soit occupé ou non, principal ou secondaire, dès lors qu’il contient des biens personnels.

Le nouvel article 315-1 du code pénal punit de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende le fait de s’introduire dans un local à usage d’habitation ou à usage commercial, agricole ou professionnel à l’aide de manœuvres, de menaces, de voie de fait ou de contrainte, hors les cas où la loi le permet.

Le nouveau délit de maintien sans droit ni titre dans un local à usage d’habitation en violation d’une décision de justice. Le nouvel article 315-2 du code pénal punit de 7 500 euros d’amende le fait de se maintenir sans droit ni titre dans un local à usage d’habitation en violation d’une décision de justice définitive et exécutoire ayant donné lieu à un commandement régulier de quitter les lieux depuis plus de deux mois. Le nouveau délit concerne le locataire défaillant qui refuse de quitter les lieux malgré une décision de justice ayant donné lieu à l’engagement d’une procédure d’expulsion.

Squat de logement : que peut votre assurance habitation ?

L’assurance habitation ne couvre pas directement les situations de squat. Les contrats excluent ce type d’occupation illégale. Le squat relève d’un problème juridique, non d’un sinistre classique.

Certains contrats multirisques habitation incluent toutefois une garantie protection juridique.  Un juriste vous guide alors dans vos démarches. En cas de procédure judiciaire, cette garantie peut aussi prendre en charge certains frais. Chaque contrat reste toutefois différent. Lisez les conditions générales avec attention !

En cas de doute, contactez votre assureur. Une simple question permet de connaître l’étendue réelle de votre couverture, et au besoin de rechercher une meilleure assurance habitation.

Pour résumer

La loi anti-squat de 2025 renforce les droits des propriétaires en durcissant les sanctions contre les squatteurs et en accélérant les expulsions. En contrepartie, elle impose aussi aux bailleurs de nouvelles obligations, notamment l’obligation de tenter une médiation avant d’engager certaines procédures.

Les trois points-clés à retenir :

  • Signalez rapidement le squat aux forces de l’ordre pour déclencher les démarches officielles.
  • Une procédure accélérée permet une évacuation rapide si les conditions sont réunies.
  • L’expulsion judiciaire reste nécessaire pour certains logements ou en cas de refus administratif.

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