Comprendre les enjeux autour des déchets

L’augmentation de la consommation, associée à un modèle linéaire « extraire, fabriquer, consommer et jeter » a conduit à une accumulation alarmante de déchets.

En 2021, près de 5 millions de tonnes d’emballages ménagers ont été mis sur le marché en France. Ces emballages sont liés au conditionnement qui permet de stocker et de protéger le produit, de donner des indications sur son utilisation, de le transporter et d’attirer l’attention. On constate parfois un phénomène de « suremballage ». Il s’agit d’un procédé visant à améliorer la protection d’un produit ou l’identification visuelle de la marque, en ajoutant un emballage supplémentaire à l’emballage primaire, souvent sous forme de plastique ou de carton.

Ces emballages sont également générés par notre consommation alimentaire nomade, c’est-à-dire les produits « à emporter » qui sont à l’origine de 300 000 tonnes de déchets chaque année. Il s’agit principalement des contenants en plastique et en carton utilisés pour transporter nourriture et boissons.

Au-delà des déchets liés aux emballages, le gaspillage alimentaire est également source de déchets. Ce gaspillage est présent dans toutes les étapes de la chaîne de production alimentaire : production agricole, transformation, distribution, consommation. Il entraîne des conséquences négatives sur l’économie, l’éthique et l’environnement.

Le gaspillage alimentaire utilise inutilement des ressources naturelles comme les terres cultivables et l’eau, et génère des émissions de gaz à effet de serre qui pourraient être évitées. Selon l’ADEME, ces émissions représentent 3 % des émissions nationales totales.

En 2023, on estime qu’à l’échelle mondiale, le plastique représentait 85 % des déchets marins, sans compter les 24 400 milliards de particules de microplastiques flottant à la surface des océans.

Quelles sont les conséquences de cette quantité de déchets observés dans les mers et les océans ? La biodiversité marine est en danger. Selon WWF, on estime que 88 % des espèces marines souffrent de la pollution marine. En effet, un million d'oiseaux de mer et 100 000 mammifères marins meurent chaque année, à cause de l’ingestion de plastique selon l'ONU. Les outils de pêche abandonnés impactent également la faune marine : les filets de pêche oubliés sur place piègent les animaux marins, tout comme les engins de pêche perdus accidentellement qui détériorent les habitats marins.

Ces déchets constituent également un problème de santé publique. De nombreux micro-organismes utilisent ces déchets plastiques comme support pour se propager. De plus, les différentes étapes du cycle de vie du plastique génèrent un problème sanitaire pour la majorité de la population mondiale. En effet, nous sommes exposés aux particules de plastique et aux substances chimiques associées, qui finissent par s’infiltrer dans notre corps humain par ingestion, inhalation ou contact direct. Les conséquences sur la santé peuvent être les suivantes : impact sur le système immunitaire, respiratoire, cardiovasculaire, rénal, gastro-intestinal, neurologique, perturbations endocriniennes, baisse de la fertilité, hausse des risques de cancers, de diabète…

Le recyclage n’est pas encore majoritairement adopté, il est donc important de rester mobilisé.

Cependant, celui-ci fait face à de nombreuses limites : collecte partielle, difficultés pour récupérer certains éléments, pertes de matière dans le processus, consommation supplémentaire de ressources naturelles, coût important, ou encore manque de connaissances des consommations. Il a même tendance à nous inciter à maintenir une consommation centrée sur le jetable.

Par exemple, le recyclage des emballages varie en fonction des matériaux utilisés : de 88 % pour le verre (meilleur taux de recyclage) à 30 % pour le plastique. À l’échelle mondiale, seulement 5 % du plastique produit par l’industrie est recyclé, le reste étant brûlé et enfoui. Cela représente environ 1/3 des emballages.

De plus, une partie des déchets français est envoyée à l’étranger. Selon le journal Le Monde, en 2019, on estime que 385 000 tonnes de plastiques usagés français ont été exportés, dont 60 000 en Asie, afin d'assurer leur traitement. Depuis, la Chine refuse les importations de déchets étrangers. L'Union européenne exporte donc ses déchets en grande partie en Turquie avec en 2021, 14,7 millions de tonnes de déchets envoyés dans ce pays.

Le recyclage est ainsi confronté à des enjeux économiques, environnementaux, juridiques et géopolitiques. Face à cela, de nombreuses parties prenantes tentent de répondre à cette problématique : État, collectivités locales, sociétés privées spécialisées dans la gestion des déchets. Par exemple, l’État soutient financièrement les collectivités via le fonds vert, qui était de plus de 100 millions en 2022, pour les seuls biodéchets. Compte tenu de ces défis, il est essentiel d’agir en amont en limitant autant que possible la production de déchets.

Pour réduire ses déchets dans notre consommation quotidienne, il est possible de s’appuyer sur la règle des 5R, conceptualisée par Béa Johnson dans son livre « Zéro Déchet, 100 astuces pour alléger sa vie ».

Le meilleur déchet reste celui que l’on ne produit pas. Il s’agit donc de réduire nos déchets en consommant de manière plus responsable, acheter des produits avec moins d’emballages, voire réinterroger l’acte d’achat.

Il est aujourd’hui nécessaire de faire un état des lieux de nos besoins et de ce qui est réellement utile ou non, pour n’acheter qu’en quantité raisonnable. Il faudrait ainsi réaliser des choix de consommation plus viables.

Il est primordial d’éviter l’achat de produits neufs, de penser à la seconde main, à la réparation, à la location ou encore à la transformation.

Si vous choisissez cette option, il est important de se renseigner sur les matières à recycler, de savoir où les déposer et de systématiser le tri. 9 Français sur 10 trient leurs emballages, mais seulement 1 sur 2 le fait systématiquement. Si le recyclage est une alternative pour la réduction de nos déchets, n’oublions pas qu’il faut avant tout réduire notre production de déchets en amont.

Pour finir, il est important de composter nos déchets alimentaires et organiques. En France, depuis le 1^er janvier 2024, le tri de ces biodéchets devient progressivement obligatoire pour les ménages. Ces biodéchets représentent 1/3 des ordures incinérées ou enfouies (soit près de 83 kg par Français/an) et pourront désormais être revalorisés sous forme de compost ou de gaz.  Cette nouvelle loi s’inscrit dans la continuité de la loi Agec (février 2020) et de la loi industrie verte (octobre 2023).

D’autres initiatives peuvent également être prises. Par exemple, privilégiez les entreprises qui sont des acteurs de l’économie circulaire. Il s’agit d’un modèle économique et industriel visant à maintenir les produits, leurs composants et leurs matériaux en circulation le plus longtemps possible, tout en veillant à garantir la qualité de leur utilisation. Les déchets sont ainsi recyclés, utilisés ou valorisés pour créer de nouveaux produits ou de l’énergie.