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Pour un tourisme responsable

En 2019, le nombre de touristes internationaux a atteint 1,5 milliard, soit une augmentation de 100 % en 15 ans. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), cette tendance devrait se poursuivre, avec 1,8 milliard de touristes internationaux attendus d’ici 2030. Comment cet afflux croissant de voyageurs affecte-t-il notre environnement, notre économie et notre société ? Pour un tourisme plus responsable, quels sont les moyens de transports à privilégier et les éléments à prendre en compte lorsque l’on prépare son voyage ?

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Le tourisme, un secteur au cœur de la crise climatique et des enjeux sociétaux

Pour attirer les touristes et répondre à leurs besoins, la construction de nouvelles infrastructures telles que des hébergements, des équipements de loisirs et des routes est souvent nécessaire. Ces constructions contribuent à l’artificialisation des sols et dégradent les écosystèmes, les sols et la biodiversité. De même, les habitudes des touristes peuvent être questionnées : usage de transports polluants, dégradation des zones sauvages, activités polluantes, déchets jetés en pleine nature, production de déchets qui peuvent être parfois difficiles à traiter en raison du volume et des capacités des pays d’accueil.

L'impact des transports

Le secteur du tourisme présente une empreinte carbone élevée : 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Comment pouvons‑nous expliquer un tel chiffre ? Ce sont les transports qui contribuent à 75 % à l'empreinte carbone du secteur touristique. 42 % des émissions de transports touristiques sont dues à l’avion et 32 % à la voiture. La part du transport aérien est loin de diminuer puisque les vols pour motifs personnels ont doublé en 10 ans en France. Selon une étude publiée par Greenpeace et l’agence BL Evolution, pour respecter l’accord de Paris (visant à limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d’ici la fin du siècle), il faudrait que chaque Français ne réalise qu’un seul vol long-courrier tous les 10 ans.

Le saviez-vous ?

Un aller-retour Paris – New York en avion pour une personne émet 2 tonnes de CO2, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’un Français sur un an pour respecter l’accord de Paris.

Le tourisme de masse

La forte densité de touristes entraîne une augmentation de l’utilisation des ressources naturelles comme l’eau par exemple. Une étude de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) a révélé que dans les communes françaises les plus touristiques, la consommation d’eau annuelle a augmenté de 211 % par rapport à la moyenne nationale en 2020.

Le tourisme de masse peut également entraîner une inflation et une pression sur les prix de l’immobilier, pouvant mettre en difficulté les populations locales. Certains sites naturels deviennent exclusifs pour les acteurs du tourisme (plages, réserves naturelles…) qui paient pour avoir un accès privé à ces lieux. Les locaux se sentent ainsi lésés de ne pas avoir accès facilement et gratuitement à ces sites qui sont pourtant à proximité de leur lieu de vie. Le nombre de plages privées dans le sud de la France est déjà à l'origine de conflits entre locaux et touristes, tensions qui vont augmenter avec l’érosion côtière et la littoralisation.

Enfin, l’augmentation mondiale du nombre de touristes peut également contribuer à l’appauvrissement de l’identité culturelle et des patrimoines locaux. Lorsqu'un site devient touristique, il se peut que certaines des valeurs, traditions ou habitudes présentes dans ce lieu soient modifiées. Il n'est pas rare de trouver dans les lieux accueillant un flux important de touristes des répliques en plastique d’éléments culturels, n’étant pas fabriqués par des locaux. De même que des faux rituels sont mis en scène pour attirer les touristes.

Si le secteur du tourisme permet de s’enrichir culturellement, de créer de l’emploi et de faire vivre les commerçants et agriculteurs des zones concernées, il ne doit pas continuer d’évoluer au détriment de l’environnement. 

Le développement du tourisme responsable

Le tourisme responsable, est, selon l’OMT, « un tourisme qui prend pleinement en considération ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil. »

Les acteurs pour un tourisme éco-responsable

De nombreux acteurs travaillent pour transformer le secteur du tourisme et fournir aux consommateurs des informations transparentes pour un voyage durable (labels, chartes, certifications, manifestes, agences). Voici quelques exemples :

  • Pour les hébergements, vous pouvez vous orienter vers des plateformes comme Greengo ou des logements avec des labels tels que Ecolabel européen, Clef verte, Accueil Paysan, tourisme et handicap, Valeurs parc naturel régional, Esprit Parc, Qualité tourisme, Eco-gîte, Gîte Panda.
  • Pour les territoires et collectivités, vous pouvez regarder les mentions suivantes : Green Globe, Stations vertes, Charte européenne du tourisme responsable.
  • Pour les agences de voyages, vous pouvez contacter ATR, ou UNAT.
  • Pour les trajets en train, vous pouvez vous rapprocher des entreprises comme Hourrail ou Mollow.

Depuis 2021, un Fonds pour le tourisme durable de 50 millions d’euros a été mis en place par l’ADEME pour aider les acteurs français du tourisme à accélérer leur transition écologique.

En 2023, l’OMT a présenté, devant les pays membres du G20, une feuille de route pour faire du tourisme un pilier central du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Les acteurs traditionnels du tourisme s’engagent pour un tourisme responsable

  • En 2023, le guide du Petit Futé a sorti une collection « Durable et responsable » avec 6 destinations en France (les Alpes, l’Auvergne, la Bretagne, la Provence, la Normandie et les Pyrénées).
  • Booking détient plus de 500 000 hébergements dans le monde dotés d’un badge « Voyage Durable » pour souligner leur engagement.
  • La SNCF a réinvesti dans ses trains de nuit. Quels sont les avantages du train de nuit ? Ce dernier permet de privilégier un mode de transport décarboné (le train émet jusqu’à 50 fois moins de CO2 que la voiture et 80 fois moins de l’avion), d’accéder à des territoires qui étaient en manque d'alternatives ferroviaires, de réaliser des économies (une nuit d'hôtel en moins et des prix des billets d'avion qui ont augmenté en moyenne de 20 % en 2023). De même, le train de nuit amène à un changement de paradigme avec une manière de voyager plus lente, le « slow tourism ». 

Que pensent les Français du tourisme responsable ?

La prise de conscience progresse dans la société française. En 2023, selon un rapport de Booking, 77 % des Français souhaiteraient voyager de façon plus durable au cours de l’année. Ainsi, 62 % des voyageurs projettent de séjourner dans des hébergements certifiés d’un label durable.

Le concept de tourisme durable reste cependant flou pour une majorité des Français. En effet, 76 % d’entre eux « voient vaguement » à quoi cela correspond, et 38 % « pas du tout » selon le Baromètre Tourisme Durable 2023.

Comment voyager durablement ?

Nous vous recommandons par exemple de :

  • Privilégier les modes de transport à faible émission de carbone, tels que le train. Par exemple, pour un aller-retour Paris/Milan, un voyageur émet 180 kg d’équivalent CO2 en avion, contre seulement 8 kg en TGV.
  • Privilégier des voyages moins fréquents mais plus longs pour réduire votre impact carbone et vous immerger davantage dans la culture locale.
  • Conserver les bonnes habitudes que vous pouvez avoir dans la vie quotidienne : consommation de fruits et légumes de saison, de produits locaux et sans suremballage, limitation de l’utilisation de climatisation, tri de vos déchets et leur non-abandon dans la nature.
  • Opter pour des adresses labellisées (logements, restaurants, activités) et être vigilants face aux techniques de greenwashing de certains acteurs touristiques.
  • Enfin, préférer une destination plus proche de chez vous.

Pour résumer...

Bien qu’il n’existe pas de tourisme « 100 % durable » en raison de l’impact négatif inévitable lié aux déplacements, aux hébergements et aux activités, l’essentiel est de prendre conscience de notre impact et le réduire autant que possible. Il est important d’adopter une consommation responsable sur place et de privilégier les acteurs labellisés. Le transport étant le principal facteur de pollution lors d’un voyage, nous avons un rôle à jouer avant même notre arrivée.

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