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L'impact social de la consommation

Seuls 38 % des Français intègrent l’impact social dans leurs choix de consommation lorsqu’ils souhaitent consommer plus responsable (ObSoCo, 2020). Ce pourcentage ne révèle pas un manque de considération mais plutôt un manque de sensibilisation autour de ces enjeux. Sommes-nous vraiment conscients des conséquences de notre consommation sur les populations et sur nous-mêmes ? Zoom sur les impacts sociaux dans cet article.

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L’impact social de la consommation : les conditions de travail

Le système de production et de consommation dans lequel nous évoluons s'appuie sur un très grand choix de produits et de services, sur la rapidité effrénée des échanges (qu'ils soient matériels avec des marchandises ou immatériels avec des informations) et une course aux prix les plus bas. Ce modèle a des conséquences environnementales et sociales.

Les conditions de travail dans certains pays en développement ne respectent pas les droits fondamentaux de l'homme. Pourtant ces pays produisent ce que nous importons. Parmi ces droits fondamentaux relatifs au travail, nous retrouvons la liberté d'association, la reconnaissance effective du droit de négociation collective, l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire, l'abolition du travail des enfants, l'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession et un environnement de travail sûr et salubre.

57 % des travailleurs exerçant dans les pays les moins avancés (PMA) se trouvent ainsi en situation d’extrême pauvreté et gagnent moins d’1,9 dollar par jour (OIT, 2022). Ces conditions de travail dangereuses ont entraîné 2 millions de décès en 2016 dans le monde entier. Les causes mises en avant sont : de longues heures de travail, l'exposition aux pollutions atmosphériques (gaz, fumées), aux agents cancérogènes ou toxiques, ou encore à la présence de bruit (OMS/OIT, 2021).

Aujourd'hui, 61 % de la main-d'œuvre mondiale, soit 2 milliards de travailleurs, occupent un emploi informel (AFD, 2019), en dehors du cadre légal imposé aux employeurs. Cela signifie que ces personnes ne bénéficient pas de protection sociale, peuvent être licenciées à tout moment, ne sont pas rémunérées, travaillent des heures excessives et évoluent dans un environnement de travail dangereux.

152 millions d’enfants seraient encore aujourd’hui contraints de travailler dans le monde, dont 73 millions cantonnés à des tâches dangereuses (AFD, 2019). On compte par exemple 40 000 enfants travaillant dans les mines de cobalt en République démocratique du Congo (Unicef, 2020), un métal utilisé dans les batteries de nos smartphones. Au-delà de la mise en danger, ce travail prive les enfants d’une éducation et des opportunités d’atteindre une vie décente une fois adulte. 7 travailleurs forcés sur huit est un adulte. Les femmes et les enfants restent les plus vulnérables face au travail forcé.

Ces dérives interviennent dans un contexte où l’objectif reste encore souvent de produire à bas prix, pour vendre moins cher. La rémunération des fournisseurs et intermédiaires en pâtit alors. Ce travail forcé est majoritairement présent dans le secteur informel, non protégé et donc plus sensible aux dérives, mais on le retrouve également dans le secteur formel. On observe des différences de l’utilisation du travail forcé en fonction du secteur (formel ou informel), domaine d’activités, localisation…

Dans la Région Asie pacifique, le travail forcé se manifeste essentiellement dans l’activité agricole, mais aussi dans les services domestiques, les rizeries, le tissage de tapis. En Europe, le travail forcé se reflète davantage dans le secteur informel : les soins, le bâtiment, l’agriculture et l’industrie du nettoyage.

Quel est l'impact de la consommation sur la santé ?

Nos choix de consommation ont un impact direct sur la santé des travailleurs qui produisent les biens que nous utilisons, mais aussi sur notre propre santé en tant que consommateurs. Les industries chimiques utilisent souvent des substances toxiques, mettant en danger la santé des travailleurs et polluant l'environnement. Les consommateurs, souvent ignorants de la composition réelle des produits, sont exposés à des risques pour leur santé. Par exemple, certains laits hydratants et produits de maquillage contiennent des substances chimiques (aluminium powder, BHA, BHT) cancérigènes, allergènes, comédogènes et des perturbateurs endocriniens, pouvant affecter négativement le système hormonal ou reproductif.

En parallèle, les consommateurs semblent attendre plus de transparence des marques, car 80 % souhaiteraient connaître l'impact des produits (notamment cosmétiques et entretien) sur leur santé (Greenflex/ADEME, 2023).

De plus, la consommation moderne est souvent associée à des choix alimentaires rapides et malsains, ayant un impact direct sur la santé des consommateurs. Les régimes riches en sucres, en graisses saturées et en aditifs chimiques sont devenus monnaie courante, contribuant à l'épidémie mondiale d'obésité, de maladies cardiovasculaires et de diabète.

La production de ces biens, et leur consommation, engendrent également la pollution de l'air en utilisant des ressources énergétiques non-renouvelables. En France, près de 100 000 décès par an seraient liés aux particules fines issues de la combustion des énergies fossiles (Harvard, 2021).

En contribuant au réchauffement climatique, les gaz à effet de serre induits par notre système de production et de consommation impactent également notre santé. La hausse des températures provoque en effet des vagues de chaleur affectant les plus vulnérables, elle favorise également la propagation des maladies et intensifie les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les inondations, les sécheresses, les tempêtes. Ainsi, on considère aujourd’hui que plus de 100 000 décès par an dans le monde peuvent être imputés au changement climatique. Près de 250 000 décès supplémentaires sont attendus chaque année entre 2030 et 2050 (OMS, 2023).

Au-delà des impacts sociaux directs, des conséquences psychologiques

Nos sociétés sont imprégnées d'une culture de la consommation qui influence nos choix, nos aspirations et notre identité. Bien que la consommation puisse apporter satisfaction et confort, elle a également un impact profond sur le bien-être psychologique.

Et pour cause, on constate en premier lieu un phénomène de satisfaction éphémère. En effet, la consommation peut apporter une satisfaction temporaire. L'achat d'un nouveau produit, la possession de biens convoités ou l'expérience d'un service haut de gamme peuvent déclencher des sentiments de bonheur et d'accomplissement. Cependant, cette satisfaction ne dure généralement pas et est vite remplacée par de nouveaux désirs, de nouvelles aspirations. C’est l’effet d’adaptation, qui atténue rapidement le plaisir initial lié à la nouveauté.

De plus, la publicité et la culture de la consommation alimentent souvent l'idée que la possession de biens matériels est synonyme de bonheur et de succès, qu’elle peut avoir une signification sociale. Cette quête infinie du bonheur matériel peut entraîner une pression constante pour acquérir de nouveaux objets, suivre les dernières tendances et maintenir une image extérieure de réussite. Cela crée un cercle vicieux où la satisfaction personnelle dépend de la possession continue de biens, alimentant ainsi une spirale de consommation compulsive. Ainsi, 47 % des Français changent de téléviseur alors même qu’il est encore utilisable (Baromètre du Numérique, 2022). On parle alors d’obsolescence psychologique.

Pour résumer...

Les choix de consommation impactent les populations et les consommateurs de manière significative. Nous devons avant tout prendre conscience de ces impacts pour ensuite adapter notre consommation. Nous pouvons également nous questionner sur certaines normes sociales qui peuvent influencer notre acte d’achat.

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