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Biodiversité ou changement climatique faut-il choisir ?

La Convention pour la Diversité Biologique des Nations-Unies estime que la Terre est au début de la sixième « extinction de masse », la première attribuée à l'Homme : 1 million d’espèces sont déjà menacées d'extinction*. 

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En parallèle, le GIEC** alerte de nouveau sur le fait que les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines ont réchauffé le climat à un rythme sans précédent : la température de la surface du globe s’est élevée d’1,1 °C par rapport à la période pré-industrielle et le seuil de réchauffement de 1,5 °C devrait être atteint dans le début des années 2030. Avec des conséquences graves, parfois irréversibles, sur les écosystèmes et populations.  

Ces doubles crises du climat et de la biodiversité, qui chacune menacent la survie humaine, sont intrinsèquement liées. Le changement climatique fait en effet lui-même partie des causes, toutes liées à l’activité humaine, de l’effondrement de la biodiversité. 

Les causes de l'effondrement de la biodiversité

  • Les changements d’usages des espaces terrestres et marins (dont la déforestation, l’artificialisation des sols…), dus entre autres à l’urbanisation et à l’agriculture intensive. Cela entraîne la destruction et la fragmentation des habitats naturels, et constitue actuellement la première cause de perte de biodiversité ; 
  • La surexploitation des espèces animales et végétales (via la pêche, les exploitations forestières…) ; 
  • La pollution (chimique, physique, lumineuse, sonore) ; 
  • Les importations d’espèces envahissantes et de maladies ; 
  • À tous ces facteurs s’ajoute le changement climatique, qui selon le GIEC, « a causé des dommages considérables, et de plus en plus de pertes irréversibles, dans les écosystèmes terrestres, d’eau douce, côtiers et océaniques. »

Si ces crises s’amplifient mutuellement, elles se résolvent conjointement. Ainsi, les actions délétères pour la biodiversité, comme la déforestation, le sont tout autant pour le climat. À l’inverse, les initiatives visant à préserver et à restaurer la biodiversité ont un impact favorable sur la lutte contre le changement climatique. 

Un enjeu critique réside donc dans l’identification des activités économiques qui contribuent positivement à la protection de la biodiversité et à la protection du climat, et à s’assurer de leur financement pour permettre leur essor rapide dans la prochaine décennie. 

C’est l’un des objectifs essentiels de la taxonomie européenne des activités durables.

Le règlement « Taxonomie », adopté en juin 2020 par l’Union européenne, crée une classification des activités économiques selon leur potentiel de contribution aux 6 objectifs environnementaux de l’UE :  

  • Atténuation du changement climatique
  • Adaptation au changement climatique
  • Protection et utilisation durable des ressources hydriques et marines
  • Transition vers une économie circulaire
  • Prévention et contrôle de la pollution
  • Protection et restauration de la biodiversité des écosystèmes et impose aux entreprises ‑ et aux investisseurs ‑ d’identifier au sein de leur portefeuille d’activités celles qui correspondent à cette classification et d’indiquer la part qu’elles représentent dans leur activité globale. 

Les activités contribuant positivement à la protection de la biodiversité et du climat

Les sujets du changement climatique et de la perte de biodiversité étant étroitement liés, de nombreuses activités sont à la croisée des deux thématiques. À titre d’exemples nous pouvons citer la promotion du réemploi et de la circularité ; les matériaux de construction alternatifs durables ; l’alimentation végétale…

Certaines éco-activités concernent quant à elles, plus spécifiquement, la préservation et la restauration de la biodiversité comme l’agriculture régénérative, l’agroforesterie.

Certaines éco-activités, dont l’utilité dans la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle globale est avérée, peuvent avoir un impact négatif sur la biodiversité au niveau local.  

Bon à savoir

Ces activités qui concourent à limiter le changement climatique, mais peuvent en contrepartie nuire à la biodiversité. 

Il est donc indispensable de regarder au-delà de l’activité elle-même et de comprendre comment elle est déployée au regard des autres enjeux (principe DNSH « Do not Significant Harm » intégré au règlement taxonomie de l’Union Européenne).  

Quelle approche adopter à l’égard des entreprises en transition ?

Certaines entreprises, dont l’activité peut ; selon les pratiques ; fortement impacter le climat et la biodiversité, peuvent également apporter des solutions : l’agriculture, la sylviculture ou encore les services aux collectivités, ce qui nécessite de ne pas avoir une vision brutale ou manichéenne de ces acteurs.  

En tant qu’investisseur, notre rôle va être d’utiliser tout l’arsenal à disposition pour aider ces entreprises dans la transition : 

  • à travers des politiques d’exclusion ; 
  • à travers l’allocation de nos investissements ; 
  • à travers l’engagement actionnarial et l’engagement collaboratif.  

En ce qui concerne la biodiversité, il n’existe pour le moment pas de synthèse globale de l’empreinte d’une entreprise, comme cela existe déjà pour l’empreinte carbone. En revanche, des données sont disponibles dans des domaines particuliers, comme l’impact sur la déforestation ou l’usage de plastiques, ce qui permet de faire de l’engagement sur ces points précis. 

La Banque Postale engagée

La Banque Postale s’appuie sur une « charte de financement responsable » encadrant l’activité d’octroi de crédits, excluant les acteurs associés à la déforestation et travaille activement sur la définition d’une série de mesures combinant des stratégies d’engagement et d’exclusion des entreprises actives dans les secteurs exposés à l’exploitation du café, du soja, du bœuf et ses coproduits, du bois et ses produits dérivés, de l’huile de palme, du cacao, du caoutchouc. La Banque Postale fait ainsi le choix de devancer la loi européenne, qui pour l’instant ne s’applique pas aux institutions financières, et ainsi de contribuer à la réduction de l’empreinte de l’Union européenne sur la nature, estimée actuellement à 16 % de la destruction des forêts. 

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*Source : The Global Assessment Report on Biodiversity & Ecosystem Services, 2019. 
**Source : GIEC AR6.