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Assurance vie pour les enfants : le capital est-il disponible ?

Outil d’épargne tout terrain, l’assurance vie est aussi utilisée pour constituer un capital financier destiné à ses enfants. Selon la solution choisie - contrat au nom des parents ou contrat au nom de l’enfant - la question de la disponibilité sera traitée différemment. Le point sur cette question.

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Les raisons de choisir l’assurance vie

Lorsqu’elle est combinée à un pacte adjoint, on dit de cette enveloppe qu’elle est intergénérationnelle. Et pour cause, l’assurance vie permet d’épargner ou de transmettre un capital à ses proches (enfants, petits-enfants), avec un panel financier varié (fonds en euros, unités de compte pour investir sur les marchés financiers, etc.), le tout dans un cadre fiscal spécifique.

C’est aussi un outil très souple, puisque les montants n’y sont pas plafonnés. Cela permet d’y placer des sommes importantes (donations, héritages, capitaux décès, etc.) reçues par un enfant mineur. Ajoutons que l’assurance vie est facilement accessible, seul un versement minimal est exigé par certains assureurs lors de la conclusion du contrat (généralement de 100 à 1000 €).

À noter

Les montants investis sur des supports en unités de compte ne sont pas garantis mais sont sujets à des fluctuations à la hausse ou à la baisse dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers, d’où un risque de perte en capital.

Quid de la disponibilité de l’épargne ?

Partant de là, pour un placement de moyen-long terme, l’assurance vie est la solution idoine pour l’épargne des mineurs. Mais parents comme grands-parents peuvent s’interroger sur un point sensible : la disponibilité des fonds pour l’enfant mineur. La problématique est double. Un, est-il possible de récupérer l’épargne en cas de besoin ? Deux, comment éviter que le capital ne soit dilapidé une fois l’enfant devenu majeur ? En pratique, il faut distinguer deux cas de figure : soit les parents ont souscrit un contrat et y désignent leur enfant bénéficiaire en cas de décès, soit ils ont ouvert un contrat au nom de l’enfant.

Quand le contrat est souscrit par les parents

C’est assez simple : un parent (ou les deux) souscrit une assurance vie, désigne son ou ses enfants comme bénéficiaires du capital s’il venait à décéder. L’idée est ici de transmettre en cas de décès un capital financier à son (ses) enfant(s), capital dont le montant variera en fonction des versements effectués et de leur valorisation. Des grands-parents peuvent raisonner de manière identique, en désignant leur(s) petit-enfant(s) comme bénéficiaire(s) en cas de décès.

Avec cette solution, l’épargne reste complètement disponible à tout moment pour les parents ou grands-parents(1). Ils conservent aussi la liberté de modifier la clause bénéficiaire en cas de décès à tout instant(2), s’ils estiment par exemple que l’enfant n’aura finalement pas besoin de recevoir ce capital financier. Enfin, point important, en cas de décès, le capital reviendra au bénéficiaire avec une fiscalité spécifique en fonction de l’âge de l’assuré à la date des versements :

  • les sommes provenant de primes versées alors que l’assuré était âgé de moins de 70 ans bénéficient d’une exonération de 152 500 € par bénéficiaire ; pour les 700 000 € suivants, elles sont taxées à 20 % puis au-delà à 31,25 %.
  • les sommes versées alors que l’assuré était âgé de plus de 70 ans sont imposées au barème des droits de succession pour la fraction des primes supérieure à 30 500 €.

Un bémol à cette solution : l’enfant bénéficiaire ne disposera de ce capital qu’au décès du souscripteur (parent ou grand-parent). Nul ne connaissant l’heure de sa mort, il est impossible de dire quand l’enfant disposera des fonds.

Quand le contrat est souscrit au nom de l’enfant

Cette fois, le titulaire du contrat est l’enfant mineur. Pour ce faire, l’accord et la signature des représentants légaux, généralement ses parents, est obligatoire, même si les sommes versées sur le contrat proviennent de tiers, tels les grands-parents(2). L’idée est alors de constituer une épargne au nom de l’enfant, par des présents d’usage ou des donations.

Avec cette solution, les représentants légaux - et seulement eux - conservent la possibilité d’effectuer des rachats sur le contrat de l’enfant jusqu’à sa majorité. Passé cet âge, l’enfant devient alors pleinement décisionnaire sur son contrat. Il pourra alors s’il le souhaite effectuer seul des rachats. Cette liberté est parfois vue comme un problème par les parents ou grands-parents, qui craignent que le capital ne soit consommé pour de mauvaises raisons. C’est un risque, qu’il ne faut toutefois pas surestimer. L’assurance vie doit prendre sa place dans la construction du patrimoine de l’enfant, avec la possibilité d’y recourir pour financer des projets onéreux comme les études supérieures. Pour l’argent de poche, les livrets d’épargne feront l’affaire.

À noter enfin, que le mineur ne peut pas rédiger de clause bénéficiaire... En effet, la clause bénéficiaire, pour un contrat souscrit par un mineur, en cas de décès sera obligatoirement « mes héritiers légaux ». À sa majorité, il pourra décider d’en modifier les termes.

De l'utilité pacte adjoint

Il est possible pour les parents comme les grands-parents de combiner donation et assurance vie. En pratique, ils effectuent un don manuel ou notarié pour l’enfant en l’accompagnant d’un pacte adjoint comportant une clause de remploi. Aux termes de cette clause, il sera obligatoire de placer la somme donnée dans un contrat d’assurance vie, que les parents (ou grands-parents) auront préalablement choisi. La clause peut aussi préciser la durée d’indisponibilité des fonds pour l’enfant (ou le petit-enfant), qui ne pourra pas dépasser ses 25 ans. Cette formule, souvent appelée intergénérationnelle, cumule deux avantages fiscaux, ceux liés à la donation (abattement de 31 865 euros renouvelables tous les 15 ans pour les dons familiaux de sommes d’argent, article 790 G du CGI,) et ceux de l’assurance vie (rachats peu imposés à la sortie du contrat s’il a plus de 8 ans d’âge). Pour les parents ou grands-parents qui préfèrent recourir à une donation devant notaire, toutes les clauses du pacte adjoint doivent impérativement être précisées dans l’acte notarié de donation.

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(1) Sauf en cas de mise en garantie du contrat (délégation de créance, nantissement) ou d’acceptation par le bénéficiaire de la désignation faite à son profit.
(2) Les conditions de souscription varient selon le régime de représentation. Aussi, si le mineur est soumis à l’administration légale d’un seul parent, l’administrateur unique souscrit seul le contrat d’assurance vie au nom de son enfant, l’autorisation du Juge des contentieux de la protection (nouvelle appellation du juge des tutelles depuis 2020) n’étant pas requise, ce qui était systématiquement le cas avant dans le régime de l’administration légale sous contrôle judiciaire. Seuls certains actes particulièrement graves nécessiteront encore son autorisation.