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Pour une mode responsable

4 milliards de tonnes équivalent CO₂ par an ? Ce sont les émissions générées par l’industrie textile (ADEME, 2022). En 2050, le secteur textile pourrait même émettre 26 % des émissions globales de gaz à effet de serre si les tendances actuelles de consommation se poursuivent. Au-delà de l’impact environnemental, il existe également un impact social lié notamment aux conditions de travail des ouvriers sur la chaîne de production.

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Or en moyenne, une personne achète 40 % de vêtements en plus qu’il y a 15 ans et les conserve moitié moins longtemps… (ADEME, 2022). Un emballement qu’il est nécessaire de freiner, tant pour l’environnement que pour les communautés, et aussi pour soi-même. Alors comment rendre le secteur de la mode plus responsable ? Quelles bonnes pratiques adopter en tant que consommateur ?

Pourquoi aller vers une mode plus responsable ?

100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde. Leur production a plus que doublé depuis les années 2000. Entre la production des matières premières (polyester, coton, laine, viscose, lyocell…), la fabrication des vêtements, leur transport, leur utilisation puis la gestion des déchets, les impacts environnementaux et sociaux sont conséquents !

L'industrie de la mode est l'une des industries les plus gourmandes en ressources naturelles, notamment en eau, en énergie et en matières premières (par exemple le coton). Les processus de teinture et de finition des textiles entraînent souvent la pollution de l'eau avec des produits chimiques toxiques, et la surproduction de vêtements crée de fait d'énormes quantités de déchets textiles difficiles à éliminer.

La « fast fashion » (mode rapide) encourage la culture de l'obsolescence rapide en proposant des collections et des tendances très fréquemment ainsi qu’en incitant les consommateurs à acheter souvent de nouveaux vêtements plutôt que de les conserver et de les réutiliser.

La mode génère aussi des impacts sociaux. Les travailleurs de cette industrie, en particulier dans les pays en développement, sont souvent soumis à des conditions de travail précaires, des heures excessives et des salaires bas. Au Bangladesh - deuxième fournisseur de l’Union européenne en habillement en 2022 - le salaire en usine de textile est en moyenne de 70 ­€ par mois. Certains ateliers clandestins et usines de confection exploitent illégalement des travailleurs, les exposant à des abus et à des conditions inhumaines. Par exemple, on compte 1,5 million de travailleurs du coton victimes chaque année d’intoxications graves car ils sont exposés sur le long terme à des poussières nocives (OMS). Enfin, les femmes représentent une grande partie de la main-d'œuvre de l'industrie de la mode et sont souvent désavantagées en termes de salaire et de statut. Ces dérives sont dues aux pressions exercées sur les prix de production, afin de réduire au maximum les prix de vente. Pour cela, les enseignes de prêt-à-porter ont tendance à se livrer à des pratiques d’achat déloyales auprès de ces fournisseurs tels que des annulations de commande ou des refus de paiement.

L'industrie de la mode est aussi critiquée pour son impact sur la souffrance des animaux en utilisant des matières premières d'origine animale, comme la fourrure et le cuir, parfois d’animaux exotiques.

La mode responsable, ou « mode durable », « éthique », est ainsi une réponse à tous ces enjeux sociaux, environnementaux, de sur-production et de sur-consommation. Ce mouvement vise à transformer l'industrie de la mode en minimisant ses impacts et en promouvant des pratiques sociales et éthiques tout au long de la chaîne de production, d'approvisionnement et de distribution.

Quelles actions pour rendre la mode plus responsable ?

Heureusement, les consommateurs se montrent de plus en plus conscients de ces problématiques et cherchent des alternatives plus respectueuses de l'environnement et des droits de l’humain. Les Français seraient à ce titre 82 % à faire de la durabilité un choix de critère prépondérant au moment de l’achat de leurs vêtements (OpinionWay / Marques Avenue, 2022).

Alors comment agir pour une mode plus responsable en tant que consommateur ? Tout d’abord, privilégier l’achat d’un vêtement responsable permet de s’assurer de l'utilisation de matériaux durables, recyclés ou d'origine biologique. Cela réduit la dépendance aux matières premières non renouvelables, comme le pétrole car les textiles de synthèse sont issus de la pétrochimie, en favorisant le coton biologique, le lin, le chanvre, le Tencel, et d'autres fibres naturelles. Transparence et traçabilité sont les maîtres mots ! Les marques responsables vont également chercher à rendre leur chaîne d'approvisionnement transparente, permettant aux consommateurs de savoir d'où proviennent les matériaux et comment et où les vêtements sont fabriqués. Pour choisir ces produits responsables, de nombreux labels existent comme Oeko Tex, GOTS, Fairtrade...

Les conditions de travail doivent aussi être équitables : la mode responsable prend en compte les droits des travailleurs tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Cela signifie des salaires justes, des heures de travail raisonnables et des conditions de travail sécurisées. Les pratiques de production doivent être responsables et donc inclure l'utilisation de teintures et de procédés de fabrication respectueux de l'environnement et de la santé des travailleurs, ainsi que la réduction de la consommation d'eau et d'énergie.

Une marque de mode responsable s'efforce aussi de réduire les déchets à toutes les étapes, de la conception à la distribution. Cela peut se faire par la réduction des emballages, la réutilisation de matériaux et la promotion de l'upcycling (transformation de vêtements ou de tissus en quelque chose de nouveau). Sans oublier l’encouragement à la fabrication de vêtements de qualité qui durent plus longtemps, et même proposer des services de réparation des vêtements aux clients.

En cela, la mode responsable encourage l'innovation dans la conception de vêtements et de nombreuses marques explorent de nouvelles techniques et matériaux pour créer des pièces uniques et tendances, c’est le cas par exemple des marques remplaçant le cuir animal par du cuir végétal. Gardez en tête que la seconde main et la location sont des modèles plus vertueux, à travers l'achat de vêtements d'occasion et la location de vêtements, réduisant la demande de production de nouveaux articles.

Les Nouveaux Modèles : Noémie et sa friperie en ligne

Noémie a créé sa propre friperie en ligne !
Elle milite pour une mode plus responsable promouvant l'égalité des sexes et luttant contre le racisme. Elle rêve que cette mode reflète ce qu'il y a de plus beau en chacun de nous. Elle fait partie des nouveaux modèles !

Effet rebond et sobriété : aller plus loin dans sa consommation responsable de la mode

Combien de vêtements possédez-vous ? Combien en portez-vous réellement ? Pour aller plus loin dans votre consommation responsable de la mode vous pouvez être attentif à la quantité de vêtements possédés et réellement utilisés, votre manière d’en prendre et soin et sur la quantité achetée. Également, prenez le temps de vous renseigner sur les marques consommées, en étant au fait de leurs pratiques et de leurs impacts par exemple. Une forme de sobriété est donc nécessaire.

Attention cependant, il faut être vigilant sur ce que l’on nomme l’“effet rebond” dans la consommation responsable liée à la mode. Il s’agit d’une forme d’effet pervers : lorsqu’une solution pour réduire un impact est trouvée, celle-ci peut être effacée par la massification de l’utilisation de cette solution.

Si l’on prend l’exemple de la seconde main, le principe est louable, mais seulement si le but reste la sobriété. La seconde main provoque un effet rebond lorsqu'elle ne fait que se calquer à la vente neuve. Ainsi, elle a tendance à déculpabiliser le consommateur qui considère qu’acheter un vêtement neuf n’aura pas d’impact tant qu’il est revendu par la suite sur une plateforme de seconde main. Or le but est de réduire la quantité de vêtements en amont, et cela passe d’abord par une réduction drastique des achats. La seconde main doit idéalement être un circuit quasi fermé, et non un parallèle à l'achat neuf.

En tant que consommateur, nos habitudes de consommation de mode doivent donc être questionnées, il est nécessaire d’acheter moins de vêtements, mais d’en acheter “mieux”, donc de meilleure qualité, durable, qui si possible restent plutôt intemporels (et donc perdureront sur une période plus longue sans être passés de mode). 

Pour résumer...

Repenser sa consommation de vêtements signifie aussi repenser son lien à l’apparence, aux tendances, son rapport à l’image et à ce que notre consommation dit de nous.

Il s’agit également de penser au respect du textile : prendre soin de ses affaires est le premier pas vers la durabilité. Cela témoigne aussi d’un changement de paradigme important au sein du milieu de la mode, et surtout de la fast fashion : un vêtement à bas prix et de mauvaise qualité a malheureusement un coût environnemental et humain. Repenser le vrai prix des choses constitue un enjeu central dans la transition vers une mode responsable.

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