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Economie et marchés : analyse

La phase de resserrement monétaire s’achève. Si l’inflation a globalement décéléré, elle reste encore au-dessus des cibles des banques centrales. Il faudra donc attendre quelques mois avant que ne s’amorce une détente des taux, le temps que les signaux de ralentissement de l’activité soient confirmés.

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La phase de resserrement monétaire, qui s’est amorcée fin 2021, semble toucher à sa fin. Déjouant quelque peu les pronostics des investisseurs, la BCE a encore relevé ses taux directeurs en septembre (à 4,5 % pour le taux de refinancement). Mais Christine Lagarde a laissé entendre qu’il pourrait s’agir de la dernière hausse, sauf évidemment développement inattendu des indicateurs économiques. De son côté, la Fed a opté pour un statu quo en septembre. Ses membres anticipent une hausse supplémentaire d’ici la fin de l’année mais les investisseurs en doutent. Le point terminal est de toutes les façons proche. Il reste que, contrairement à ce qu’anticipaient les investisseurs il y a encore quelques mois, les banques centrales ne vont pas baisser rapidement la garde. L’inflation a certes décéléré mais elle demeure encore largement au-dessus des cibles des principales banques centrales (2 %).

La modération de l’inflation tient à plusieurs éléments. D’une manière générale les tensions sur les prix des produits de base, qui étaient apparues avec la guerre en Ukraine, se sont très largement atténuées. Par ailleurs, les effets de congestion, qui s’étaient manifestés dans de nombreux secteurs de l’économie lors de la reprise post Covid, ont quasiment disparu, comme l’illustre le retour des prix du transport maritime à leur niveau de 2019. Les hausses des salaires sont aussi un peu moins vives outre-Atlantique et sont probablement proches de leur pic en zone euro. Aux Etats-Unis, l’inflation est ainsi revenue à 3,7 % sur un an en août (pic à 9 % en juin 2022) et l’indice sous-jacent (hors produits alimentaires et énergie) à 4,3 %. Initiée par le reflux des prix de l’énergie, la décrue s’est progressivement transmise aux autres secteurs de l’économie. La hausse des loyers (indexés sur l’inflation passée) est un facteur de résistance mais elle devrait progressivement se tempérer. En zone euro, l’inflation a reflué à 4,3 % sur un an en septembre (pic à 10,6 % en octobre 2022). La baisse des prix de l’énergie s’amplifie, du fait notamment d’un effet de base marqué sur les prix de l’électricité et du gaz dans les pays où les tarifs avaient explosé à l’été 2022. L’augmentation des prix alimentaires se modère même si elle reste élevée. La remontée du prix du pétrole, passé d’environ 75 $ le baril fin juin à 95 $ fin septembre crée cependant une incertitude, aussi bien sur la dynamique des prix que pour l’activité, d’autant qu’elle s’explique par une réduction de l’offre des pays producteurs, notamment de l’Arabie Saoudite et de la Russie.

Les indicateurs de climat des affaires se sont assombris durant l’été, notamment en zone euro. L’activité devrait donc rester très molle d’ici la fin de l’année, la hausse des taux d’intérêt pénalisant le crédit alors que le soutien budgétaire, qui a pris des formes variées depuis trois ans, est appelé à s’estomper. L’économie américaine s’est montrée résiliente jusqu’ici mais les ménages ont consommé la surépargne accumulée pendant le Covid et là aussi la contrainte budgétaire va réapparaître. La Chine a retrouvé un peu de vitalité à la fin de l’été mais le marché immobilier reste son talon d’Achille. Les autorités continuent à soutenir leur économie mais sans non plus y mettre une détermination à toute épreuve. Le Japon constitue un cas à part puisque la banque centrale maintient une politique monétaire accommodante, ce qui affaiblit le yen et favorise donc les exportations de produits japonais.

Les dernières semaines ont été marquées par une nette remontée des taux d’intérêt des emprunts d’Etat, notamment outre-Atlantique : le taux à 10 ans américain a ainsi augmenté d’environ 80 points de base (pb) entre fin juin et fin septembre (à 4,6 %). La hausse des taux européens a été un peu moindre (de l’ordre de 45 pb à 3,4 % pour l’OAT 10 ans). Mais les taux des pays les plus fragiles sur le plan financier ont augmenté davantage, notamment le taux italien qui a atteint un niveau très élevé (4,8 % fin septembre) ce qui va compliquer l’équation budgétaire. Dans ce contexte de forte remontée des taux, les Bourses se sont repliées durant l’été (-3,5 % pour le CAC 40 entre fin juin et fin septembre, à 7 135 points). La hausse du prix du pétrole a aussi joué, laissant craindre un freinage plus marqué de l’activité. L’indice de référence français affiche néanmoins encore une hausse de 10 % depuis le début de l’année.

Il est important de s’assurer régulièrement que sa stratégie d’investissement est toujours adaptée à ses besoins et ne nécessite pas certains ajustements.

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