Le PIB américain a ainsi dépassé son niveau d’avant crise dès le 2ème trimestre 2021, soutenu notamment par la consommation des ménages. La vigueur du rebond s’est traduite par une forte augmentation de l’inflation, qui a atteint 6,8 % sur un an en novembre, au plus haut depuis 40 ans. Ce renforcement de l’inflation tient d’abord au renchérissement des prix de l’énergie. Mais des phénomènes de pénurie ont aussi entrainé une très forte hausse des prix de certains produits comme ceux des voitures d’occasion. Par ailleurs, une accélération des salaires a paru récemment se dessiner au fur et à mesure que le taux de chômage américain se rapprochait de son point bas historique alors qu’en novembre 2,4 millions de personnes n’étaient pas revenues sur le marché du travail depuis le début de la crise.
D’une manière générale, le rebond simultané des économies après les contraintes sanitaires s’est traduit par de très fortes tensions sur les approvisionnements qui ont été renforcées par une certaine désorganisation des chaînes de production liée à la persistance de foyers épidémiques dans certains pays. Les prix des matières premières ont ainsi été très fortement orientés à la hausse, aussi bien pour les métaux que pour de nombreux produits alimentaires. En Europe, l’inélasticité de l’offre a conduit à une envolée du prix du gaz, qui s’est répercutée sur les prix de l’électricité. Symbolisant cet état de tension, les prix des semi-conducteurs ont très fortement augmenté jusqu’à l’été et le coût du transport maritime des conteneurs a été multiplié par cinq par rapport à son niveau de fin 2019.
Si elle est plus mesurée qu’outre-Atlantique, l’inflation en zone euro a augmenté courant 2021 pour atteindre 4,9 % sur un an en novembre. Cela tient d’abord à la fermeté des prix de l’énergie (+27,5 % sur un an). L’effet de base en Allemagne (normalisation du taux de TVA qui avait été abaissé au second semestre 2020 pour faire face à la crise) jouera encore jusqu’en décembre. Au stade de la production, la hausse des prix des biens de consommation est vive maintenant (+3,4 % sur un an en octobre).
En France, si les contraintes sanitaires avaient encore pesé sur l’activité en début d’année, une embellie économique est intervenue au printemps. Au total, la progression du PIB devrait avoisiner 6,7 % en moyenne en 2021 après un recul de 8 % en 2020. Ce redressement recouvre notamment un très fort ressaut de l’investissement des entreprises qui a plus qu’effacé le recul de 2020. Après avoir été de nouveau contrainte début 2021, la consommation des ménages s’est vivement redressée ensuite, sous l’effet en particulier de la reprise des dépenses de transport, dans les loisirs et en hôtellerie-restauration. Ces secteurs ont ainsi vu leur niveau d’activité se rapprocher du niveau d’avant crise, sans toutefois l’atteindre. C’est dans la construction automobile, soumise à d’importantes contraintes d’offre, et dans l’aéronautique, qui pâtit encore du report de commandes, où la production est la plus dégradée, en étant inférieure de près de 30 % au niveau qui prévalait fin 2019. Au 3ème trimestre 2021, sous l’effet du ressaut des créations nettes d’emplois, le taux de chômage est revenu à 8,1 %, soit son niveau du 4ème trimestre 2019. La hausse du revenu disponible en euros courants générée par le rebond de l’emploi a cependant quasiment été annihilée au 3ème trimestre 2021 par le surcroît d’inflation. Le taux d’épargne a donc nettement reculé mais à 17 % il restait encore plus élevé qu’avant crise (autour de 15 %). Les ménages français n’ont ainsi toujours pas puisé dans la surépargne accumulée depuis le début de la crise sanitaire. L’inflation s’est nettement accrue mais elle est restée pour l’instant relativement mesurée au regard de ce qui a été observé dans d’autres pays européens (2,8 % sur un an en décembre et moins de 2 % hors énergie et produits alimentaires).
La faiblesse des taux d’intérêt et le redressement spectaculaire des résultats financiers des entreprises cotées (+65 % attendu en 2021 pour les entreprises intégrées à l’indice européen Stoxx 600 après -30 % en 2020, +50 % pour celles de l’indice américain S&P 500 après -20 %) ont constitué un cocktail très favorable pour les Bourses. En fin d’année, les incertitudes soulevées par l’évolution de la situation sanitaire et par les conséquences sur l’orientation de la persistance d’une inflation élevée ont pesé temporairement sur les indices boursiers mais les investisseurs ont finalement fait le pari que l’impact du variant Omicron sur l’économie restera limité. Le CAC 40 termine ainsi l’année à 7 153 points, en hausse de 28,9 % sur un an. A noter qu’il avait dépassé début novembre son point haut historique du 4 septembre 2000 (6 922 points).
La Fed (la banque centrale américaine) a amorcé une réduction de ses achats d’actifs en novembre, qui s’accélérera début 2022, avant qu’elle n’entame une remontée de son taux directeur, aujourd’hui nul. De son côté, la BCE a poursuivi une politique monétaire très accommodante courant 2021. En décembre, elle a confirmé qu’elle arrêterait en mars 2022 ses achats d’actifs mis en place dans le cadre de son programme de soutien pour lutter contre les effets de la pandémie. Mais elle augmentera dans le même temps ses achats de titres dans le cadre de son programme traditionnel de sorte que les achats nets ne seraient réduits que très progressivement courant 2022 alors que la probabilité d’une hausse de ses taux directeurs cette année est faible.
A l’orée de l’année 2022 deux thématiques vont dominer l’actualité économique :
- D’abord bien sûr la situation sanitaire : la forte hausse du nombre de cas de Covid dans de nombreux pays, notamment en Europe, va-t-elle ou non affecter l’organisation de l’économie, au moins temporairement, ou une normalisation rapide va-t-elle intervenir après la déferlante Omicron ?
- Les tensions dans l’économie vont-elles s’apaiser avec la fin de la période de rattrapage dans beaucoup de pays et beaucoup de secteurs, ce qui faciliterait une modération des prix ou vont-elles perdurer encore plusieurs mois ? Dans la dernière hypothèse, les salaires vont-ils s’ajuster à la hausse, ce qui entretiendrait le processus inflationniste ou les ménages vont-ils perdre en pouvoir d’achat ce qui freinerait in fine la croissance ?
Il est important de s’assurer régulièrement que sa stratégie d’investissement est toujours adaptée à ses besoins et ne nécessite pas certains ajustements.
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