Le début de l’année 2022 a été marqué par une poussée de l’inflation que l’on n’avait pas connue depuis le début des années 1980 aux Etats‑Unis (+8,5 % sur un an en mars) et en Europe (+7,5 % sur un an en zone euro). Si elle a été initiée par la vigueur du rebond de l’économie mondiale et les goulets d’étranglement qui en ont résulté, l’inflation a changé de nature avec la guerre en Ukraine. Elle est entretenue désormais par un choc de prix des matières premières (pétrole, gaz, matières premières industrielles, produits alimentaires), exogène au cycle économique, qui s’apparente à ce que l’on avait observé au début des années 1970 avec le premier choc pétrolier.
Cependant, la grande différence avec cette époque est que les contrats de travail n’intègrent plus de clauses d’indexation automatique des salaires ni sur l’inflation passée (le cas du SMIC en France est une exception) et encore moins sur l’inflation à venir. Les ménages font donc face à une dégradation de leur pouvoir d’achat même si outre-Atlantique les tensions sur le marché du travail se sont traduites par une nette accélération des salaires depuis cet automne. Les indicateurs de confiance des ménages, qui retracent leur appréciation sur leur situation financière personnelle et leur sentiment sur l’évolution des prix passée et à venir, se sont fortement dégradés en mars en Europe mais aussi aux Etats-Unis. Le contraste entre ces indicateurs et le ressenti des entreprises sur le climat des affaires, qui est resté globalement assez favorable jusqu’en mars, est aujourd’hui marqué, ce qui est assez inusuel. Il est fort probable que la consommation des ménages ralentisse dans les mois à venir alors que la levée des dernières contraintes sanitaires courant février avait redynamisé le secteur des services.
Dans ce contexte de vigueur de l’inflation, les grandes banques centrales avaient commencé à changer de ton fin 2021-début 2022, en se disant prêtes à amorcer une normalisation de leur politique monétaire. Avec la guerre en Ukraine et les perturbations économiques qu’elle est susceptible d’entraîner, on aurait pu penser que les banques centrales tempèrent leur resserrement. Il n’en en a pas été ainsi car elles craignent une rupture des anticipations des agents économiques (des investisseurs, des ménages, des entreprises) en matière d’évolution des prix à moyen terme. Les banques centrales ont donc confirmé voire amplifier les projections de resserrement monétaire, surtout outre-Atlantique. La banque centrale américaine (la Fed) envisage pas moins de 7 hausses de taux directeurs de 25 points de base (pb) en 2022, peut-être un peu moins en cas d’un ou de plusieurs pas de 50pb, suivies de 3 hausses supplémentaires en 2023. Par ailleurs, elle interrompra ses achats d’actifs en mai et pourrait même commencer à réduire son bilan. La BCE s’est montrée plus mesurée jusqu’ici, considérant que l’inflation en zone euro était essentiellement alimentée par l’énergie, mais elle a finalement annoncé qu’elle interrompra ses achats d’actifs fin juin. Les investisseurs tablent pour l’instant sur deux hausses de l’un des ses taux directeurs au second semestre, le taux de la facilité de dépôt aujourd’hui négatif à -0,5 % ce qui l’amènerait vers zéro en fin d’année.
Dans ce contexte, les taux d’intérêt à long terme des emprunts d’Etat se sont nettement redressés depuis le début de l’année. Mi-avril, le taux à 10 ans américain oscillait autour de 2,80 %, plus très loin de son point haut de l’automne 2018 (environ 3 %). Les taux européens ont suivi ce mouvement haussier : encore légèrement négatif en décembre, le rendement de l’OAT 10 ans se situait autour de 1,30 % mi-avril.
Les anticipations de normalisation monétaire et la remontée des taux longs ont pesé sur les Bourses début 2022 après une année de progression très marquée en 2021. Avec le début de la guerre en Ukraine et le climat de forte incertitude qui en a découlé, les indices boursiers ont nettement reculé début mars. Ils se sont toutefois redressés en milieu de mois. Les investisseurs redoutaient en effet une rupture des approvisionnements énergétiques (pétrole et gaz) de l’Europe occidentale par la Russie qui n’a pas eu lieu pour l’instant.
Au total, le CAC 40 oscillait autour de 6 600 points mi-avril après avoir touché un point bas à 5 962 points le 8 mars. Il avait fini l’année 2021 un peu au-dessus de 7 000 points.
Il est important de s’assurer régulièrement que sa stratégie d’investissement est toujours adaptée à ses besoins et ne nécessite pas certains ajustements.
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