2022 fut une année très délicate pour les marchés, avec des baisses de plus de 15 % des marchés actions et obligataires. Il est très rare que les actifs risqués comme défensifs baissent en même temps. Dès février avec l’éclatement du conflit sur le sol européen et les sanctions imposées par l’Europe sur la Russie, le président Poutine a progressivement coupé le robinet du gaz au vieux continent. La hausse des prix de l’énergie en Europe, de l’ordre de 40 %, a dépassé le seuil historique des crises pétrolières des années 1970. Mais l’envolée des prix ne s’est pas cantonnée au secteur énergétique puisque l’inflation hors énergie et alimentation a également atteint un niveau jamais vu depuis les années 1980, à plus de 5 % des deux côtés de l’Atlantique. Face aux pressions inflationnistes, les banques centrales ont resserré leurs politiques monétaires avec une amplitude inconnue depuis les années 1970 : les taux d’intérêt directeurs ont été remontés de 4,25 % aux Etats-Unis et de 2,5 % en Zone Euro jusqu’à des niveaux jamais atteints depuis la crise financière globale en 2008. De plus, les banques centrales ont commencé à retirer de la liquidité après des années d’assouplissement quantitatif et le durcissement des conditions financières laisse planer l’ombre d’une récession qui devrait se profiler cet hiver en Zone Euro et courant 2023 aux Etats-Unis selon nous. Enfin, on a vu en 2022 une Chine étranglée par une politique Zéro-Covid très stricte, qui a entravé la relance de sa croissance économique.
Ce tableau assez sombre est cependant à nuancer car certains éléments ont commencé à s’améliorer en fin d’année. Les marchés financiers ont connu un léger rebond depuis la fin de l’automne et la situation géopolitique mondiale paraît stabilisée.
Premièrement, le pic d’inflation semble bien derrière nous puisque cette dernière a amorcé une baisse, depuis l’été pour les Etats-Unis et novembre pour la Zone Euro. Cela va permettre aux banques centrales de réduire le rythme des hausses de taux et aux ménages de retrouver un peu de pouvoir d’achat.
Deuxièmement, le choc énergétique en Europe est moins marqué qu’on pouvait le craindre et, associé aux aides budgétaires massives, limite l’ampleur de la récession cet hiver. Les prix du pétrole et surtout du gaz ont nettement baissé depuis leurs points hauts de l’été et, s’ils restent historiquement élevés, sont revenus sous leurs niveaux d’avant le début de l’invasion de l’Ukraine. Par ailleurs, les craintes de propagation du conflit russo-ukrainien à d’autres territoires ont diminué.
Troisièmement, les autorités chinoises assouplissent assez rapidement leur politique sanitaire et se focalise sur la stabilisation de l’économie (moindres contraintes sur l’immobilier, stabilisation du contexte règlementaire sur la technologie). Dans le même temps, les tensions sino-américaines restent élevées mais les présidents des deux pays ont clairement montré qu’ils ne souhaitaient pas un découplage abrupt de leurs économies. Si la croissance chinoise reste extrêmement faible au tournant de l’année, le risque d’un choc économique en provenance de la Chine s’est réduit.