Sur le plan de l’activité économique, le monde est marqué par une assez grande hétérogénéité. Aux Etats-Unis la croissance reste sur un rythme soutenu compris entre 2,5 et 3 % l’an, supérieur au potentiel de moyen terme. La consommation est demeurée dynamique, soutenue notamment par la progression du revenu et une baisse du taux d’épargne. En Chine, la croissance du PIB devrait être proche de la cible fixée début 2024 (5 %). Si elle peut paraître élevée au regard de celle observée dans d’autres pays, elle masque un ajustement très marqué du secteur de l’immobilier qui se poursuit. Les autorités chinoises ont annoncé des mesures de soutien en septembre, accompagnées par une réduction des taux directeurs de la banque centrale. En zone euro, la croissance est plus molle, autour de 1 % l’an. En outre, une assez grande disparité prévaut entre une Allemagne à l’arrêt et une économie espagnole qui bénéficie d’une croissance soutenue. L’activité industrielle en Europe est pénalisée globalement par des prix de l’énergie plus élevés qu’aux Etats-Unis et qu’en Asie, ce qui commence à affecter les choix de localisation des grands groupes industriels mondiaux avec des répercussions en matière d’emploi.
En France, la croissance économique est restée proche de son potentiel, avec un petit bonus au 3ème trimestre liée aux Jeux olympiques et paralympiques. Cependant les moteurs internes sont mous. La consommation a été étalé sur la première partie de l’année malgré le rebond du pouvoir d’achat des ménages. L’investissement des entreprises s’est un peu réduit, avec la hausse des coûts de financement, des perspectives de demande affaiblies et l’incertitude politique. Un point plus favorable est le début de stabilisation du marché immobilier grâce à une baisse des taux des crédits : le nombre de transactions ne baisse plus et le volume de crédits est reparti à la hausse même si la construction neuve est toujours à la peine. Point positif, le taux de chômage est bas, à l’aube de son évolution historique. Des signaux plus mitigés sont toutefois perceptibles ces derniers mois : des suppressions nettes d’emplois sont apparues à mi-année et les difficultés de recrutement s’atténuent, signalant de moindres embauches.
L’incertitude politique a influé sur le niveau des taux d’intérêt français à long terme. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, celui-ci s’est écarté par le haut du taux d’intérêt allemand. Le taux français est désormais supérieur au taux du Portugal et l’Espagne, deux pays qui étaient au cœur de la crise de la dette au cours des années 2010. C’est le signe d’une certaine inquiétude des investisseurs sur la trajectoire des finances publiques françaises à moyen-terme. Le niveau du taux français ne s’est cependant pas envolé car on est entré mi-2024 dans un cycle d’assouplissement monétaire dans beaucoup de pays. Une interrogation subsiste cependant pour les mois à venir : les mesures annoncées par Donald Trump lors de la campagne présidentielle outre-Atlantique (notamment la hausse des droits de douane), vont-elles freiner le recul de l’inflation et ainsi contraindre la banque centrale américaine à temporiser la baisse de son taux directeur ?
Les indices boursiers ont largement reflété en 2024 les écarts de performance économiques entre les deux rives de l’Atlantiques. Alors que les indices américains ont fortement augmenté, soutenus notamment en début d’année par les valeurs technologiques, les Bourses européennes, et plus particulièrement le CAC, ont évolué beaucoup moins favorablement.