Article

Conjoncture économique : Un mix croissance - inflation moins dégradé

Des perspectives plus favorables avec plus d’activités et un peu moins d’inflation. Retrouvez l’analyse de nos experts chez La Banque Postale Asset Management.

  • #investissements
Lecture 2 min

Les perspectives économiques s’améliorent nettement : la Zone Euro évite probablement la récession cet hiver, la Chine repart plus rapidement qu’anticipé, et surtout l’inflation a commencé à ralentir, en particulier aux États-Unis. Cela réduit les craintes de stagflation qui ont dominé en 2022. Cela dit, la croissance devrait rester faible, car les pressions inflationnistes tendancielles restent très élevées. Cela devrait pousser les banques centrales à maintenir des politiques restrictives plus longtemps.

Le pic d’inflation est passé et l’inflation pourrait baisser de moitié cette année. C’est rassurant, car cela limite les pressions sur le pouvoir d’achat des ménages et cela réduit le risque que les anticipations d’inflation se désancrent trop nettement vers le haut. L’inflation dans les pays développés a commencé à ralentir, terminant 2022 sous les 7 % après avoir atteint un plus haut depuis 40 ans mi-2022 à 8 %. La principale raison est la baisse des prix de l’énergie, qui sont un tiers sous leur niveau de mai dernier. Mais les prix des biens industriels ont également commencé à se calmer et baissent même aux États-Unis depuis 3 mois. Ils devraient continuer de ralentir grâce au rééquilibrage de la demande vers les services et la normalisation des chaînes de production. En l’absence de nouvelle flambée du prix des matières premières, l’inflation pourrait revenir vers les 3 % cette année, d’ici le milieu de l’année aux États-Unis et d’ici la fin de l’année en Europe.

Dans le même temps, la croissance résiste mieux qu’attendu en Europe et repart plus vite qu’anticipé en Chine. Cela améliore les perspectives globales même si la conjoncture pour les États-Unis reste incertaine.

Contrairement à ce qu’indiquaient les enquêtes, le PIB de la Zone Euro n’a pas baissé au 4ème trimestre. La légère hausse du PIB en France et en Espagne au T4 a compensé les baisses limitées en Allemagne et en Italie de telle sorte que la croissance de la zone à seulement ralenti de 0,3 % au T3 à 0,1 %. La baisse de la consommation a été limitée par les aides publiques et la solidité des marchés de l’emploi alors que les dépenses publiques et l’investissement des entreprises sont restés positifs. Le début d’année devrait rester difficile pour la Zone Euro, en partie en raison de la hausse des prix réglementés de l’énergie, mais les perspectives s’améliorent. Ainsi, l’indicateur PMI de confiance des entreprises est repassé en zone de croissance en janvier pour la première fois depuis mi-2022. L’amélioration des perspectives tient principalement au fait que le choc énergétique a été en grande partie absorbé par les États en 2022 et qu’il devrait être bien moins important en 2023 grâce à l’amélioration des équilibres sur les marchés du gaz et de l’électricité.

En Chine, les indicateurs PMI rebondissent fortement en janvier, en particulier dans le secteur des services, plus vite que nous l’anticipions. Le pic de la vague de Covid est passé et la réouverture a continué en marche forcée, permettant aux ménages chinois de recommencer à dépenser. D’autant plus qu’ils ont accumulé beaucoup d’épargne liquide après les confinements strictes des dernières années. Comme les politiques publiques sont redevenues favorables à la croissance et que les risques de découplage abrupt avec l’économie américaine ont baissé depuis la fin de l’année dernière, nous pensons que la croissance chinoise va réaccélérer nettement et repasser au-dessus de 5 % en 2023.

La conjoncture américaine est plus incertaine et nous continuons de penser qu’une légère récession courant 2023 est probable, même si cette récession pourrait intervenir plus tard et être moins marquée que nous le pensions précédemment. Après avoir rebondi après l’été, l’activité et surtout la consommation ont nettement ralenti en fin d’année dernière. Mais les chiffres d’emploi et la confiance dans le secteur des services ont fortement rebondi en janvier, et le taux de chômage a de nouveau baissé à son plus bas niveau depuis plus de 50 ans (à 4,3 %). Cela suggère que le ralentissement de l’économie américaine est bien plus graduel qu’on ne pouvait le croire fin 2022. Toutefois, l’économie reste en surchauffe, avec une demande totale 5 % au-dessus de sa tendance pré-Covid. C’est pourquoi nous continuons de penser que l’économie doit ralentir pour revenir vers un niveau plus soutenable.

Toutefois, les perspectives économiques restent compliquées pour les prochains mois dans un contexte où les banques centrales doivent rester focalisées sur les risques de persistance de l’inflation.

Si certains chocs de 2022 s’estompent (la faiblesse de la Chine, le choc énergétique…), ils n’ont pas totalement disparu. La guerre en Ukraine se poursuit, les tensions entre la Chine et les États‑Unis restent très élevées et le prix des matières premières pourraient remonter avec la reprise de la demande chinoise alors que l’offre reste contrainte. Et pour l’Europe, les aides budgétaires doivent être retirées, car le choc énergétique est plus réduit alors que les dettes publiques restent 15pt de PIB au-dessus de leur niveau pré-Covid et que les taux d’intérêts sont désormais clairement positifs.

Surtout, les pressions inflationnistes de moyen terme restent très élevées et n’ont pas commencé à baisser. Elles pourraient mettre du temps à se normaliser, surtout si l’économie résiste mieux qu’attendu. Aux États-Unis comme en Europe, l’inflation dans les services non volatiles a continué d’augmenter fin 2022 et les marchés de l’emploi restent très tendus. Les salaires ont commencé à ralentir aux États-Unis, probablement grâce à la diminution des frictions liées au rebond post‑Covid, mais ils restent bien plus élevés qu’au cours des 30 dernières années. Ils pourraient avoir du mal à ralentir suffisamment alors qu’il y a encore près de 2 emplois vacants par chômeur. En Zone Euro, les salaires continuent d’accélérer début 2023 et le taux de chômage reste à un plus bas historique (à 6,6 %). Au total, nous pensons toujours que l’inflation sous-jacente va rester au‑dessus des cibles des banques centrales au moins jusqu’en 2024.

Les banques centrales ont adopté des discours un peu moins durs début février, mais le cycle de hausse de taux n’est pas totalement terminé et, surtout, les taux devraient rester à des niveaux restrictifs jusqu’en 2024. La Fed comme la BCE ont indiqué que les risques inflationnistes avaient diminué, mais qu’il faudrait du temps pour que l’inflation revienne durablement vers sa cible. Nous anticipons que le taux directeur de la Fed va approcher 5 %, celui de la BCE dépasser 3 % d’ici le printemps avant de rester stable durant plusieurs trimestres. Par ailleurs, la BCE rejoint la Fed dans sa volonté de réduire la liquidité, qui devrait baisser de plus de 1000Mds d’Euros cette année. Ces politiques restrictives limiteront la croissance en 2023-2024. En particulier, les banques indiquent qu’elles durcissent fortement leurs conditions de crédit aux entreprises et aux ménages fin 2022, ce qui va peser sur la consommation et l’investissement cette année.

Articles associés

Solutions associées