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Assurance-vie : un outil de transmission de patrimoine à connaître

L’assurance-vie est un outil patrimonial intéressant pour gratifier des tiers qui n’ont droit à aucun abattement ou encore répartir son patrimoine entre ses différents héritiers. Explications.

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Assurance vie : un placement « hors succession »

Sur le plan civil, les capitaux décès d’un contrat d’assurance vie n’intègrent pas, en principe, la succession de l’assuré défunt et se trouvent donc exclus du calcul des droits de succession. Ainsi, ils ne sont pas concernés par la « réserve héréditaire » et le souscripteur peut répartir son épargne librement et favoriser des tiers qui ne font pas partie de ses héritiers légaux.

Cette possibilité d'avantager des tiers connaît néanmoins les limites instaurées par l'article L. 132-13 du Codes des assurances qui pose un garde-fou en introduisant la notion de « primes manifestement exagérées ». Non seulement les héritiers peuvent revendiquer les primes de ces contrats et réclamer qu'elles soient réintégrées dans l'actif successoral, mais l’administration fiscale peut aussi les requalifier en donations déguisées.

Distinguer les héritiers des bénéficiaires

Lors d’une succession, une part du patrimoine du défunt revient automatiquement à ses héritiers directs, conformément au Code civil. Il s'agit des héritiers réservataires. Ils reçoivent obligatoirement une part de l'héritage du défunt : c'est la réserve héréditaire. Ce sont les enfants du défunt et leurs descendants qui sont héritiers réservataires. Si le défunt n'a pas eu d'enfant, l'héritier réservataire est l'époux survivant, ce qui exclut le partenaire pacsé ou concubin.
Et les bénéficiaires, alors ? Ce terme désigne la ou les personnes qui percevront le capital du ou des contrats d’assurance vie souscrits par le défunt, lorsqu’elle(s) a (ont) été désignée(s) dans la clause bénéficiaire à la souscription du contrat d’assurance-vie. Ces bénéficiaire(s) peuvent donc être les héritiers du défunt ou des tiers (ami, parent éloigné, concubin, etc.).

Assurance vie : un placement « hors succession » mais pas toujours « hors fiscalité »

Sur le plan fiscal, ces mêmes capitaux bénéficient d’un régime spécifique variable dans la mesure où les avantages consentis à l’assurance-vie ont évolué au fil du temps, sans pour autant remettre en cause le régime des contrats souscrits antérieurement ou des primes versées avant l’entrée en vigueur des nouvelles lois.

La fiscalité applicable au capital décès est variable selon la date d’ouverture du contrat d’assurance vie (avant ou après le 20 novembre 1991), la date des versements (avant ou après le 12 octobre 1998) et l’âge de l’épargnant au moment des versements (avant ou après 70 ans) :

  • Avant 70 ans : les bénéficiaires d’une assurance vie alimentée avant les 70 ans de son détenteur pourront bénéficier d’un abattement de 152.500 euros sur le capital transmis, tous contrats confondus, avant d’être taxés à 20 % sur les 700 000 euros suivants (31,25 % au-delà). Avec quatre bénéficiaires différents, ce sont ainsi 610 000 euros qui seront transmis sans fiscalité. Ce prélèvement de 20 % est effectué directement par les organismes d’assurance. Le lieu de résidence du souscripteur au jour de l’adhésion au contrat est désormais sans incidence sur le régime fiscal du contrat d’assurance-vie, seuls comptent le lieu de résidence du souscripteur et des bénéficiaires au moment du décès.
  • Après 70 ans : sont imposables aux droits de succession les primes versées après 70 ans et supérieures à 30 500 € (contrats souscrits après le 20 novembre 1991). Pour apprécier ce seuil de 30 500 €, l'ensemble des contrats souscrits sur la tête d'un même assuré doivent être pris en compte.

À savoir:

Le conjoint survivant et le partenaire lié au défunt par un PACS sont exonérés de ce prélèvement de 20 %, comme pour les droits de succession lorsque le décès est survenu après le 22 août 2007.

Incontournable pour les non-héritiers

Le cadre fiscal de l’assurance vie au décès en fait un outil patrimonial intéressant pour transmettre un certain capital à des personnes non‑héritières du défunt (préalablement désignées), particulièrement taxées dans le cadre d’une succession.

Prenons l’exemple du couple en union libre. Pour le calcul des droits de succession, les concubins sont considérés comme n'ayant aucun lien entre eux. Le concubin survivant doit payer des droits au taux de 60 %, après un abattement.

300 000 euros transmis à un concubin par testament lui vaudront ainsi des droits à payer d’un montant de 179 044 euros. En passant par l’assurance vie, le capital transmis (par des versements avant 70 ans) bénéficiera d’un abattement de 152.500 euros et le reliquat sera taxé au prélèvement de 20 %. Soit un montant de droit à payer de 29.500 euros.

De l’importance de la clause bénéficiaire

Pourquoi rédiger une clause ?

Cette clause sert à désigner la ou les personnes à qui le capital sera versé en cas de décès de l’assuré. A noter que le capital accumulé sur l’assurance vie sera réintégré dans la succession en l’absence de désignation de bénéficiaire ou en cas de clause ambiguë ne permettant pas d'identifier les bénéficiaires. Le contrat ne bénéficiera donc plus des avantages fiscaux de l’assurance vie. Il sera alors soumis aux droits de succession et répartit entre les héritiers selon les règles de droit commun, privant ainsi la possibilité de privilégier un tiers ou d'améliorer la situation d'un héritier.

Comment rédiger la clause ?

De façon classique, tous les contrats contiennent une clause standardisée stipulant que le capital sera transmis à « Mon conjoint, à défaut par parts égales mes enfants nés ou à naître, à défaut de l’un décédé avant ou après l’adhésion pour sa part ses descendants, à défaut les survivants, à défaut mes héritiers ». Mais rien n’oblige à la suivre. Elle peut être personnalisée.

La liberté de désignation doit s’accompagner d’une précision maximale, afin d’éviter toute ambigüité au décès. Il faut toujours prévoir des bénéficiaires remplaçants par la formule « à défaut », signaler les enfants de ses enfants par la mention « vivants ou représentés », savoir que si l’on désigne « les héritiers », ces derniers toucheront les capitaux « en proportion de leurs parts héréditaires », etc.

Peut-on modifier la clause ?

En principe une clause bénéficiaire peut être modifiée à tout moment par le souscripteur. Il doit informer l’assureur de sa décision par l'envoi d’une simple lettre. Lorsque l'assureur reçoit la lettre, il établit un avenant qui modifie la clause bénéficiaire du contrat initial. D’où l’importance de s’y pencher dès que sa situation familiale, ses objectifs ou son patrimoine évoluent. A noter que le divorce n'entraîne pas automatiquement la remise en cause de l'ex-époux ou de l'ex-épouse comme bénéficiaire acceptant.

Toutefois, si le bénéficiaire a accepté le bénéfice par écrit, la modification n'est plus possible sans son acceptation. 

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