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Majeurs et mineurs protégés : quels placements privilégier ?

La gestion du patrimoine des personnes protégées par une mesure judiciaire - curatelle ou tutelle le plus souvent - est un exercice complexe. Le point sur l’essentiel.

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Une gestion prudente

Préalable à connaître, la gestion du patrimoine d’un mineur ou majeur protégé est fortement encadrée par le Code civil. Son article 496 impose une gestion « prudente, diligente et avisée » du patrimoine, « dans le seul intérêt de la personne protégée ». Cette gestion « en bon père de famille » incombe au tuteur ou représentant légal. La « prudence » n’impose pas la sécurité à tout prix. C’est pourquoi aucun placement, même reposant sur des actions, n’est interdit à priori.

Toute prise de risque sur le patrimoine doit toutefois être dosée et argumentée pour obtenir l’aval du juge du contentieux et de la protection (ex-juge des tutelles). Par « diligence », on entend une certaine réactivité face aux événements, et par « gestion avisée », le fait d’appuyer toute décision sur des avis qualifiés. Faire le point sur le régime de protection de la personne - tutelle ou curatelle le plus souvent - est aussi important, puisque des règles différentes vont s’appliquer selon les cas.

De l’utilité de l’assurance vie

Comment protéger le patrimoine d’une personne handicapée suite à un accident ? D’un mineur qui a perdu ses parents ? Quelles règles suivre pour vendre un bien immobilier, placer un héritage ? Faut-il investir uniquement dans les actifs les plus sûrs ? La question du placement adéquat et de la requête adressée au juge va se poser. Les livrets d’épargne bancaires sont la première réponse incontournable pour faire face aux dépenses courantes ou imprévues, notamment pour les majeurs protégés.

Ensuite, l’assurance vie est une solution financière particulièrement adaptée à ces situations. La raison ? Sa souplesse de fonctionnement, avec des versements et retraits libres, non plafonnés. Son cadre fiscal est aussi un élément favorable, puisque passé 8 ans de détention, la taxation sur les retraits est réduite (7,5 %, après un abattement annuel sur les intérêts de 4 600 euros pour une personne seule). Le fonds en euros garanti sera largement privilégié pour investir l’épargne, mais il est possible selon les situations (âge, objectif, etc.) d’incorporer une faible proportion d’unités de compte. 

Attention

Le recours à l’assurance vie obéit à des règles fixées par le Code des assurances. La signature du curateur sera ainsi obligatoire avec celle du majeur sous curatelle pour souscrire et gérer le contrat. Pour les majeurs sous tutelle, outre la signature du tuteur, l’autorisation du juge ou du conseil de famille s’il a été constitué, sera exigé par la compagnie d’assurances vie. 

Qu’est-ce que l’épargne handicap ?

Il s’agit d’une option lors de la souscription d’une assurance vie. Toute personne qui ne peut pas exercer une activité professionnelle dans des conditions normales de rentabilité peut y prétendre. Avec l’option épargne handicap, le souscripteur de l’assurance vie bénéficie d’une réduction d’impôt sur ses versements, égale à 25 % des primes versées dans la limite de 1 525 euros (soit 381,25 euros maximum de réduction). Les rendements attribués sur le fonds en euros sont exonérés des prélèvements sociaux à 17,20 %, sauf une part limitée à 0,50 %. À noter encore que l’assurance vie en mode épargne handicap ne remet pas en cause l’attribution d’aides sociales.

Pierre papier et fonds actions

La pierre papier s’avère une autre solution de gestion, y compris au sein d’une assurance vie. Il s’agit des SCPI (Sociétés civiles de placement immobilier) principalement, qui octroient un revenu annuel. La requête présentée au juge doit alors être très étayée, expliquant le niveau de risque sur la SCPI, les raisons d’y souscrire au regard du patrimoine global du majeur protégé, les incidences en cas de difficulté sur la SCPI, etc. Concernant les fonds d’investissement en actions ou obligataires (OPCVM), ce sera à voir selon les situations. Si le majeur protégé a déjà un patrimoine sécurisé, un mandat de gestion à faible volatilité pourra ainsi être proposé. Idem pour un jeune mineur.

Quel que soit le support, toute recommandation d’investissement remise par la Banque devra être en adéquation avec le profil du client.

Une alternative : le contrat de capitalisation

D’autres placements sont aussi accessibles aux majeurs protégés notamment. Citons le contrat de capitalisation, une alternative intéressante à l’assurance vie. Au décès, le capital sera cette fois inclus dans la succession. Cette solution peut rassurer le juge, évitant tout problème dans la rédaction de la clause bénéficiaire, par définition absente d’un contrat de capitalisation. Avec un contrat de capitalisation, le client profitera de la même souplesse de fonctionnement et des mêmes modalités d’investissement qu’avec une assurance vie. Et du même cadre fiscal en cas de retrait.

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