Rente viagère, mode d’emploi

Pour obtenir des revenus réguliers, il existe une solution clé en mains, celle de transformer un capital financier en… rente viagère. Avec l’allongement de la durée de la vie, cette solution méconnue prend tout son sens.

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Un revenu garanti et pérenne

La rente viagère est peu prisée des Français. Dommage, car elle répond avec efficacité à un besoin de revenus complémentaires pour sa retraite et ses vieux jours. Ses atouts ? D’abord, c’est un revenu pérenne, versé à vie. A comparer avec un investissement immobilier et son risque de non-location ou avec un placement financier, par exemple, l’assurance vie qui se vide à force d’y opérer des retraits. Autre atout : le montant du revenu versé est garanti contre toute baisse, pouvant même augmenter selon la revalorisation accordée par l’assureur gestionnaire. Enfin, la rente vous décharge de tout souci de gestion. Chaque mois ou trimestre selon la périodicité retenue, le revenu est versé sur votre compte bancaire.

La réversion en cas de décès

Les contreparties sont toutefois importantes. Votre capital n’est en effet plus récupérable. Et en cas de décès, tout est perdu. En pratique, des options permettent de contourner cet écueil, principalement celle dite de « réversion ». Au décès du rentier, la rente est « reversée » en totalité ou partiellement (par exemple, à hauteur de 60 %) à une personne désignée. De quoi protéger la personne avec qui l’on vit ou un enfant handicapé par exemple. D’autres options sont parfois proposées comme les annuités garanties, qui donnent la certitude que la rente sera versée pendant un temps donné (10 à 15 ans par exemple) à un bénéficiaire désigné en cas de décès.

Comment est calculée la rente ?

Entrent en ligne de compte votre âge, un taux technique (anticipation de revalorisation éventuellement incorporée dans le montant de la rente), les frais, et les options retenues en cas de décès. Approximativement, avec 100 000 euros de capital, on obtient une rente viagère annuelle de 4 900 euros à 65 ans, un montant porté à 7 400 euros pour une rente démarrée à 75 ans. Ces montants sont respectivement de 4 300 euros et 6 200 en prenant une option de réversion à 60% en cas de décès (personne du même âge).

Les modalités pratiques

Dans les faits, comment s’y prendre ? La sortie en rente est  possible en sortie d’un contrat d’assurance vie, d’un Plan d’épargne retraite (PER) ou des « anciens » produits retraite (Perp, Madelin, Préfon), d’un Plan d’épargne en actions (PEA) etc… La mécanique est simple : le capital présent sur le placement, ou une partie seulement de celui-ci, est transformée en un montant de rente par la compagnie d’assurances (seul organisme habilité à gérer des rentes viagères financières), selon divers critères de calcul (voir encadré). Point clé : lors de la transformation, le capital n’est pas fiscalisé, même s’il comprend des intérêts, plus-values ou autres produits.  Enfin, il existe des contrats de rente immédiate, avec versement d’une rente en échange d’un capital financier.

  • Connaissez-vous le viager immobilier ? Vous vendez votre bien immobilier contre une rente à vie. Il est possible de percevoir une partie en capital (10 à 30%), dit « bouquet ». A étudier si vous jugez que votre épargne est insuffisante pour vivre votre retraite.

Quelle imposition sur la rente ?

Le régime d’imposition applicable à la rente varie selon le type de produit dont elle est issue. Pour le PER, le régime d’imposition dépend également de l’origine des versements et, le cas échéant, du régime fiscal appliqué « à l’entrée » à ces versements. Par exemple, la rente issue des versements individuels volontaires ayant donné lieu à déduction des revenus sera soumise à l’impôt sur le revenu suivant le régime des pensions de retraite et rentes viagères à titre gratuit (barème progressif après application d’un  abattement de 10%) et pour une fraction, aux prélèvements sociaux. Dans ce cas, les versements sur le PER auront, « à l’entrée », été déduits du revenu imposable à l’impôt sur le revenu(1). Si la rente est issue d’un Plan d’épargne en actions (PEA) de plus de 5 ans, elle sera exonérée d’impôt sur le revenu mais une fraction de son montant sera toutefois soumise aux prélèvements sociaux. Pour les autres cas (assurance vie ou contrat de rente immédiate), la rente sera imposable au barème progressif de l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux sur une faction de son montant, calculée suivant un taux fixé selon l’âge du client lors de l’entrée en jouissance de la rente (voir tableau ci-dessous).

Age du rentier au jour du 1er versement de la rente Fraction de la rente imposable
Moins de 50 ans 70%
De 50 à 59 ans 50%
De 60 à 69 ans 40%
70 ans ou plus 30%

Exemple : vous percevez votre premier versement de rente à 64 ans. Alors, 40% de son montant sera soumis à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux (17,20% actuellement), ce qui ne variera pas même passé 70 ans.

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(1) Versements déductibles des revenus imposables pour le calcul de l’impôt sur le revenu dans les conditions et limites prévues par la réglementation.