France is back, un retour en force de la France ?

Entre la désindustrialisation du pays en marche depuis trente ans, des indicateurs de compétitivité qui se dégradent (creusement du déficit de la balance commerciale, recul des parts de marché à l’exportation par rapport à ses principaux voisins européens, etc.), et une hausse ininterrompue de l’endettement de l’Etat, quel observateur se hasarderait aujourd’hui à prédire un retour en force de la France ?

  • #placements financiers

Pourtant, chez Tocqueville Finance, nous sommes convaincus que la France a une carte à jouer dans un monde post-pandémie en pleine mutation et que le point de rupture est arrivé, à l’image de ce qui a pu se produire dans le Royaume-Uni de Margaret Thatcher dans les années 70 et dans l’Allemagne du chancelier Schröder au début des années 2000, les réformes « Hartz » du marché du travail, votées entre 2003 et 2005, ayant permis de renforcer l’avantage compétitif du pays en termes de production. A l’époque, ces pays paraissaient irréformables et pourtant ils y sont parvenus...

graphique des taux de chômage en zone euro

Evolution du taux de chômage en zone euro à partir des reformes Schröder en 2003

Source : Eurostat, jusqu'en janvier 2013

La France n’est plus irréformable !

En France aussi, les conditions sont aujourd’hui réunies pour opérer une telle rupture. Aboutissement d’un processus de longue durée, l’influence et le pouvoir de blocage des organisations syndicales ont été significativement réduits au cours des dernières années.

Graphique sur la comparaison de l'évolution de Classement mondial de la compétitivité de la France contre l'Allemagne

Une configuration favorable qui a permis la mise en œuvre de nombreuses mesures structurelles améliorant la compétitivité du pays dont entre autre :

  • le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) durant le quinquennat de François Hollande - dispositif qui a depuis été sanctuarisé ;
  • la baisse de l’imposition des entreprises, avec un taux d’impôt sur les sociétés qui va passer de 33% à 25% au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron ;
  • la réduction des impôts de production (dont le niveau, exprimé en pourcentage du PIB, est parmi les plus hauts d’Europe) ;
  • la suppression de la taxe d’habitation ;
  • la réduction de l’impôt sur le revenu... 

Ce sont près de 45 milliards de baisse d’impôt qui auront été concédées par le gouvernement français sur la période 2018/21 !

Les résultats de ce stimulus commençaient d’ores et déjà à être perceptibles en 2018 et 2019 avant que la crise sanitaire ne vienne remettre en cause cette tendance.

D’autres réformes d’ampleur, certes demeurent, pour renforcer davantage la compétitivité du pays à l’instar du durcissement de l’assurance-chômage et l’évolution du système des retraites avec un impact potentiellement considérable sur les futures performances économiques de l’Hexagone.

Une carte à jouer dans les pays émergents

La France devrait également tirer parti des mouvements qui s’opèrent hors de ses frontières. Ainsi, nous sommes convaincus que le mouvement actuel de démondialisation est favorable aux pays historiquement centralisés comme la France, plus à même de mobiliser rapidement et massivement des ressources significatives pour servir un objectif. Alors que la mondialisation et le multilatéralisme ont été plus favorables aux pays où un certain nombre de décisions peuvent être prises localement (synonyme d’initiatives individuelles libérées), un environnement diplomatique davantage conduit par l’unilatéralisme devrait être plus favorable aux organisations centralisées.

Autre élément de soutien : la transition actuellement à l’œuvre en Chine notamment. Dans la première phase de son réveil, cette dernière a privilégié les investissements de production, ce dont a largement profité l’Allemagne, une économie exportatrice qui détient une expertise historique sur les machines/outils de qualité. Mais la transformation en cours, avec l’émergence d’une véritable classe moyenne et une croissance davantage portée par la consommation des ménages, représente une opportunité commerciale significative pour certains leaders sectoriels français.

La France au centre de l’échiquier européen ?

La France a également une carte à jouer en Europe. Depuis trente ans, force est de constater que tous les membres ne parviennent à tirer profit de l’Union Européenne. Cette fracture est aujourd’hui symbolisée par l’opposition entre pays du Sud (50% de la population : « dispendieux », taux de chômage élevé, déficits chroniques...) et les pays du Nord (33% de la population : « frugaux », budgets disciplinés, taux de chômage faible...).

Le Brexit a été l’électrochoc qui a permis la prise de conscience de cette situation par le plus grand nombre. L’Union Européenne se trouve aujourd’hui à un tournant qui l’oblige à se réinventer. Compte tenu de l’importance de la monnaie unique et de la force du sentiment européen, le scénario d’un éclatement de l’Union nous semble peu probable. En revanche, une évolution vers une organisation plus équilibrée, dans laquelle l’ambition serait que tous les États-membres parviendraient à être plus forts, semble inéluctable. Dans cette phase de reconstruction, il nous semble que la France, de par sa situation géographique, son histoire et son influence géopolitique dispose aujourd’hui de nombreux atouts pour renforcer sa position sur le Continent.

Un tissu productif composé de leaders mondiaux et de champions de demain.

Un tissu productif composé de leaders mondiaux et de champions de demain

Il existe deux manières pour profiter en Bourse de ce retour gagnant de la France sur la scène économique : d’un côté, des leaders mondiaux et, de l’autre, les champions de demain.

Ces deux catégories d’entreprise devraient à la fois bénéficier des réformes structurelles en France et de l’amélioration du contexte sanitaires en 2021. En France nous avons de nombreux leader mondiaux dans la cote parisienne à l’instar de LVMH, Schneider, Vinci ou Michelin. Ces acteurs devraient considérablement profiter du redressement de l’économie française au cours des prochaines années puisque 25% du chiffre d’affaires cumulé des sociétés du CAC 40 est réalisé en France (pour les 28 sociétés sur 35 qui publient cette information en 2019, hors banques, assurances et foncières ; source : EY, Profil Financier du CAC 40, 14ème édition). 

La France compte également de nombreuses entreprises de taille moyenne détenant des positions concurrentielles fortes dans des domaines en croissance, comme par exemple SES-Imagotag, le numéro un mondial des étiquettes électroniques pour la grande distribution, ou GTT, dont les technologies équipent aujourd’hui la majorité des méthaniers dans le monde. Les valeurs moyennes constituent selon nous un segment incontournable dans une allocation patrimoniale car plusieurs moteurs de performance devraient se conjuguer au cours des prochaines années. Parmi ceux-ci, notons en particulier la multiplication des OPA dans un environnement propice aux disruptions, la montée en puissance d’une collecte soutenue des fonds spécialisés grâce à la loi PACTE et à l’orientation croissante de l’épargne nationale vers les entreprises locales, un contexte de démondialisation fondamentalement favorable aux acteurs domestiques... Ainsi, nous estimons par exemple que les dispositions de la loi PACTE, qui prévoient un forfait social réduit si l’épargne retraite des salariés est orientée vers des fonds PEA-PME pourraient générer un milliard d’euros de collecte par an pendant dix ans vers les fonds éligibles au PEA PME. Même constat pour le label « Relance » mis en place à l’automne dernier et qui vise à orienter l’épargne vers des placements répondant aux besoins de financement des PME-ETI françaises.

Articles associés