Des marchés vaccinés ?

Nous vous proposons dans ce flash de faire le point sur les marchés financiers, qui ont connu un début de mois de novembre tonitruant, de vous communiquer les principales informations relatives aux opérations de gestion financière que nous avons réalisées pour adapter les portefeuilles, ainsi que les orientations stratégiques que nous pourrions mettre en œuvre dans les prochains jours ou semaines.

  • #placements financiers

Le vaccin arrive ; tant mieux. Les gens et les économies vont être sauvés. Les marchés participent à ce retour de l’optimisme. Mais cela va-t-il se produire partout et en même temps ? Le « chacun pour soi » qui paraît se mettre en place n’envoie pas une réponse spontanément positive ; au risque d’entraver le retour à meilleure fortune tant espéré. Et puis, le plus court terme apporte son lot de difficultés. Sans doute doit-on se préparer à des mois de novembre et de décembre moins bons sur le front de l’économie, notamment américaine.

Lundi 9 novembre euphorique sur les places financières

Le début du mois de novembre de l’année 2020 restera dans les annales boursières. Le dénouement des élections américaines et surtout l’annonce, le lundi 9 novembre, des résultats très prometteurs du vaccin contre le virus du Covid-19 du partenariat entre la société Pfizer et la biotech BioNTech, ont fait flamber les bourses mondiales (+7.6% pour le CAC 40). Elles ont plus particulièrement déclenché une rotation sectorielle et thématique qui a fait littéralement s’envoler les valeurs qui avaient été jusqu’à présent très durement touchées par les conséquences économiques de la crise sanitaire (+12.3% pour le secteur bancaire, +10.4% pour les pétrolières et +7% pour les titres Transport & Loisirs). 

Ces réactions sont-elles normales ou surprenantes ?

Les réactions aux résultats préliminaires extraordinaires du candidat-vaccin de Pfizer-BioNTech (90% de taux d’efficacité !), puis à ceux des autres vaccins potentiels, semblent tout à fait rationnelles. Si les chiffres finaux le confirment, ce taux d’efficacité permettrait notamment d’atteindre plus facilement le seuil d’immunité collective pour rompre la transmission du virus. Les anticipations de retour à la normale de la vie économique, à partir du second semestre de 2021, s’en trouveraient donc renforcées. Bien entendu, l’ampleur de ces rebonds s’explique aussi, et surtout, par le fait que de nombreux investisseurs étaient sous pondérés, absents, voire vendeurs à découvert, sur ces titres ou sur ces secteurs dits « value » et qu’ils ont dû donc se racheter en mode quasi-panique.

Même si cela ne se voit pas encore vraiment dans les chiffres du consensus, la croissance du PIB devrait aller crescendo le long des trimestres de 2021. 

En ira-t-il de même des relations internationales, avec les implications économiques qui en résulteraient ? Va-t-on vers davantage de concorde et d’efficacité ? Ce n’est pas certain du tout. Pour comprendre ce qui est peut-être en train de se passer, il est nécessaire de comparer ce qui se déroule sous nos yeux par rapport à ce qui est prévu

Nous pensons que l’annonce de vaccin est une étape fondamentale. Cependant, ce n’est pas encore complètement un tournant. La route vers un déploiement de ce vaccin, de manière visible à partir du second semestre de 2021, ne sera pas sans obstacles. Il faudra, tout d’abord et bien entendu, qu’ils reçoivent la validation des autorités sanitaires, celle de la FDA américaine étant attendue pour fin novembre. Sa logistique posera également des défis puisqu’il faut, dans le cas de ce vaccin, des conditions de température extrême pour le conserver et le transporter. Il subsistera ensuite des interrogations notamment sur la durée d’immunité qu’il apporte.

La réalité du moment : nombre de pays, souvent parmi les plus riches, se précipitent pour commander, auprès des laboratoires pharmaceutiques les plus avancés dans la mise au point d’un vaccin, des lots en grande quantité ;  il ne s’agirait que la situation économique se dégrade et que des tensions politiques apparaissent au titre d’un manque de prévoyance des pouvoirs publics ! Pourtant un montage bien plus « œcuménique » avait été prévu  sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Plus de 180 pays, représentant les deux tiers de la population mondiale sont tombés d’accord sur un certain nombre de bonnes pratiques en matière d’accès au(x) vaccin(s). Je comprends que l’engagement a une valeur juridique en droit international. Les 94 pays avancés paieront les doses achetés et les 92 pays en développement les recevront gratuitement. La distribution se fera en respectant une règle de proportionnalité par rapport à la taille des populations. Il faudra commencer par vacciner les 3% de la population les plus à risque dans chaque pays (avant tout les personnels soignants et les travailleurs sociaux), puis les personnes âgées et malades. L’objectif à atteindre est de couvrir 20% de la population. 

Faut-il déjà refermer 2020 et se projeter sur l’année 2021 ?

A court terme, il y a un paradoxe américain un peu embarrassant. Les  indicateurs économiques restent favorables, même si on sent poindre une certaine perte de dynamisme de la consommation. Dans le même temps, les indicateurs, pour ce qui concerne l’évolution de l’épidémie, se dégradent rapidement. Il y a évidemment un classique décalage temporel. Les chiffres de la maladie sont un peu en avance sur ceux de l’économie. Ce n’est cependant qu’une partie de l’explication. Les Etats-Unis paraissent avoir du mal à prendre les mesures de restriction, nécessaires à une moindre circulation du virus. Ils devront pourtant s’y résoudre. Il faut se préparer à des chiffres d’activité moins bons sur les mois de novembre et de décembre.

La dynamique sanitaire est donc très préoccupante. De l’aveu même de la très grande majorité des experts nous rentrons dans une période, l’hiver et les fêtes de fin d’année, très propice à la propagation du virus. De plus, les reconfinements 2.0 vont entrainer une contraction de la croissance économique en Europe au moins sur le quatrième trimestre.

Toutefois, et malgré tous ces facteurs d’incertitudes à court terme, Il faut garder à l’esprit que cette situation économique très difficile et inédite est liée à un choc exogène, le virus de la covid, et non pas à un déséquilibre économique ou financier. Dans ces conditions, il parait raisonnable de mettre une probabilité plus élevée au scénario du retour à la vie économique normale à partir du second semestre de 2021. Donc s’il ne faut pas déjà complètement refermer 2020, il faut commencer à positionner les portefeuilles pour une année 2021 logiquement plus prometteuse … si les vaccins sont bien au rendez-vous. 

Quels sont les ajustements que nous avons ou que nous pensons réaliser dans les mandats de gestion ?

Nos portefeuilles sont bâtis en fonction de quatre grandes convictions :   

  • D’une part, nous considérons que nous avons changé de régime avec dorénavant un potentiel de hausse plus important. Dans ces conditions, nous avons renforcé nos expositions aux actions tout en gardant un léger volant de liquidités pour profiter de toute séquence de consolidation.
  • D’autre part, nous estimons que la perspective d’un retour à la normale, même graduel, dans la seconde partie de l’année 2021, impose des structures sectorielles et surtout thématiques plus équilibrées. Nous avons par conséquent réduit notre exposition sur les actifs défensifs, comme par exemple nos positions sur le marché suisse et les valeurs agro-alimentaire, pour renforcer nos investissements sur la thématique cyclique et revenir partiellement sur certains segments des valeurs décotées (« value ») comme les banques ou les titres domestiques britanniques. Pour autant, nous ne faisons pas une rotation à 180 degrés vers des thématiques risquées (nous restons, par exemple, à l’écart du secteur pétrolier et encore sous pondérés sur les financières). Par ailleurs, nous gardons des positions significatives sur les valeurs et thématiques de qualité, soutenues par des tendances stratégiques de long terme : les sociétés avec des bilans sains, le digital et bien entendu les entreprises qui vont profiter de la transition énergétique et écologique et qui sont bien notées selon les critères ESG.  
  • Ensuite, et c’est notre troisième conviction, nous augmentons nos investissements dans les marchés émergents. L’annonce actuelle, et à venir, de vaccins est un vrai tournant pour nombre de pays émergents, comme le Brésil ou l’Inde. Mais nous maintenons notre préférence pour les marchés asiatiques et plus particulièrement pour la Chine. Pékin est en effet un des grands gagnants de cette crise du Covid : Son régime centralisé lui a permis de gérer avec succès cette crise sanitaire, la reprise économique continue de surprendre positivement (c’est le seul pays dont la croissance ne sera pas négative en 2020) mais surtout, la Chine a renforcé son leadership économique et géopolitique. L’appréciation marquée du yuan, en pleine crise du commerce mondial (+8% depuis la mi-mai contre le dollar américain), tolérée par les autorités chinoises, confirme que Pékin souhaite faire de sa monnaie une référence pour s’affranchir de l’hégémonie financière et politique du billet vert et inciter ses partenaires à commercer dans sa devise. Au fond, tout semble se passer comme si la Chine déroulait ses ambitions stratégiques avec deux modèles historiques pour exemple : reproduire une sorte de plan Marshall avec son projet de nouvelle route de la soie et faire du yuan, à terme, le «deutschmark de l’Asie».
  • Enfin, même si 2021 devrait être l’année du retour graduel à la normale, les politiques monétaires vont continuer à inonder les marchés de liquidités grâce à leurs rachats d’actifs («QE»). La BCE va augmenter la taille de son programme d’urgence lié à la pandémie (PEPP) et la Réserve Fédérale a promis un financement inconditionnel à Washington. L’amélioration de la visibilité économique, née de la perspective de mise à disposition de vaccins, et cette liquidité très abondante nous poussent à renforcer nos investissements sur les obligations privées, en acceptant d’aller sur des titres de notation moyenne afin d’accroître le rendement courant des mandats de gestion diversifiés.

Quels sont les ajustements que nous avons ou que nous pensons réaliser dans les OPC ?

La composition de nos portefeuilles reflète nos anticipations, relativement neutres à court terme, que ce soit sur les marchés actions ou les marchés obligataires, et plus porteuses à moyen terme, avec des économies qui bénéficieront à la fois des relances budgétaires, des politiques de banques centrales toujours accommodantes et d’une situation sanitaire qui devrait s’améliorer à partir du premier semestre 2021.

Au niveau des actions dans leur globalité, notre biais neutre est conservé sur l’horizon fin d’année, en raison des turbulences politiques américaines et de l’impact d’un potentiel confinement aux Etats-Unis avant l’amélioration attendue au printemps. Au niveau géographique, nous accentuons notre exposition aux actions émergentes, qui semblent aujourd’hui être un havre de paix aux niveaux sanitaire et politique, en comparaison des économies développées. Notre biais « value » nous amène ici à revenir sur l’Amérique Latine notamment.

L’ensemble de nos OPC a profité du rebond du secteur financier en ce début de mois pour prendre des profits sur ces positions longues que nous détenions tactiquement. Nous avons par ailleurs conservé notre biais actions décotées (« value ») qui était déjà présent dans nos portefeuilles.

Sur le front des taux d’états, nous étions sous-exposés, et restons sous-exposés, avec en vue une augmentation de cette sous-sensibilité à l’évolution des taux d’états dans les six mois à venir.  Nous conservons un biais positif sur les dettes d’Etats périphériques avec un renforcement de l’Italie.

Indéniablement, l’arrivée d’un vaccin sera un « game changer » dans le sens où il nous permettra d’espérer que la COVID 19 n’influencera plus nos économies à terme. Pour autant, les quelques mois à venir sont encore semés d’embûches et nous incitent à conserver des positions prudentes, tout en prenant ou accentuant progressivement le virage du « mieux de demain » avec des actifs/styles/zones délaissés depuis le début de l’année : actions zone Euro, actions style Value dont le secteur bancaire, actions d’Amérique Latine, moyennes capitalisations européennes. En outre, nous opérons un retour sur le secteur des produits de grande consommation suite à la sous-performance récente.

Nous gardons une surexposition aux marchés des obligations de crédit en raison du surcroit de rendement qu’elles offrent, et notamment les obligations à la frontière des obligations à haut rendement (« crossover »). L’impact d’un potentiel vaccin couplé à une intervention toujours forte des banques centrales amène en effet à réviser notre anticipation des taux de défauts à la baisse et donc l’attrait des dettes d’entreprises High Yield. Sur les fonds d’obligations convertibles, nous avons à la marge réduit notre sous-exposition sur le secteur de l’aérien et avons conservé notre légère surexposition globale.

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