Comprendre le comportement d’épargne des ménages pendant et après l’épidémie

L’épidémie de COVID a eu des conséquences économiques importantes (une baisse du Produit Intérieur Brut de 6,6% en Zone Euro, dont -8,1% en France, en 2020). A travers le monde, les gouvernements ont largement creusé leurs déficits à coups de plans de soutien et de relance (d’une ampleur inusitée - 4000 milliards de dollars aux Etats-Unis-), tout en restreignant les possibilités de consommer avec les mesures sanitaires. Résultat, le taux d’épargne des ménages a considérablement augmenté en période de crise.

  • #patrimoniaux

Arrêtons-nous sur ce dernier point. On peut estimer entre 5 et 9 points de revenu disponible le surcroît d’épargne que les ménages ont accumulé l’an passé dans les principaux pays développés. Ainsi en France, le taux d’épargne est passé de 14,6% en 2019 à 21% en 2020.

Comment expliquer un tel mouvement et que va-t-il se passer cette année ? 

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Commençons par faire une distinction méthodologique importante. Cette « surépargne » a deux origines : la moindre dépense, au titre des contraintes imposées à l’économie dans la cadre de la lutte contre l’épidémie (les commerces fermés et l’impossibilité de voyager) et le besoin de « mettre de l’argent de côté » dans cet environnement aussi incertain qu’un peu inquiétant. On parle d’épargne forcée et d’épargne de précaution. 

Comment distinguer le rôle de chacun de ces effets dans l’augmentation du taux d’épargne, intervenue l’an passé ? En s’appuyant sur des travaux de la Banque de France, on pourrait estimer que sur les quelque six points d’épargne supplémentaire accumulée par les ménages français en 2020, quatre le seraient au titre du premier effet et deux au titre du second. Il est légitime de considérer que l’épargne forcée « s’évaporerait » au cours de la deuxième partie de l’année ; mais quid de l’épargne de précaution ? il est difficile d’être catégorique. Mais il n’est pas certain qu’elle s’efface aussi rapidement.

Il faut aussi s’intéresser à la répartition de ce surcroît d’épargne. On sait que la capacité d’épargner est très différente selon la tranche de revenu. En France, pour un taux d’épargne moyen traditionnellement autour de 15%, la fourchette va d’à-peu-près 0% pour les 20% les plus modestes des ménages à 30% pour les 20% les plus riches. Il apparaît que la hausse de celui-ci, enregistrée l’année dernière, est largement le fait des ménages les plus aisés. Il y a sans doute dans ce constat un message important pour demain. Ce surcroît d’épargne va davantage gonfler le patrimoine qu’il ne sera demain utilisé à financer des dépenses qu’il n’a pas été possible de réaliser en 2020 (celles de tourisme ne vont pas doubler au second semestre de cette année pour compenser celles qui n’ont pas été engagées l’an passé !). 

Il y a donc deux conclusions à garder en tête :

  • le taux d’épargne des ménages va baisser; mais le moment du retour au niveau ex ante n’est pas connu ;
  • le surcroît d’épargne accumulé en 2020 ne sera probablement pas consommé.

Quel est alors le message pour les marchés financiers ? A la fois une consommation (et donc l’économie) qui accélère et un stock d’épargne abondant ; et des fondamentaux favorables, à priori ! 

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