Par définition, une valeur est dite « refuge ». Si sa valeur ne baisse pas durant une période de trouble, notamment quand des économies sont assez instables – celle des Etats-Unis - ou stagnantes – celle de l’Union européenne - comme actuellement. C’est pourquoi on dit qu’elle protège l’épargne. De toutes les valeurs refuge, l’or est sans conteste la plus connue. Les raisons ? Sa valeur ne dépend pas des marchés financiers et ce métal précieux est reconnu de tous. Agissant comme une assurance anti-crise, l’or est théoriquement à l’abri de toute disparition puisqu’il ne dépend d’aucune entreprise ou État. D’où son étiquette de « valeur refuge ».
Pas de garantie en capital pour l’or
Depuis plusieurs années, le cours de l’or n’en finit plus de monter. En août 2020, le métal précieux franchissait la barre symbolique des deux mille dollars l’once (28,35 g). En avril dernier, le cours de l’once atteignait les 3 500 dollars l’once, avant un léger repli. En euros, le cours a atteint ce printemps son plus haut niveau historique à 3 036 euros l’once. De quoi séduire les investisseurs, qui doivent toutefois avoir en tête que l’or ne contient aucune garantie en capital. Sa valeur pourrait même baisser si les tensions s’apaisent dans le futur. Et l’or ne délivre aucun rendement. Acheter de l’or, c’est miser uniquement sur une plus-value à terme, hors fiscalité*$.
Dans les faits, le stock d’or des Français est estimé à 3 000 tonnes. Car c’est bien d’or physique dont il est d’abord question, même si toutes les pièces et lingots d’or ne sont pas des supports de placement. Acheter un lingot d’or d’un kilo coûte plus de 90 000 euros, mais vous pouvez opter pour moins avec les pièces Napoléon, les lingotins, etc.
Si vous pouvez justifier de la date d’achat de votre or, la plus-value sera taxée à 19 % d’impôts + 17,2 % de prélèvements sociaux, soit 36,2 %. Un abattement de 5 % est appliqué sur la plus-value par année de détention à partir de la 3ème année. Si vous ne pouvez pas justifier de la date d’acquisition, une taxe de 11,5 % sera calculée sur le prix de vente, qu’il y ait ou non plus-value.
Des forêts… au vignoble
L’immobilier, les forêts, le vin, les voitures de collection ou encore l’art sont d’autres placements dits refuge en complément de l’or. Prenons l’exemple des forêts, avec deux moyens d’y investir. Soit vous achetez une parcelle, soit vous souscrivez des parts (quelques milliers d’euros à minima) de groupements forestiers (GF) avec une réduction fiscale à l’entrée. Cette solution n’est pas soumise aux marchés financiers, et offre un engagement écologique en prime. Mais elle n’est pas sans risque : climat, incendie, etc.
Et le vin ? À moins d’être un amateur éclairé, acheter et stocker des bouteilles pour les revendre plus tard à bon prix sera difficile. Mieux vaut se tourner vers une cave d’investissement, qui prend tout en main, y compris la revente, ou vers un fonds financier pour spéculer. Les risques sont toutefois élevés (contrefaçon, stockage, revente, spéculation…), et gare aux arnaques pointées du doigt par les autorités. Il est aussi possible d’investir dans des parcelles viticoles, via un groupement foncier viticole (GFV). Moins risqué, mais les tickets d’entrée sont d’environ 20 000 euros. Autre tendance : le financement participatif dans le vin via des plates-formes. Les vignerons rembourseront votre « don » en bouteilles de vin ou en euros (le capital) plus en bouteilles pour les intérêts.
Une diversification limitée
Chaque placement refuge s’analyse au cas par cas, après s’être bien renseigné sur l’opération. Il faut être particulièrement attentif quand il s’agit de placements insolites, comme investir dans les montres de luxe, les disques vinyles ou encore certaines œuvres d’art. Leurs prix sont susceptibles de chuter (ou pas) dans le futur.
En tout état de cause, l’investissement dans les valeurs refuge, or en tête, doit rester minime dans un patrimoine, jusqu’à 5 % maximum selon les professionnels. Les valeurs refuge sont in fine un moyen de diversifier son patrimoine.