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Economie et marchés : analyse octobre 2022

A partir de la mi-juin, une certaine accalmie a été observée sur les marchés financiers, avec une détente des taux longs et un rebond des indices boursiers. 

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Les investisseurs pensaient que le ralentissement économique qui se profile pour fin 2022-début 2023 tempérerait l’ardeur des banques centrales en matière de resserrement monétaire. Cette hypothèse a été invalidée. Les grandes banques centrales (à l’exception de la Banque du Japon) ont confirmé leur volonté de durcir leur politique monétaire. Dans le courant du mois de septembre, elles ont procédé à de nouvelles hausses de leurs taux directeurs (+75 points de base (pb) pour la Réserve fédérale et la BCE). Les membres de la Fed ont par ailleurs nettement rehaussé leur prévision de taux directeur (à 4,4 % fin 2022 et 4,6 % fin 2023) contre une fourchette 3/3,25 % aujourd’hui) alors que les dirigeants de la BCE ont dit que leur taux de référence (1,25 % pour le taux de refinancement) était encore « loin » du niveau qui permettrait de ramener l’inflation vers sa cible de long terme (2 %). Cette détermination des banques centrales s’est traduite par une nouvelle poussée haussière sur les taux des emprunts d’Etat : le rendement de l’OAT 10 ans dépassait 2,5 % début octobre, se situant ainsi au-dessus de son précédent point haut touché mi-juin. Dans le même temps, les Bourses ont repris leur tendance baissière : début octobre, le CAC 40 affichait un recul d’environ 20 % par rapport au début de l’année. Rappelons tout de même qu’il avait progressé de 29 % en 2021.

La détermination des banques centrales s’explique par les pressions inflationnistes qui restent vives. La hausse des prix à la consommation a atteint 10 % sur un an en septembre en zone euro. L’inflation est beaucoup plus faible en France (5,6 %), grâce au bouclier tarifaire (ristourne sur le prix de l’essence jusqu’à fin 2022, gel du tarif réglementé du gaz depuis octobre 2021 et hausse du tarif réglementé de l’électricité limitée à 4 % en février 2022). Les tarifs réglementés du gaz et de l’électricité seront toutefois relevés de 15 % début 2022. A titre de comparaison, la hausse des prix de l’électricité atteignait 40 % sur un an en août pour l’ensemble de la zone euro, 60 % en Espagne et 100 % en Italie ! Cette poussée de fièvre des prix a deux origines. Le vif rebond de l’économie mondiale dans la période post Covid a généré des tensions de toutes parts. Par ailleurs, la guerre en Ukraine s’est traduite par un stress aigu sur le marché de gros du gaz européen, par crainte d’un arrêt de l’approvisionnement en provenance de Russie (environ 40 % des importations de l’Union européenne avant la guerre). Or, pour des raisons techniques et économiques, les prix du gaz et de l’électricité sont intimement liés sur les marchés de gros : le prix de l’électricité se fixe en fonction de la dernière centrale mobilisée (fixation du prix au niveau du coût marginal), qui est le plus souvent une centrale à gaz. Le stress sur le prix du gaz s’est ainsi répercuté sur le prix de l’électricité. 

Peut-on penser que le pic d’inflation est proche d’être passé ? En amont, les cours des matières premières industrielles et agricoles donnent des signes de détente même si leur niveau reste élevé. Le prix du baril de Brent était revenu autour de 85 $ le baril fin septembre (environ 125 $ après le déclenchement de la guerre en Ukraine) avant que les annonces de réduction de l’offre des pays producteurs pour les mois à venir ne le tirent vers les 95 $. Par ailleurs, les tensions sur les chaines de valeur semblent s’apaiser : le prix du transport par container, qui avait été multiplié par cinq entre la mi-2020 et le début 2022, a été divisé par deux depuis. Aux Etats-Unis, les tensions sur certains biens (voitures) ou services (hôtellerie) ont reflué. En outre, la hausse des salaires paraît récemment marqué le pas (autour de 6 % sur un an tout de même). En Europe, la question du gaz et de l’électricité sera cruciale. A l’approche de l’hiver les stocks de gaz ont été reconstitués grâce surtout à une augmentation des importations de gaz naturel liquéfié qui se sont substituées au gaz russe dont les importations ont été réduites de 80 %. Un arrêt total de l’approvisionnement en provenance de Russie mettrait néanmoins en risque l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché européen. Par ailleurs, les effets de diffusion de la crise énergétique vers les secteurs aval ne sont pas achevés. Les renégociations salariales, intégrant avec retard l’inflation passée, joueraient aussi. Ainsi, même si l’inflation décélère, elle resterait encore élevée dans les mois qui viennent. C’est d’ailleurs le pronostic des banques centrales. Ces dernières veulent à tout prix éviter que les agents économiques finissent par anticiper une inflation durablement supérieure à leur cible de moyen terme, ce qui leur ferait perdre la main. En dépit de tous les aléas économiques et géopolitiques qui entourent les mois à venir, elles vont donc poursuivre leur resserrement monétaire.

Jusqu’ici l’activité et les marchés du travail ont fait preuve de résilience malgré tout. La baisse du taux d’épargne aux Etats-Unis, le soutien budgétaire en Europe (plus de 3 points de PIB en moyenne en un an) et le rebond du tourisme avec la levée des contraintes sanitaires ont été des facteurs de soutien. Les enquêtes de conjoncture se sont cependant dégradées au cours des derniers mois. Les grands organismes internationaux et les institutions privées anticipent donc une stagnation du PIB, voire une récession modérée fin 2022-début 2023 aussi bien en Europe qu’outre-Atlantique. Cela pourrait inciter les banques centrales à tempérer le durcissement monétaire voire à inverser la vapeur si nécessaire avant la fin de l’année prochaine.

Il est important de s’assurer régulièrement que sa stratégie d’investissement est toujours adaptée à ses besoins et ne nécessite pas certains ajustements.

Vous vous interrogez ? Venez en discuter avec votre conseiller de La Banque Postale.

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