Interview

PME et ETI familiales : leur cession nécessite des expertises spécifiques

La cession d’une entreprise familiale est un moment fort dans la vie du cédant, de l’entreprise et bien sûr du repreneur. Elle est aussi une « opportunité de régénération » et de développement (étude KPMG-METI, nov. 2021). Comment y parvient-on et en quoi le partenaire bancaire peut aider ? Réponses avec deux responsables régionales des financements structurés de la Banque de Financement et d’Investissement de La Banque Postale.

  • #cession reprise
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Les deux-tiers des ETI françaises sont contrôlées majoritairement par des capitaux français et 70 % de ces dernières ont un actionnariat familial. Les petites et moyennes entreprises sont aussi en grande majorité familiales. Or, leur cession est complexe : sur environ 68.000 entreprises à céder, 17.000 disparaissent chaque année, faute de repreneurs. Et la pandémie liée à la Covid-19 a accentué ces difficultés : les cessions ont baissé de 16 % en 2020 par rapport à 2019.

  • Dans près de 70 % des cas, la transmission familiale a été l’unique solution envisagée pour reprendre l’entreprise, or cela représente moins du quart des cessions
  • Au sein des ETI familiales, le successeur envisagé (qui peut être un membre de la famille) travaille dans la très grande majorité des cas déjà au sein de l’entreprise.
  • Une transmission d’ETI s’inscrit dans le temps long, 6 à 10 ans en moyenne pour une ETI (étude KPMG).

Cession d’une entreprise familiale : le facteur humain parfois sous-estimé

Fort logiquement, la dimension humaine est importante et complexifie les choses. En premier lieu du côté du dirigeant qui doit ainsi « être prêt à passer le relais et notamment à faire le diagnostic de son entreprise, relève Mélanie Lamercerie, Responsable des financements structurés pour la Direction Régionale Centre Est, selon laquelle le facteur humain est souvent sous-estimé comparé à d’autres enjeux dont « la valorisation de la société et la détermination des modalités de la cession et de ses implications financières, fiscales voire successorales en cas de transmission à un enfant ». « Etant souvent l’homme clé de l’entreprise, le cédant doit veiller à ce que le choix du ou des repreneurs assure la bonne continuité avec la direction, les salariés, les clients et fournisseurs ». 

Portrait de Isabelle Breteau

Le sujet de la cession ne doit pas être systématiquement associé au départ à la retraite du dirigeant. Il faut trouver la bonne temporalité avant tout phénomène de lassitude.

Isabelle Breteau — Responsable des financements structurés pour la Direction Régionale Ouest.

Deux mots clés donc pour toute cession d’une entreprise familiale : anticipation et préparation. Et pour garantir le bon déroulé de l’opération et l’avenir, le partenaire bancaire peut aider, d’une manière bien plus complète que ce que beaucoup de dirigeants pensent.

L’apport du partenaire bancaire dépasse la seule question du financement

Sans surprise, dans un schéma de reprise d’entreprise, le financement bancaire reste la source principale de financement, en complément des apports réalisés par le ou les repreneurs.

Portrait de Mélanie Lamercerie

La banque aide à calibrer la dette et à déterminer le montage financier afin d'éviter les points de blocage. Cela passe aussi par la capacité à fédérer un pool bancaire.

Mélanie Lamercerie — Responsable des financements structurés pour la Direction Régionale Centre Est.

Autre apport du banquier de proximité :  une approche globale du financement afin qu’il soit en adéquation avec les besoins mais aussi les projets de développement : « la société ne doit pas être étouffée par sa dette. La banque doit donc être force de propositions, poursuit Isabelle Breteau, afin d’orienter le repreneur sur d’autres sources de financements tels que les fonds d’investissements, les fonds de dette, les obligations… ». « Au regard de l’importance dans l’écosystème territorial des PME et ETI familiales, une expertise bancaire qui s’appuie sur une connaissance fine des spécificités régionales est primordiale », avance Mélanie Lamercerie. « Cela nous permet en tant qu’expert d’un marché local, de mettre le(s) dirigeant(s) en rapport avec les conseils externes nécessaires pour réaliser les audits, un rapport de valorisation, ou encore garantir la qualité de l’information financière requise dans ce type d’opérations » explique Isabelle Breteau.

Et lorsque le partenaire bancaire est sollicité en amont de l’opération, d’autres possibilités s’ouvrent : « cela permet la mise à disposition et la mise en relation de toutes les expertises internes à la banque, au service de l’opération et de ses parties prenantes, par exemple, la Salle des Marchés ou un ingénieur patrimonial de Louvre Banque Privée » détaille Mélanie Lamercerie. Un éventail des compétences très large qui comprend aussi un accompagnement des experts du Hub Sustainable lorsqu’un financement ESG fait sens. Une expertise à ne pas négliger lorsque l’on voit la part prise par ce type de financements ces dernières années

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