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Bon bilan 2020 de la finance verte : les indicateurs sont au vert pour 2021, 2022, 2023…

Elle s’installait lentement mais sûrement depuis plusieurs années dans le paysage du financement : l’année 2020 lui a donné un vrai coup de boost. Elle, c’est la finance verte. Hausse des volumes, croissance des fonds, diversification des solutions, tous les indicateurs sont au vert. Et les conséquences de la crise sanitaire vont continuer de jouer en sa faveur.

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Tendance depuis plusieurs années, la finance verte est l’une des dimensions qui a bénéficié de la crise sanitaire mais aussi de l’importance donnée durant cette même année aux enjeux environnementaux. 

La finance verte recouvre les financements (provenant des banques et investisseurs) obtenus par la démonstration, qu’en plus d’être rentable, l’entreprise bénéficiaire est vertueuse ou tend à l’être en matière d'environnement, de social et de gouvernance. Elle exige donc un impact mesurable.

Montants et acteurs en hausse en 2020

Indéniablement, 2020 est l’année qui aura permis à la finance verte d’être attractive. En voici quelques preuves. En France, le nombre de fonds agréés ISR (Investissement Socialement Responsable), un label porté par le ministère des Finances, a presque doublé, passant à 618 à la fin octobre contre 365 fin 2019, et a concerné près d'une centaine de sociétés de gestion, un nombre en hausse de 50 %. Et ces fonds gèrent « bien au-delà » de 230 milliards d'euros (source : Label ISR).

Concernant les obligations durables cette fois, fin 2019, le marché mondial était d’environ 325 milliards de dollars, majoritairement animé par les Etats-Unis, l’Europe et le Royaume-Uni. En 2020, le marché a atteint les 400 milliards de dollars, avec une émission de dettes vertes, sous-catégorie des obligations durables, en hausse de 12 % sur les 11 premiers mois de l'année (source : AFP Quotidien, 21 décembre 2020). Selon certaines projections, l’émission d’obligations durables devrait atteindre les 2 000 milliards d’euros d’ici à la fin 2023.

Côté crédits bancaires, le Prêt Garanti par l’Etat (PGE) a bien évidemment pris beaucoup de place en 2020, mais sans que cela ne se fasse au détriment des prêts bancaires dits à « impact positif » (ou « sustainability-linked loan », SLL). Ces prêts dont le taux de financement est indexé à la performance durable de l'entreprise avaient atteint 122 milliards de dollars en 2019 et devraient logiquement poursuivre leur envolée compte tenu des impératifs des entreprises et des décisions stratégiques de l’Europe et de la France.

Stratégie des institutions et diversité des solutions

De fait, lancée en 2018, la stratégie de l'Union européenne sur la finance durable a franchi une nouvelle étape en 2020 avec notamment l’émission des green bonds européens. Le plan de relance français s’inscrit dans cette logique de structuration du verdissement du secteur financier et de mobilisation pour une transition écologique juste. Enfin, il est à noter qu’en novembre 2020, les États membres ont donné leur feu vert à la Banque européenne d’investissement pour qu’elle se transforme en Banque du climat, le but étant d’aligner les activités de la banque sur l’Accord de Paris (par exemple, en mettant fin au financement des extensions d’aéroports).

Tout concourt à cette montée en puissance de la finance verte : en plus des montants, des acteurs, des stratégies, ce sont aussi la multiplicité des solutions proposées aux acteurs économiques qui assurent cette dynamique positive. A tout projet, sa solution. Ainsi les obligations durables recouvrent :

  • les dettes vertes pour des projets précis et contrôlés,
  • les dettes de développement soutenable alignées sur les objectifs du millénaire de l'ONU,
  • les dettes de transition, plus vastes (celles-ci ont fait leur apparition en 2019, leur appellation beaucoup plus large permet éventuellement à des secteurs polluants, comme le gaz, de pouvoir y prétendre),
  • ou encore les dettes dont les rendements dépendent d'objectifs de développement durable, avec des pénalités si l'entreprise ne les atteint pas.

On recense aussi au titre de la finance verte les crédits à impact, déjà évoqués, qui reposent sur une obligation de résultat et non pas une obligation de moyens. Citons aussi les EMTN (Euro Medium Term Notes) verts, qui reposent sur un document de programme relevant de la RSE (rendu public par l'émetteur, assisté par une banque arrangeur), qui définit les conditions d'émission des titres de créance liés (EMTN).

Enfin, il ne faut pas négliger la part d’autres dispositifs qui financent des projets parfois moins ambitieux mais très utiles pour initier une démarche de transition énergétique et qui s’adressent aux structures qui ne peuvent prétendre aux mécanismes présentées précédemment : prêts verts, certificats d’économie d’énergie (CEE), entre autres.

Reste que jusqu’à présent la transition énergétique se taillait la part du lion dans le financement durable, laissant par exemple de côté la biodiversité ou bien encore le social. Là aussi la crise sanitaire a rebattu les cartes : les social bonds en mars 2020 ont doublé par rapport à mars 2019, et ont même plus que triplé en avril, afin de répondre aux enjeux liés à la pandémie de Covid-19. À suivre…

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