« Notre conviction, c’est que l’entreprise peut et doit être un support d’épanouissement de l’être humain. Cela prévaut sur tout le reste. Le résultat, comme son nom l’indique en résulte ». Eric Boël, PDG des Tissages de Charlieu, est l’un des hérauts du retour du textile made in France - sa société centenaire, qu’il a reprise en 1997, emploie 70 salariés qui conçoivent et produisent sur place 2 millions de mètres de tissu jacquard par an pour la mode, l’ameublement, les accessoires et packagings.
Mais le chef d’entreprise charliendin défend aussi une vision de l’industrie militante, où la confiance est reine, l’éthique centrale et le salarié placé au cœur du jeu. Aux Tissages de Charlieu, cela se concrétise par exemple par le concept d’« intra-entreprise » : des projets autonomes montés par les créatrices maison à l’intérieur de la société, un peu comme des start-ups au sein d’un incubateur. Ainsi sont nées Létol, une marque d’étoles tissées, teintes et lavées dans la région, qui s’exportent vers 23 pays, Tonnerre de Belt (ceintures) ou encore Indispensac, qui conçoit des sacs et packagings en tissu. « Notre entreprise doit être un terreau fertile sur lequel les initiatives peuvent pousser, un peu comme dans un écosystème naturel ou chacun profite aux autres et reçoit d’eux », compare le dirigeant, très engagé par ailleurs dans la décarbonation de la filière textile et le recyclage des matières premières.
C’est aussi ce riche terreau humain qui a permis aux Tissages de Charlieu de réagir vite et bien lors de la crise sanitaire du printemps 2020. En 48 heures, ses salariés ont converti leurs métiers à tisser à la fabrication de masques, jusqu’à 200 000 par jour ! « Mi-avril, nous avions assuré plus de 60% de la production française de masques en tissus, se félicite Eric Boël. Nos collaborateurs auraient pu rester chez eux, payés par l’aide publique. Mais ils sont venus travailler, car ils voulaient être utiles. » Ce côté idéaliste n’empêche pas Eric Boël et Antoine Saint-Pierre, son associé et successeur désigné, d’agir en industriels entreprenants et innovants. Ils prévoient notamment d’installer prochainement un robot de production de sacs de caisse en tissu, « au prix asiatique, mais avec un impact environnemental divisé par 9 et 45 créations d’emploi à la clé ». La Banque Postale est aux côtés de l’entreprise depuis 2019 et l’accompagne activement dans cette transformation industrielle. « Nous avons le sentiment d’une banque sensible à nos valeurs et à notre projet, confie Eric Boël. C’est pour cette raison que nous avons choisi de travailler avec elle. »