Interview

Combiner croissance et impact avec La Banque Postale

Devenue entreprise à mission, La Banque Postale accompagne l’économie vers de nouveaux modèles d’affaires plus pérennes. Depuis 2017, elle soutient les Grands Chais de France dans leur démarche RSE en leur proposant un financement particulièrement adapté.

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Portrait de Serge Melchior

Le crédit à impact, témoin de notre engagement RSE.

Serge Melchior — Directeur du développement durable des Grands Chais de France.

Fondé en 1979 par Joseph Helfrich, le groupe Les Grands Chais de France est devenu, en quatre décennies, la première maison de production et de négoce de vins en Europe et le cinquième acteur mondial du secteur(1). Couvrant l’ensemble des métiers de la filière viticole, de la vigne au verre, il compte aujourd’hui plus de 3 200 collaborateurs et a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 1,23 md d’euros dans 178 pays. L’activité des Grands Chais de France dépend de la nature, c’est pourquoi l’entreprise a formalisé en 2017 une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) approfondie. Serge Melchior, son directeur du développement durable, détaille les enjeux d’une telle transformation et la façon dont La Banque Postale y contribue

Dans le contexte économique actuel, quelles sont les priorités des Grands Chais de France ?

Nous sommes confrontés, comme tout le monde, à la crise de l’énergie. L’augmentation des prix de cette dernière, ainsi que celle des matières sèches (bouchons, capsules, bouteilles, cartons…) représentait en 2021 l’équivalent de 4 % de notre chiffre d’affaires, ce qui est non négligeable. Nous sommes heureusement une entreprise familiale, concentrée sur le long terme. Nous demeurons en phase avec nos prévisions, nos ventes augmentent et nous ne dévions pas de l’objectif que nous nous sommes fixés : une croissance à l’échelle globale. Si nous avons commencé en promouvant la diversité des produits français dans le monde, nous sommes à présent attachés à faire rayonner notre savoir-faire largement au-delà de nos frontières. Aujourd’hui, un tiers des produits que nous vendons sont d’origine étrangère.

Depuis quand remonte la prise de conscience, par le groupe, de l’importance de la réduction des émissions de CO2 ?

Nous avons toujours pensé en termes de développement durable, même lorsque l’expression n’était pas encore à la mode. D’abord, par bon sens. Lorsque nous construisons un bâtiment, nous faisons en sorte qu’il soit bien isolé d’emblée, car cela coûte moins cher à chauffer ou à refroidir. Nous installons au même endroit nos sites d’embouteillages et nos plateformes logistiques, à proximité des vignobles, afin d’éviter les transports inutiles. Nos camions partent rarement sans être pleins et nous privilégions le ferroutage pour les grandes distances. Nous avons continué d’appliquer ces principes lorsque nous avons acheté des vignobles à l’étranger

En 2017, le groupe a formalisé sa démarche RSE. Qu’est-ce que cela a changé ?

Puisque nous faisions déjà de la RSE « sans le savoir », nous avons décidé de consolider cela pour aller plus loin. Notre démarche repose sur cinq piliers : la santé et la sécurité, la protection de l’environnement, les conditions de travail, la politique d’achat responsable et l’ancrage régional. Mesurer, se fixer des objectifs précis, chiffrés, permet de progresser plus vite. Un exemple avec la limitation des intrants chimiques : 38 % de nos vignobles sont bios et tous ont reçu le label « Haute Valeur Environnementale », attestant d’une exploitation plus respectueuse de l’écosystème. Pour y parvenir, nous disposons de logiciels couplés à des stations météos qui nous aident à anticiper l’apparition des maladies et à optimiser les traitements avec une grande précision.

Comment cette démarche est-elle pilotée ?

Nous avons formé un comité de pilotage qui rassemble les directeurs clés de la société (qualité, achats liquides et hors liquides, vignobles, commercial, industriel et RH), et depuis cette année, le directeur général du groupe. Près de 200 volontaires de toutes les régions de France ont été formés pour devenir ambassadeurs. Tous les deux mois, nous informons nos collaborateurs de l’avancée du plan de progrès RSE. Prochaine étape, nous allons nous équiper d’un logiciel de suivi de ce plan d’actions, également capable de nous aider à élaborer notre bilan carbone. Il sera opérationnel en 2023.

Dans ce cadre, pourquoi avez-vous choisi de faire appel au crédit à impact ?

Cette année, nous avons décidé de mettre en place certains financements dont les conditions s’appuient justement sur des indicateurs RSE. Avec un groupe de banques, quatre objectifs majeurs ont été déterminés : favoriser la part de produits issus de pratiques plus responsables, améliorer la chaîne de valeur en impliquant nos fournisseurs, développer les énergies vertes autoproduites et réduire notre empreinte carbone. Il s’agissait au départ de financer des prêts garantissant la valeur d’une partie de nos stocks. Au total ceux-ci représentent plus de 550 millions d’euros, car le vin doit attendre entre le moment où il est vendangé, mis en bouteilles et celui où il est vendu… La Banque Postale, qui était précurseur en la matière, nous a par la suite proposé un crédit à impact destiné à accroître nos capacités industrielles. Nous avons été séduits par ces formules de crédit à impact, car elles représentent un levier de motivation supplémentaire pour l'ensemble des collaborateurs et d'une façon de montrer notre implication à nos fournisseurs et clients, dont les exigences grandissent chaque année.

Comment s’est déroulé ce partenariat avec La Banque Postale ?

Nous travaillons de longue date avec elle et avons tissé de profondes relations de confiance. Il faut être conscient que les prêts dits « à impact » requièrent un réel effort de réflexion, de définition des critères et de mesure. Or, La Banque Postale a parfaitement su nous accompagner au cours de ces travaux préliminaires. L’important travail administratif de suivi est également à prendre en compte. C’est d’ailleurs une des raisons qui nous a poussé à investir dans un logiciel ad hoc. Mais selon moi, toute entreprise peut parfaitement tirer parti de ce type de dispositif, car la palette des indicateurs est suffisamment riche pour s’adapter à des secteurs économiques et à des tailles d’activités variées. Et nous entendons bien continuer dans cette voie avec La Banque Postale.

Portrait d'Arnaud Mayeur

Aligner le financement d’une activité avec ses ambitions. La Banque Postale s’est toujours montrée pionnière sur les questions sociétales et environnementales. Ainsi, 100 % des actifs éligibles sous gestion de La Banque Postale Asset Management sont labellisés ISR (Investissements Socialement Responsables). En 2021, nous avons été classés première banque mondiale en matière de RSE par l’agence indépendante Moody’s ESG Solutions. En 2022, nous avons été la première banque au monde à annoncer une sortie complète du secteur des énergies fossiles à l’horizon 2030. Être devenue cette année une entreprise à mission nous incite à accélérer notre accompagnement de l’économie vers de nouveaux modèles d’affaires plus pérennes. Ce positionnement a fait écho aux engagements RSE des Grands Chais de France, dont nous financions depuis plus de dix ans une partie des investissements de production. Leur proposer un crédit à impact a encore resserré nos liens. Parce qu’ au sein de notre Hub Sustainable Banking, nos experts conseillent les clients et les aident à déterminer et à structurer des indicateurs sur mesure, les Grands Chais de France ont pu aligner leur financement avec leurs ambitions en matière de développement durable.

Arnaud Mayeur — Directeur de territoire entreprises et institutionnels Alsace à La Banque Postale

Source : magazine Le Point en date du 16/11/2022.

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(1) Source Grands Chais de France 2022 - www.groupegcf.fr