Silicéo : hypercroissance d'un acteur du photovoltaïque

Mais la question la plus complexe tient aux compétences à intégrer en soutien du développement de l’activité. Leur diversité et leur nombre auraient pu être un frein, mais Jean-Baptiste Bournaison ne l’a pas envisagé ainsi : « Face aux défis auxquels nous étions confrontés en sortie de crise sanitaire, et sans possibilité de nous appuyer sur des aides extérieures, nous nous sommes donné les moyens de challenger ces enjeux, notamment en créant une structure dédiée au recrutement et en nous appuyant sur des partenariats optimisés. Nous nous sommes dotés de logiciels, avons obtenu des financements et avons construit des parcours de formations dédiés permettant notamment de former 160 poseurs avec l’aide de Pôle Emploi ».

Pour le fondateur, la clé de cette réussite se trouve dans un certain état d’esprit : « le seuil des 50 salariés est souvent perçu comme un obstacle et peut amener la tentation d’une structuration en de multiples entités. Cette complexification, si elle n’a pas de finalité au regard du développement, n’est pas pertinente. Nous avons fait le choix contraire et opté pour la simplification afin de mieux dépasser ce qui, pour certains, est un obstacle ». L’importance donnée à la communication sur les réseaux sociaux et en interne a accompagné cette stratégie, « car l’état d’esprit et les valeurs de l’entreprise incarnent un levier indispensable pour attirer les talents de demain. »

Résultat ? À la mi-novembre 2024, soit 15 ans (seulement) après sa création, le groupe qui compte désormais 220 salariés est positionné sur l’ensemble des besoins de ses clients à travers trois entités. Ingélios, Bureau d’Études intégré, regroupe les activités d’ingénierie et d’optimisation des projets. Silicéo, qui constitue le cœur de l’activité, se concentre sur l’installation de panneaux photovoltaïques et la gestion des démarches administratives. Et enfin Vision’EnR (prononcé visionnaire !) assure les activités de maintenance, d’exploitation et d’optimisation, dans la durée, des centrales solaires.

Un secteur d’activité attractif, une implantation et un plan de développement convaincants, un dirigeant enthousiasmant : « cela donne un socle pour bâtir un beau succès et cela rassure sur la voie prise. Accompagner un projet, une stratégie, c’est l’apport de fond d’un banquier », se félicite Catherine Robert, pour qui le facteur clé d’une relation banque/entreprise réussie est la confiance. Et Jean-Baptiste Bournaison de renchérir : « la confiance : oui. Et la capacité à challenger ».  Car le dirigeant comme les financeurs doivent être capables de dépasser les turbulences, nombreuses pour le secteur à la sortie de la crise sanitaire : « notre croissance très forte s’inscrivait dans un contexte géopolitique perturbé, renforcé par des accidents majeurs tels que l’obstruction du canal de Suez en mars 2021 qui aggravait la déstabilisation de la chaine logistique mondiale », se souvient Jean-Baptiste Bournaison.

Crispation des approvisionnements, hausse des prix, changement de taille : l’exercice 2022 fut donc difficile pour Silicéo qui se retrouvait confronté à deux sujets majeurs, le financement et la gouvernance. Catherine Robert pose alors la question du renforcement du haut de bilan et met le fondateur en contact avec Sevenstones, société de conseil en fusion et acquisition smid cap avec laquelle La Banque Postale a noué un partenariat d’apport d’affaires.

« La rencontre avec Sevenstones, challenger sur notre besoin d’un accompagnement pour notre ouverture de capital, a été un vrai plus. Ils nous ont expliqué que le timing n’était pas opportun, notamment parce que les fondamentaux de l’entreprise n’étaient pas orientés positivement ». L’ouverture du capital a donc été décalée :  Silicéo a travaillé avec son pool bancaire autour d’un restructuring de sa dette et « a repensé sa direction pour favoriser les relais opérationnels avec le recrutement d’un directeur général, complète Jean-Baptiste Bournaison. Le fondateur a aussi musclé la gouvernance du groupe « afin de bénéficier de feedbacks externes sur notre activité, en nous appuyant sur des personnes issues de secteurs différents du notre et qui ne sont pas dans un rapport hiérarchique avec moi, ce qui rend les échanges plus directs ».

Ce travail de fond permet dès octobre 2023 de lancer, en appui de l’ouverture de capital souhaitée, l’élaboration du business plan et des besoins associés au développement avec l'équipe Sevenstones. « Sevenstones nous a permis de rencontrer des investisseurs dotés d’une connaissance pointue du secteur et en capacité d’apporter un input stratégique » souligne Jean-Baptiste Bournaison. Commercialisée début mars 2024 avec des meetings investisseurs en avril, cette opération a été finalisée début août. « La levée de fonds s’est faite avec TiLT Capital, plateforme de transition énergétique du groupe Siparex, accompagnée du fonds d’entrepreneurs GEI (pour Génération Entrepreneurs Investisseurs), en tant qu’actionnaires minoritaires » détaille Jean-Baptiste Bournaison qui reste actionnaire majoritaire et fourmille d’idées notamment sur l’agrivoltaïsme et l’autoconsommation collective. « Nous avons du carburant et l’aide de gens que nous avons choisi pour nous accompagner sur des opérations de croissance externe avec des projets d’ores et déjà à l’étude. Nous optimisons de nombreux sujets, par exemple, grâce à l’operating Team de TiLT Capital, sur la Corporate Sustainability Reporting Directive ou CSRD et la montée en compétence en business intelligence ».

Croissance organique avec l’ouverture de nouvelles agences et de nouveaux services, et croissance externe, ambitieuse, permettront une expansion géographique et commerciale qui ne doit pas, insiste Jean-Baptiste Bournaison, nuire à l’état d’esprit collectif : « l’amélioration de notre marque employeur est aussi dans notre to-do-list, dans ses deux dimensions : intérieur vers extérieur et intérieur vers intérieur ».