Décarboner le bâti et améliorer la trésorerie des entreprises : l'ambition de SOFIAC soutenue par La Banque Postale

INTERVIEW

La Stratégie Nationale Bas Carbone fixe des objectifs sectoriels ambitieux. Les entreprises doivent y contribuer en déployant des projets d’efficacité énergétique, notamment dans leurs bâtiments. Mais souvent l’importance des investissements nécessaires et la conduite de projet bloquent toute initiative. Accompagnée par La Banque Postale, SOFIAC entend aider les entreprises à surmonter ces deux obstacles.

Pour lutter contre le changement climatique, la France a défini une Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Cette feuille de route donne des orientations pour faciliter la transition vers une économie durable, circulaire et à faible émission de carbone dans tous les secteurs d’activité. La SNBC trace aussi une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) avec en objectif une neutralité carbone en 2050 :

  • pour le secteur du bâtiment, responsable de près de 18 % des émissions nationales, une réduction de 49 % de ses émissions d’ici 2030 par rapport à 2015, avec une décarbonation complète de sa consommation énergétique d’ici 2050, est fixée ;
  • pour le secteur industriel (18 % des émissions nationales), la réduction est de 35 % de ses émissions d’ici 2030 et de 81 % d’ici 2050.

Des défis conséquents pour les entreprises concernées dont les projets de décarbonation pâtissent souvent de l’importance des investissements à réaliser et de leur long temps de retour. SOFIAC entend les aider et prend à sa charge 100 % des investissements requis pour accroître l’efficacité énergétique des bâtiments. Créée au Québec, cette société s’est récemment implantée en France et dispose désormais d’une capacité d’investissements de 210 millions d’euros sur le territoire métropolitain. Elle a bénéficié pour cette levée de financements de l’appui du groupe La Banque Postale, et en particulier de son fonds de dette infrastructure à impact en faveur de la transition énergétique (PDF – 0,55 Mo).

Mission, modèle d’affaires, entreprises cibles, accompagnement dispensé : découvrez grâce à Stéphane Le Gentil, DG de SOFIAC France et Marc-Antoine Renaud, directeur du développement chez Fondaction Gestion d’actifs, gestionnaire de fonds axés sur l’impact et co-gestionnaire de SOFIAC, comment SOFIAC aide les entreprises dans leur transition énergétique.

SOFIAC a été conçue au Québec. Quelle est la genèse de cette structure et sa vocation ?

Marc-Antoine Renaud : « SOFIAC est née au Québec en 2021. Soutenue par le gouvernement du Québec, elle a été conçue par Econoler et Fondaction comme un véhicule pour atteindre les objectifs nationaux de décarbonation des bâtiments d’ici 2030. Au Québec, pour le secteur privé, la réduction de la consommation énergétique visée est de 15 %. Dès 2022, SOFIAC s’est très vite étendue au Canada avec à cette date 185 millions de dollars canadiens en capacité d’investissements.

La vocation de SOFIAC est simple mais ambitieuse : accélérer la décarbonation en diminuant la consommation énergétique des bâtiments. Pour y parvenir, elle permet aux entreprises de réduire leur consommation énergétique, d’atteindre leurs objectifs de décarbonation sans que cela nuise à leurs opérations quotidiennes et stratégiques. D’autant que le modèle génère de la trésorerie positive additionnelle dès le démarrage du projet, grâce aux économies d’énergie réalisées et aux bénéfices fiscaux associés à l’utilisation du modèle ».


Portrait de Marc-Antoine Renaud

La Banque Postale a fait l’effort de comprendre notre modèle pour bien nous accompagner.

Marc-Antoine Renaud, directeur du développement chez Fondaction Gestion d’actifs


Quel est plus précisément le modèle d’affaires de SOFIAC pour accompagner les entreprises dans leur transition énergétique ?

Stéphane le Gentil : « Notre approche repose sur la performance des projets avec un impératif : le client ne doit avoir aucun investissement à faire. Le volume des investissements et le temps de retour relativement long de ce type de projets font souvent reculer les entreprises. Pour surmonter ces obstacles, SOFIAC prend à sa charge 100 % des investissements requis, l’ensemble des coûts étant remboursés par une portion des économies réalisées.

Le financement n’est pas le seul frein : la définition et la conduite de projet sont aussi complexes pour beaucoup. C’est pourquoi nous dispensons un accompagnement adapté à la maturité du client. SOFIAC peut intervenir à toutes les étapes, de l’identification d’un projet, de la conception et de l’étude de faisabilité détaillée, à la mise en œuvre opérationnelle jusqu’à la mesure et vérification des économies d’énergie dans la durée. L’objectif est de rendre possible des projets ambitieux de décarbonation ».

SOFIAC est présente en France depuis fin 2023 : pourquoi et comment cette implantation s’est construite ?

Marc-Antoine Renaud : « Le marché est plus mature en Europe qu’aux Etats-Unis, autre pays vers lequel un acteur canadien a une vocation naturelle d’expansion. Le besoin y est plus criant comme l’a démontré le choc énergétique lié au conflit en Ukraine. Et la législation y est plus aboutie en termes d’actions en faveur de la décarbonation ».

Stéphane le Gentil : « Le décret tertiaire, qui n’a pas d’équivalent en Amérique du Nord, rend l’audit énergétique obligatoire en France pour les entreprises qui ont un effectif supérieur à 250 salariés ou un chiffre d'affaires supérieur à 50 millions d'euros et un bilan supérieur à 43 millions d'euros*$. Il révèle à l’entreprise la nécessité de réduire sa consommation énergétique tout en identifiant les pistes d’actions ».

Marc-Antoine Renaud : « Et puis la France est pour un acteur québécois un premier pas naturel pour s’implanter sur le marché européen ! La réflexion a débuté dès 2021 et s’est concrétisée fin 2023 avec la création de l’entité SOFIAC France dans laquelle la société de gestion d’actifs Mirova, partenaire de longue date, Fondaction et ADEME Investissement ont investi 60 millions d’euros ».


Portrait de Stéphane le Gentil

La Banque Postale est une référence connue de tous. C’est important.

Stéphane le Gentil, DG de SOFIAC France


En juillet 2024, SOFIAC a levé 150 millions d’euros auprès de trois établissements bancaires dont La Banque Postale et un investisseur institutionnel représenté par LBP AM. Sa capacité d’investissement est donc de 210 millions. Quelle stratégie guide vos investissements ?

Stéphane le Gentil : « Nous concentrons nos efforts sur les secteurs qui ont le plus d’appétence pour ces projets. Le secteur industriel est une priorité du fait de sa grande consommation énergétique et parce que souvent une entreprise industrielle est propriétaire de ses bâtiments : cela facilite les choses. Le secteur tertiaire est un terrain d’investissement aussi.

Au sein de ces deux secteurs, nous nous attachons avant tout aux ETI et grandes PME, une typologie d’entreprises qui recèle un potentiel d’économies énergétiques conséquent mais qui, faute par exemple de compétences en interne, ne s’est pas encore lancée dans des projets de décarbonation.

Il importe avant tout que nos clients soient de gros consommateurs d’énergie : le seuil pour que le projet soit rentable se situe à 1 million d’euros d’énergie consommée/an, toutes énergies confondues. A ce titre, les acteurs de l’industrie verrière, de l’agro-alimentaire, de la chimie, de la pharmacie sont de très bons candidats ».

Comment s’est construit ce deal ? Pourquoi La Banque Postale, et particulièrement le fonds Transition énergétique, a joué un rôle essentiel ?

Marc-Antoine Renaud : « Ce financement supplémentaire de 150 millions d’euros qui réunit le groupe La Banque Postale, et d’autres partenaires bancaires, a pris du temps pour se construire, 18 mois. Mais il faut avoir en tête qu’il concerne une nouvelle classe d’actifs peu courants, de l’immatériel, avec de faibles volumes de transaction jusqu’à ce jour mais un très fort potentiel de croissance. En outre, nous avons une attente forte vis-à-vis de nos financeurs : nous souhaitons qu’ils aient envie de nous accompagner, qu’ils croient en notre ambition et en notre conviction que la décarbonation est essentielle et doit devenir massive. Nos investisseurs doivent donc être plus que des techniciens financiers. Travailler avec des personnes qui partagent notre vision et comprennent le bien-fondé de nos actions, de notre mission, est pour nous décisif.

En plus d’une offre compétitive, particulièrement le fonds de dette infrastructure à impact en faveur de la transition énergétique lancé avec LBP AM et CNP Assurances, La Banque Postale a fait l’effort de comprendre notre modèle pour bien nous accompagner. Le processus a été long parce qu’il a été collaboratif et itératif. Et la proposition faite par La Banque Postale de devenir l’agent nous a prouvé son engagement*$.

C’est rassurant pour une jeune entreprise comme SOFIAC d’être soutenue non seulement par une banque mais par une banque qui croit en notre mission, qui souhaite que l’aventure fonctionne et que SOFIAC soit un succès ».

Stéphane le Gentil : « Et La Banque Postale est une référence connue de tous. C’est important ».

  • Sur ce financement Le Groupe La Banque Postale est arrangeur, prêteur, agent, banque de couverture et banque teneuse de compte.

Comment inscrivez-vous ce financement dans votre stratégie de développement de SOFIAC ?

Marc-Antoine Renaud : « Au regard du besoin gigantesque et universel de rénovation des bâtisses, ce financement de 150 millions d’euros est une première étape : nous voulons accélérer et passer rapidement à une nouvelle étape ».

Stéphane le Gentil : « Rien que pour la France, les besoins de capitaux pour financer la transition énergétique et la décarbonation du bâti sont estimés à 20 milliards par an d’ici à 2030. C’est une moyenne, issue de différentes études menées par SOFIAC et des investisseurs et de chiffrages publiés par des autorités publiques.

Compte tenu de l’état des finances publiques nationales, il est probable que les subventions publiques à destination des entreprises en faveur de la transition énergétique, jusqu’à présent généreuses sans pour autant être suffisantes, baissent. SOFIAC vient donc utilement proposer aux entreprises une solution pour décarboner leurs activités et contribuer efficacement à cet enjeu essentiel qu’est la transition énergétique ».

Le regard de Yannick Chaffaud, Responsable du Financement des Energies Renouvelables, La Banque Postale

« Accompagner SOFIAC était une évidence pour le Groupe La Banque Postale : la sobriété est historiquement encouragée au sein du groupe et les projets d’efficacité énergétique sont un axe majeur de notre stratégie. Notre fonds Transition énergétique, qui a pour objet d’accélérer les investissements du groupe dans ce secteur, en mobilisant les fonds de CNP Assurances, nous permet de démultiplier la capacité d’action de La Banque Postale. C’est essentiel car ce secteur est en renouvellement avec des segments plus innovants, plus confidentiels ».

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