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Du télétravail aux investissements, ce que la crise sanitaire a ou peut changer dans les entreprises

Du plus évident, comme la désertification des bureaux et usines, jusqu’au plus conceptuel, tel que le rôle social de l’entreprise, la vie de chaque entreprise a été brutalement modifiée par la crise du Covid-19. Management, digitalisation à marche forcée, télétravail, ou encore règles de sécurité sanitaire et nouveaux investissements : que peut-il et que va-t-il en rester ? 

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C’est bien évidemment le confinement, commencé le 17 mars, qui a engendré la plupart des modifications à court terme. Ainsi les sociétés, souvent réfractaires au travail à distance en France et qui en parallèle n’avaient pas toujours suffisamment investi dans les outils dédiés (ordinateurs portables, smartphones, solution de visioconférence, VPN, etc.) ont dû s’adapter. Une transition réalisée parfois dans la précipitation, comme le fait pour un collaborateur d’utiliser son ordinateur personnel pour exercer ses missions, sans configuration préalable, ni supervision du service informatique.

Outre le confinement entrainant désertification des locaux professionnels et télétravail, les dispositions réglementaires adoptées ont aussi impacté la production et l’organisation de travail des entreprises restées en activité. Pour ces dernières par exemple, des dérogations aux durées légales du travail étaient possibles sous conditions. Au-delà des réactions à une situation de crise, ce sont des modifications plus profondes qui ont été initiées. Quelles sont-elles ?

La vie sociale de l’entreprise réajustée

L’entrée en phase de déconfinement à partir du 11 mai comporte son lot de modifications. Preuve en est avec le protocole national de déconfinement et la soixantaine de guides par métier ou secteur édités pour préciser les règles sanitaires. Outre un nettoyage plus approfondi et régulier des locaux, voire des changements d’aménagement (certains ont ainsi fait le choix de retirer certaines portes plutôt que de devoir procéder à la désinfection plusieurs fois par jours des poignées), le respect scrupuleux de ces préconisations entrainera très vraisemblablement une prolongation pour certains du télétravail, ou bien encore des horaires de travail décalés pour respecter sur site (bureau ou usine) ou dans les transports publics les règles de distanciation physique (périmètre d’isolation, circulation, etc.).

In fine, c’est toute la vie sociale des entreprises - les réunions entre collègues, les rendez-vous clients, les évènements promotionnels - qui se retrouve transformée.

Des investissements repensés

Ce sont aussi ces choix en termes d’investissements qui vont se trouver modifiés : ainsi il est plus que probable que le parc informatique soit désormais plus mobile, plus dématérialisé afin de garantir quand cela est possible une continuité de travail même en période de confinement. C’est en tout cas ce que prévoit le cabinet d’analyse Gartner pour qui en 2020 les dépenses dans la téléphonie et la messagerie basées sur le Cloud et les conférences en mode Cloud vont croître respectivement de 8,9 % et 24,3 %. Ce sont aussi les investissements immobiliers, second poste de dépenses des entreprises après les salaires, qui sont à plus long terme susceptibles d’évoluer : si la part de télétravail augmente, la surface des bureaux s’en trouvera réduite.

La responsabilité sociale de l’entreprise confortée

Plus largement, depuis le début de la crise, les entreprises ayant les meilleures notations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) ont montré une plus forte résistance au choc économique et financier actuel. Ainsi les entreprises les mieux notées sur Glassdoor, la plateforme qui recense les avis des salariés, superforment  selon le Financial Times. Plus de dialogue social, une gouvernance bienveillante, une protection de long terme de leurs salariés, tout cela a concouru à amortir le choc lié au coronavirus car les réponses ont été plus rapides, plus adaptées et plus pérennes.

Dans cette crise c’est aussi l’utilité sociale de l’entreprise qui a été démontrée. Sans être exhaustif on peut citer L'Oréal qui a produit du gel hydroalcoolique, la société de jeans et chaussures 1083  qui a confectionné des masques en masse, Décathlon qui a fourni des équipements pour fabriquer des respirateurs, ou bien encore Le Parapluie de Cherbourg qui avec l'aide de salariés bénévoles a produit 8 000 masques. Ou bien encore ces entreprises qui ont anticipé le paiement des factures de leurs petits fournisseurs

C’est ainsi que cette crise démontre d’une part, la pertinence d’une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) qui dépasse la simple communication, et d’autre part l’utilité du statut d'entreprise à mission, désormais permis par la Loi Pacte. Au niveau national, certaines annonces gouvernementales conditionnant les aides étatiques à des engagements environnementaux (soutien à la filière automobile via les primes à l’achat des véhicules automobiles électriques, soutien à Air France en contrepartie d’une réduction des vols intérieurs pour diminuer son empreinte carbone), traduisent une tendance « green ».  Si « une hirondelle ne fait pas le printemps », une tendance ne fait pas un changement, et encore moins un changement durable. L’avenir dira si ces impacts sont pérennes.

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