Article

Réindustrialisation de la France : quels leviers pour aider les PME et ETI ?

La réindustrialisation du territoire, en lien avec la transition environnementale, fait l’objet d’une politique économique volontariste. Dans cette dynamique, les PME et ETI ont un rôle essentiel à jouer. INBONIS Rating et le METI ont récemment publié un Observatoire qui éclaire leurs spécificités, les leviers à disposition et leurs besoins.

  • #ecologie
  • #rehabilitation
Lecture 2 min

France Relance, France 2030 : depuis 2017, l’Etat mène une politique volontariste de la réindustrialisation en y intégrant les nécessités de la transition environnementale. D’où des accents mis sur les filières d’avenir, l’économie numérique et la décarbonation. Cette politique de réindustrialisation, en lien avec la problématique de souveraineté identifiée lors de la crise sanitaire commence à porter ses fruits : en 2023, les ouvertures de nouvelles usines ont dépassé le nombre de fermetures de sites(1). En repli continu depuis les années 70, l’industrie - soit l’ensemble des « activités économiques qui combinent des facteurs de production (installations, approvisionnements, travail, savoir) pour produire des biens matériels destinés au marché » - pèse encore 13 % du PIB pour environ 274 000 entreprises et 3 millions de salariés(2). Outre les axes de politique économique évoqués, c’est aussi le segment PME/ETI qui doit faire l’objet d’un accompagnement particulier, comme le souligne l’Observatoire INBONIS Rating-METI de novembre 2023 (« PME de croissance et ETI face à la réindustrialisation (PDF – 0,42 Mo) »).

Zoom sur trois spécificités de PME et ETI industrielles

  • Certaines spécificités des PME et ETI industrielles françaises sont éclairantes. Elles sont d’abord très concentrées sectoriellement : la branche manufacture représentant 48 % du total, les activités de construction 16 %, les activités de transport et d’entreposage 12,5 %, les activités d’information et de communication 10,5 % et l’activité d’extraction 1 %.
  • L’Observatoire relève aussi leur très forte exposition aux risques environnementaux : changement climatique, contamination, gestion de l’eau, biodiversité et écosystème, économie circulaire et gestion des déchets. Si toute activité industrielle influe sur ces risques, la concrétisation d’un risque bouleversera l’entreprise. Telle est l’approche retenue par l’Observatoire Inbonis qui relève que la quasi-totalité des 2 954 ETI et PME de croissance industrielles examinées sont très exposées à au moins un des risques environnementaux, particulièrement à la gestion des déchets et au changement climatique. Ainsi appréhendé dans une double dimension impact de l’entreprise/impact sur l’entreprise, l’impératif portant sur la décarbonation des activités se comprend mieux.
  • Enfin, les investissements des PME et ETI industrielles sont très hétérogènes. Si la moyenne s’établit à plus de 3 millions d’euros par entreprise pour un volume total de CAPEX à 9 milliards en 2021, les variations sont fortes entre chaque secteur et même au sein d’un secteur. Ainsi, l’extraction a une moyenne de 24 millions d’euros par entreprise contre 2 millions pour la construction. Le secteur manufacturier, dont la moyenne par entreprise à 2,7 millions d’euros est inférieure à la moyenne générale, est très diversifié : ainsi les activités de fabrication de véhicules présentent une moyenne à 4,7 millions d’euros par entreprise.

Les leviers à disposition des PME et ETI industrielles

Pour inscrire leur croissance dans la stratégie de réindustrialisation nationale, chaque entreprise doit évidemment réduire son exposition aux risques environnementaux. En particulier celles qui relèvent de l’industrie manufacturière, qui représente plus de 49 % du volume des revenus à risque analysés (48 % des entreprises), et au sein de cette branche, en priorité la fabrication de produits métalliques et non métalliques et de machines, l’industrie alimentaire et des boissons et l’industrie chimique et des plastiques.

Allier développement et RSE requiert une stratégie, des actions et des investissements spécifiques. L’accès au financement durable, souvent plus intéressants en termes de coûts que les financements classiques, repose certes sur l’ambition, la trajectoire et/ou le projet défini par l’entreprise. Mais d’autres dimensions jouent aussi, particulièrement le modèle d’entreprise, la gestion financière, la résilience, l’actionnariat et la gouvernance, comme le démontre l’étude des PME et ETI les mieux notées dans l’Observatoire. L’amélioration de la stratégie financière passe par différentes bonnes pratiques dont une politique de prix adéquate et des liens proches et solides avec clients et fournisseurs.

Outre le travail de chaque entreprise industrielle pour améliorer son exposition aux risques environnementaux, sa rentabilité (et sa notation le cas échéant), la politique économique évoquée plus haut crée un contexte porteur.  Le 8 novembre 2023, aux Assises de l’industrie le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire déclarait que « notre objectif est que l’industrie représente 15 % du PIB ».

L’Observatoire permet de cerner plus précisément les besoins des ETI et PME industrielles pour prendre leur part dans cette réindustrialisation : réduire la fiscalité de production et le coût des emplois qualifiés ; sécuriser un prix de l’énergie compétitif ; faciliter l’accès des PME et ETI aux grands programmes d’investissements ; faire reconnaître la spécificité des ETI à l’échelle européenne pour la prendre en compte par exemple dans le normatif.

Articles associés

Les solutions de La Banque Postale