Interview

L’économie française ? En meilleure situation que toutes les prévisions faites fin 2020

Portée par les mécanismes de soutien déployés par l’Etat l’économie française a pu traverser la crise sanitaire sans entrer dans une dynamique négative. La reprise est là et les perspectives sont bonnes. Explications avec Alain Henriot, responsable des Etudes économiques au sein de La Banque Postale.

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L’Europe a fait un pas décisif dans la reprise et particulièrement la France, en évitant un nouveau confinement cet été. « Tous les mécanismes de soutien déployés ont eu des effets très positifs en ce qu’ils ont évité d’entrer dans une dynamique très négative. On déplore peu de défaillances d’entreprises en 2020 et encore moins au premier semestre 2021. Le tissu productif est resté préservé jusqu’ici. Et surtout ces mécanismes ont envoyé un message parfaitement reçu par les entreprises : cette crise a été violente, mais elle est surmontable » souligne Alain Henriot, responsable des Etudes économiques au sein de La Banque Postale.

Le retard pourrait être comblé fin 2021, voire début 2022 

Un optimisme qui a permis à l’emploi de retrouver son niveau de fin 2019, avec néanmoins une faiblesse : le fort pourcentage de ceux « qui ne sont pas au chômage au sens du Bureau international du Travail mais qui sont dans le halo, les travailleurs à raison de quelques heures par semaine ». Par ailleurs une interrogation plane : « quel comportement les entreprises vont adopter lorsque sonnera la fin du « quoiqu’il en coute » ? », interroge Alain Henriot. Pour l’heure, les indicateurs laissent supposer qu’il n’y aura pas vague de licenciements : « la prévision de croissance pour 2021, aux alentours de 6 %, est rassurante ». Selon l’expert, qui relève qu’au deuxième trimestre 2021, le PIB était 3,5 % en dessous de celui de fin 2019, « le retard sera peut-être comblé fin 2021, voire début 2022 ». Il n’en demeure pas moins que la situation et les perspectives de l’économie française sont meilleures que toutes les prévisions faites fin 2020. En l’état la croissance du PIB s’établirait à environ 4 % en 2022, puis 2 % en 2023.

Des fractures sectorielles

Avec près de 6 % de croissance, la France dépasserait la moyenne de la zone euro, à 4,6 % mais « cela doit être mis en regard avec le fait que nous avons fait moins bien que les autres pays en 2020 » tempère Alain Henriot.

Si, comparés à fin 2019, tous les pays ont le même profil en termes de rattrapage, l’Espagne fait exception car ce pays a beaucoup souffert de la chute de la fréquentation touristique, secteur porteur de l’économie hispanique. Une chute qui a aussi touché la France où les flux de ce secteur sont en retrait de 60 % par rapport à fin 2019. Sans surprise deux autres secteurs sont aussi à la peine : l’automobile et la vente de matériels de transports aéronautiques. En revanche, certains n’ont pas souffert pendant la crise et ont pu poursuivre leur dynamique d’expansion

À noter

L’emploi de la sur-épargne des ménages, territoire inconnu

Fermeture des restaurants, des activités culturelles etc., mais aussi frilosité naturelle, les ménages, surtout les ménages aisés ont sur-épargné : alors que le taux d’épargne en 2019 était à 15 %, il avait bondi à 27 % au 2e trimestre 2020 et demeure à 20 % au 2e trimestre 2021 : « il y a donc toujours une sur-épargne. Il faudrait que le taux passe en dessous des 15 % pour que l’on puisse parler d’un début de désépargne ». Au-delà d’un surcroît à venir de dépenses, il semble logique de penser que, pour une bonne part, cette épargne pourrait être fléchée vers l’immobilier avec des comportements différenciés selon le profil des épargnants : hausse de l’apport des jeunes ménages primo-accédants, achat d’un bien pour loger un enfant étudiant pour des ménages aisés, compensation de la hausse des prix immobiliers pour d’autres, etc.

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