S’il faut bien évidemment s’assurer que la stratégie de l’entreprise en matière de développement durable est plus que du marketing, « il faut aussi être capable de mesurer l’apport de l’ESG, insiste Jean-Marc Dutu. Avoir une stratégie ESG pour une entreprise, cela se traduit au niveau de ses investissements, de ses produits, de ses modes de production. Notre responsabilité est donc de s’en assurer et de traduire cela dans la valorisation ».
Chez BPE, où une équipe de 6 gérants suit environ 130 valeurs, il y a d’abord une vraie connaissance des entreprises concernées, ce qui joue sur l’identification de valeurs porteuses et leur notation, car « nous gardons une vraie liberté vis-à-vis de notre fournisseur : nous pouvons contester sa notation par notre connaissance approfondie des sociétés ».
La démarche est très méthodique : les critères d’analyse ESG sont regroupés dans 6 domaines, et les notes ainsi obtenues permettent d’identifier les entreprises les plus vertueuses. « Cette première approche est ensuite affinée par notre propre analyse de la stratégie ESG des sociétés, ainsi que par l’étude des éventuelles controverses auxquelles elles font face ». Une entreprise qui franchit toutes ces étapes voit alors son objectif de cours bénéficier d’une prime de 10 %, « alors que, à l’inverse, nous sanctionnons l’objectif de cours par une décote de 10 % pour les sociétés dont les notes sont faibles, la stratégie ESG peu convaincante ou les controverses graves ».
Cette approche dans la sélection et le suivi des valeurs permet à BPE de valoriser le long terme. Sa proximité avec les entreprises couvertes est un gage de réactivité, élément essentiel d’une gestion ISR : « Il faut être excessivement vigilant sur les controverses. Le Dieselgate, alors que Volkswagen était très bien noté et présent dans de nombreux portefeuilles ISR, doit servir de leçon. Cela doit pousser à l’humilité, à être plus attentif aux controverses et très réactif pour les vérifier ou les démentir afin d’adapter les portefeuilles en conséquence ».