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Relocaliser sa production : est-ce possible ? et comment faire ?

A l’occasion de la crise sanitaire, bien des entreprises ont réalisé que leurs centres de production étaient trop éloignés. La relocalisation, qui s’inscrit bien dans cet élan de solidarité et d’unité nationale issu de la crise, peut paraitre séduisante. Sur quels éléments une entreprise peut-elle se fonder pour décider de se lancer ?

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Gels, masques, médicaments, habillement des soignants, la crise liée au Covid-19 a occasionné des ruptures dans les chaines d’approvisionnements du secteur sanitaire mais aussi dans l’industrie ou l’alimentaire. Bon nombre d’entreprises se sont alors rendu compte qu’elles avaient trop éloigné leurs centres de production ou les avaient focalisés sur une région. Ce constat établi, que peuvent-elles faire ? La réponse qui s’impose très vite est la relocalisation. Outre une réponse urgente à une rupture – ou un risque de rupture – de sa chaine d’approvisionnement, quelles raisons doivent guider la décision d’une entreprise qui envisage de relocaliser ?

 

Relocalisation : quels avantages pour l’entreprise ?

S’il existe des aides étatiques en cas de relocalisation, ce genre de considérations ne doit pas guider le choix de l’entreprise. Outre la sécurisation de son approvisionnement, il y a des arbitrages tactiques et parfois stratégiques à envisager.

Si internaliser sa production permet souvent d’accéder à une meilleure qualité des produits, ce peut être aussi l’opportunité d’un meilleur contrôle de cette qualité. Relocaliser permettra des audits en temps réel, in situ, voire en continu. Un paramètre pertinent pour des produits à haute valeur ajoutée. Cela peut donc aussi éviter des allers-retours de produits, coûteux et nuisibles à la bonne fluidité de l’approvisionnement.  

La distance entre le pays de production et le produit d’assemblage ou de distribution entraine aussi des risques de décalage conséquent entre la commande, le besoin et la livraison, surtout en cas d’activité saisonnière. Enfin, commander loin revient à s’engager sur des quantités minimales, souvent évaluées en containers, ce qui contrevient à la nécessité d’ajustement constant des commandes d’une entreprise et à une gestion agile de la trésorerie. Un autre critère à prendre en compte en faveur d’une relocalisation est la sécurisation de vos marges puisque produire en euros et vendre en euros annule tout risque de change… 

À noter

En dehors de toute question de relocalisation, il est un point important lors de la signature d’un contrat avec un fournisseur hors zone euro ; celle des devises. Si le contrat prévoit un règlement en devises locales, veiller à disposer d’une couverture de change, à terme ou au comptant qui diminue le risque de change, permet de figer les cours futurs d’achat ou de vente de devises et assure une meilleure gestion des coûts et de la comptabilité. A cet égard, La Banque Postale propose une offre sur mesure respectant votre cahier des charges.

Relocalisation ? Ou plutôt diversification…

Le constat est fait depuis longtemps : la France a perdu son industrie et il faudra des années et une vraie volonté pour reconstruire un écosystème favorable à une relocalisation industrielle globale, sans garantie tant les obstacles sont nombreux. Si certaines activités dont les machines outils, les pièces électriques, métalliques ou mécaniques, le textile, ou encore le bois, le carton et le papier peuvent être réimplantées, le coût de main d’œuvre en France ou bien encore la réglementation, contraignante et complexe, peuvent s’avérer des freins à une volonté de relocalisation complète pour une entreprise. Il faut aussi prendre en compte les besoins spécifiques de l’activité : la part de main d’œuvre dans le produit fini, la nécessité d’un savoir-faire spécifique ou de matières premières et de leur situation géographique. La cartographie des  marchés clients est aussi un critère et des clients consommateurs seront logiquement plus sensibles à une relocalisation que des clients du BtoB.

Afin de sécuriser sa chaine d’approvisionnement tout en tenant compte des différents paramètres évoqués plus haut, c’est bien souvent la piste de la diversification qu’il faut envisager :  ne pas faire dépendre sa production d’un seul fournisseur, ni d’une seule région, ni même d’un seul circuit. Cette stratégie pérenne et en grande partie européenne est celle choisie par les Skis Rossignol depuis 2011. Ou bien encore celle des chaussettes et collants Kindy qui après avoir mis l’accent sur le made in Haut de France doit diversifier sa production pour se hisser à la hauteur des commandes  Un exemple qui permet d’espérer que les voies ouvertes à l’occasion de la crise sanitaire ne se refermeront pas : si certains l’ont fait, d’autres peuvent le faire et avec le vent dans le dos !

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