En regard, des repreneurs dont les profils pour les repreneurs particuliers n’ont guère varié : ce sont le plus souvent des diplômés bac + 4, bac +5, cadres dirigeants dans de grosses entreprises, qui veulent certes se rémunérer, mais aussi « garder ou redécouvrir un intérêt intellectuel dans leur activité professionnelle et s’investir dans des secteurs de niche, tel que, par exemple, l’artisanat industriel au service du luxe à la française ». En effet, si en amont de leur démarche, ces repreneurs recherchent avant tout en fonction de leurs compétences propres dans un marché porteur, c’est cette dernière variable qui va emporter leur décision, affirme Bernard Fraioli, qui garde en mémoire ce repreneur accompagné par le CRA dans le rachat d’une entreprise spécialisée dans la fabrication de zincs de bars, une activité évidemment non identifiée au départ par l’intéressé. « C’est sans doute du coté des motivations que les choses sont en train de bouger : on observe une plus grande représentation des candidats à la reprise par vocation. Il s’agit là de cadres qui sont professionnellement bien installés mais qui souhaitent s’éloigner des gros systèmes » ou vivre leur propre aventure en pleine autonomie
Une autre population est bien plus présente cette année sur le marché de la reprise d’entreprises et sans doute dans les années à venir : les TPE/PME qui cherchent à racheter de très petites structures, afin de réaliser une croissance externe d’opportunités. Diversification, consolidation de sa position de marché, bénéficier d’un effet de taille constituent les motivations principales de ces patrons de TPE repreneurs.
À tous les repreneurs, Bernard Fraioli délivre un premier conseil : « c’est indéniablement le moment de chercher mais en faisant preuve de discernement et en ne négligeant pas le temps requis pour des audits approfondis ».
Et le fameux appel vers les territoires dont on a tant parlé à l’occasion du premier confinement ? Se vérifie-t-il dans le repreunariat (ce terme utilisé par le CRA pour bien appuyer sur la différence entre entreprendre et reprendre) ? Bernard Fraioli n’en est pas persuadé : « jusqu’à présent, les gens avaient du mal à partir loin de leur lieu de résidence, en tout cas en dehors d’une zone d’attraction d’une grande ville. Les paramètres qui guidaient ce refus, à savoir l’éducation des enfants et la vie professionnelle du conjoint n’ont pas changé ».
Il estime d’ailleurs que 2021 creusera un double déséquilibre. Le premier est la fracture géographique entre zones d’attraction et zones excentrées. Le second est la plus forte part de repreneurs que de cédants, lesquels sont souvent freinés à l’idée de vendre mal compte tenu des mauvais bilans 2020. « Chaque cédant doit analyser sa situation professionnelle et personnelle dans sa spécificité. Si les comptes sont dégradés et si le cédant à moins de 60 ans, mieux vaut attendre et mettre ce temps à profit pour se préparer à la cession. Préparer sa vie d’après et préparer l’entreprise ». Passé un certain âge, il faut savoir céder : « La crise ne doit pas être un frein. Le temps ne jouera pas de lui-même en faveur de l’entreprise, il faut pour se redresser et se battre au niveau requis, une forte énergie, qui sera souvent plus présente chez le repreneur que chez le propriétaire ».