Interview

Pendant la crise sanitaire, la centrale d’achat UniHA s’est mobilisée pour fournir les hôpitaux en équipements essentiels

UniHA, première coopérative d’achats hospitaliers groupés en France a sonné la mobilisation lors de la crise sanitaire. Bruno Carrière, directeur général d‘UniHA n’a pas hésité à bousculer ses méthodes pour apporter son aide. 

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Portrait de Bruno Carrière

Nos interlocuteurs ont vite compris les enjeux et témoigné de leur volonté de s’investir à nos côtés dans ce moment très compliqué.

Bruno Carrière — Directeur général d'UniHA

C’est ce qui s’appelle travailler dans l’ombre. Fondée il y a 15 ans par une cinquantaine d’hôpitaux français, UniHA (prononcer « Uni-Achats ») est la première coopérative d’achats hospitaliers groupés en France. Basée dans le 3e arrondissement de Lyon, elle pilote chaque année 5 milliards d’euros de commandes pour un millier d’hôpitaux. « Notre mission est d’optimiser les coûts tout en assurant la qualité des produits et des services, mais aussi de garantir la continuité d’approvisionnement et de tenir une veille sur l’innovation », explique Bruno Carrière, qui dirige le groupement depuis 12 ans. Un rôle stratégique qui a été souligné par la crise sanitaire, où UniHA a œuvré en coulisses, sans attirer la lumière, pour fournir du matériel aux professionnels de santé

Dès que celle-ci a éclaté en mars 2020, la coopérative a sonné la mobilisation, quitte à bousculer ses méthodes. « Notre premier sujet a été celui des respirateurs, raconte Bruno Carrière. Nous avons eu l’opportunité d’en réserver 250, mais il fallait réagir vite et payer comptant à la commande. D’habitude, nous passons par des appels d’offre, et les contrats sont exécutés par les hôpitaux. Cette fois, nous n’avions pas le temps ! » UniHA a ensuite acquis de grandes quantités de gel hydroalcoolique en vrac, qu’elle a conditionné en flacons dans… une usine de sauces, à l’arrêt à cause de la pandémie. Puis des gants d’examen et des surblouses à usage unique, qui faisaient défaut chez les professionnels.

« Nous nous sommes alors alliés avec notre concurrent Resah, pour monter une plateforme d’approvisionnement en équipements de protections individuelles pour l’ensemble des établissements de santé français, avec La Poste comme partenaire logistique », poursuit Bruno Carrière. La centrale d’achat a aussi réalisé en septembre-octobre 2020 la première commande massive de tests antigéniques, imaginée avec un industriel spécialisé en lits de réanimation pré-équipés,  disponibles en trois semaines -  formation du personnel compris – et nous avons lancé un appel d’offre pour des centres de vaccination de grande capacité… Le tout en lien étroit avec les autorités. « Pour un sujet ultra-sensible comme l’achat de masques, piloté directement par l’Etat, nous avons mis à disposition du ministère de la Santé certains de nos acheteurs, pour apporter notre expertise », ajoute le dirigeant. Si la crise a mis UniHA à l’épreuve, Bruno Carrière préfère en retenir le positif. « Elle a été pour nous un accélérateur de transformation, et en même temps une sorte de stress test, estime-t-il. Nous avons pu tester l’agilité de notre organisation, notre capacité à remodeler les équipes, à les mobiliser sur des sujets nouveaux… Et beaucoup de sujets, que nous avons mis en œuvre à cette occasion, étaient en fait déjà inscrits sur notre feuille de route. » A l’image du e-commerce, où la centrale d’achat aux 130 employés a réussi à développer en un mois un site B to B pour fournir les hôpitaux. 

Pour remplir sa mission, UniHA a aussi pu compter sur son partenaire bancaire La Banque Postale, qui lui a ouvert en urgence une ligne de trésorerie au printemps 2020 afin de financer l’achat des respirateurs. « Sans cet accompagnement, cela n’aurait pas été possible », avoue Bruno Carrière. La relation entre UniHA et La Banque Postale est née à ce moment-là, mais va perdurer, selon lui : « La façon dont nous avons pu trouver rapidement une solution à nos besoins a été tout à fait satisfaisante. Nos interlocuteurs ont vite compris les enjeux et témoigné de leur volonté de s’investir à nos côtés dans ce moment très compliqué. Nous sommes maintenant installés dans une coopération pérenne. »

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