Luc Alain Vervisch : « Le dispositif actuel est partiellement rassurant. Il traduit la capacité que les collectivités estiment de percevoir des montants de dotation proches de ceux versés en 2024. Mais personne ne sait précisément quelles mesures seront prises vis-à-vis du monde local concernant sa participation au redressement des comptes publics.
Ceci dit, les investissements des collectivités territoriales pourraient se voir affectés par une mécanique que dénoncent d’ailleurs les acteurs du BTP. Dans le PLF objet de la motion de censure du gouvernement Barnier, il figurait notamment des mesures de revalorisation du Prêt à taux zéro (PTZ) susceptibles de relancer un peu la machine de la construction/rénovation. Certaines collectivités, actuellement dans l’incertitude face au contenu du PLF 2025, freinent actuellement la mise en œuvre de leurs décisions d’investissement et la réévaluation de certains coûts dans leurs marchés de travaux- voire décalent le vote de leur budget en attendant d’y voir plus clair. C’est là un facteur de fragilisation du secteur du BTP. Mais avec 140 milliards d’euros en moyenne pour la commande publique territoriale, cette logique d’attentisme pèsera en réalité sur une multitude d’entreprises.
Il n’y a en réalité rien de pire, pour l’économie d’un pays, que cette logique de "stop and go" dans l’action publique. Cela crée de l’instabilité dans les décisions d’achat public, avec un impact réel sur un secteur du bâtiment qui est structurellement assez fragile. »
Alain Henriot : « La France est la deuxième économie de la zone euro ; la première dette en masse devant l’Italie. Notre pays est donc l’objet d’une attention particulière des investisseurs. Le risque de crise financière - au-delà de quelques "coups de règles sur les doigts" se traduisant par un spread plus important - est donc sans doute faible. Le risque principal est en réalité celui de geler l’économie, avec par exemple, du côté des entreprises, un gel des recrutements ou l’ajournement des projets d’accroissement des capacités de production. Pour la croissance, cette situation est évidemment défavorable. »
Luc Alain Vervisch : « Plusieurs autres conséquences du rejet du PLF 2025 créent des motifs d’inquiétude supplémentaires sur les perspectives de relance de la consommation. De ce fait, il est difficile d’apprécier si la croissance de 3 % de la TVA prévue actuellement pour 2025 sera confirmée, alors même que les anticipations pour 2024 ne sont pas actuellement au rendez-vous. »