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Plongée dans les enjeux financiers et bancaires des Organismes de gestion de l'Enseignement catholique (OGEC)

Entre modalités de financements à court terme, inflation, remontée des taux bancaires et projets immobiliers, les Organismes de gestion de l'Enseignement catholique (Ogec), supports juridiques, économiques et financiers des établissements catholiques d'enseignement, ont des défis conséquents à relever. Explications.

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Le financement des OGEC s’appuie d’abord sur les familles, à hauteur de 65 % du total : « 30 % en contributions dédiées à l’immobilier et au caractère propre (NDLR : ici la dimension pastorale de l’enseignement), 20 % environ pour la restauration et l’hébergement, le solde relevant d’activités pédagogiques » détaille Éric Moutarde, chargé de mission du pôle Economie et Gestion au sein de la fédération des OGEC (FNOGEC). À date, le financement de l’État et des collectivités est de 35 %, alors qu’il y a dix ans la répartition était de 45% public / 55% privé. « Une évolution significative mais qui n’a pas d’impact en tant que telle sur le volume global des financements. La vraie question en la matière concerne les modalités de calcul par les collectivités des fonds publics versés » précise le chargé de mission. 

Le financement public des OGEC : des disparités multifactorielles

Le principe légal est celui de la parité de coût entre élève du privé et élève du public. La collectivité calcule le coût de l’élève du public sur son territoire et reverse cette somme, multipliée par le nombre d’élèves inscrits dans le privé, à l’OGEC gestionnaire des établissements concernés. « Or le mode de calcul diffère selon la collectivité, ce qui entraine de fortes disparités territoriales ». D’autres paramètres influent, dont les politiques menées par niveau de collectivité : « Dans le public, en second degré, les investissements réalisés pour réduire la consommation énergétique des bâtiments et la rationalisation des coûts ont fait baisser le coût de l’élève. En conséquence, le forfait versé diminue d’environ 2 % par an depuis quelques années ». Autre paramètre pénalisant : « Certains de nos élèves du primaire n’habitent pas la commune de leur école. Mais les mairies ne sont tenues de financer que les élèves qui résident dans la commune. La santé financière de certaines de nos écoles s’en ressent ».

Inflation : cerner le risque

Un autre point noir concerne la restauration scolaire : « L’absence d’aides sociales aux publics les plus défavorisés fait du coût un frein majeur pour les familles. Là où une famille d’un lycéen très défavorisé de région parisienne va payer 50 centimes son repas dans le public, elle le paiera autour de 7,50 euros chez nous. Dans le contexte actuel, ce surcoût pénalise significativement l’attractivité de nos établissements, en particulier pour les plus modestes. »

Car, sans surprise, la forte inflation de ces derniers mois emporte de nombreuses conséquences dans la gestion financière des OGEC : « Nous appréhendions des difficultés de trésorerie liées à cette tendance inflationniste. Cela ne semble pas se vérifier significativement, relate Éric Moutarde, même si certaines structures, confrontées à un renouvellement de contrat en début d’année, ont vu leurs factures énergétiques multipliées par trois voire cinq. Cela étant, la hausse moyenne budgétée sur ce poste est supérieure à 50 % ». La poussée inflationniste a pu néanmoins contraindre certains OGEC à solliciter des avances sur subventions auprès de leurs partenaires bancaires.

Placements des excédents de trésorerie :  une réalité et de la prudence

Une autre répercussion de l’inflation, la remontée des taux, remet dans la lumière certaines offres de placements de trésorerie : « Avec un rendement qui dépasse les 3 %, les comptes à terme ou les livrets retrouvent un intérêt. Cela nécessite de se reposer des questions sur la nature de la trésorerie et l’horizon de placement adéquat » souligne Richard Gélis, expert Placements de La Banque Postale. Un point de vue partagé par Éric Moutarde : « Nous dispensons une information en continu à l’égard des OGEC sur ces placements sans risque ». Car la gestion financière des OGEC se caractérise avant tout par de la prudence : « 70 % à 75 % des organismes disposent de montants de trésorerie significatifs. Nous préconisons de disposer en trésorerie courante l’équivalent de 4 mois de charges, mais le solde excédentaire ne peut pas donner lieu à de la spéculation ni à des prises de risque » pointe Éric Moutarde. Cette stratégie, que Richard Gélis qualifie de « très bon père de famille, car elle vise à disposer d’une garantie sur le capital à l’échéance du produit » s’explique par la relation aux financeurs, publics et privés, « qui nous oblige à une grande vigilance et une communication claire » explique Éric Moutarde. 

Le financement des projets immobiliers

Une part de la trésorerie excédentaire peut parfois servir à garantir un crédit bancaire : « La concordance entre un projet d’investissement financé par emprunt et les placements est essentielle, prévient Éric Moutarde. La maturité de l’un conditionne les caractéristiques des autres ». Un investissement à long terme peut donc ouvrir la voie à un placement de trésorerie de maturité ajustée. Cette « trésorerie de nantissement » présente l’avantage « d’améliorer les conditions du crédit bancaire, indique Richard Gélis. C’est crucial à l’heure où entre des coûts d’emprunt plus élevés et une hausse des matières premières, la viabilité de certains projets immobiliers est remise en question ». Car les OGEC, qui n’ont pas tous finalisé les travaux d’accessibilité dédiés aux personnes en situation de handicap, sont aussi concernés par les exigences du décret tertiaire, à échéance 2030 : « Ce sont des obligations. Les projets seront donc menés mais c’est sans doute le dimensionnement des investissements qui risque d’être revu à la baisse » regrette Éric Moutarde.

La Banque Postale, partenaire de la Fédération Nationale des OGEC

La Banque Postale est partenaire de La Fédération Nationale des OGEC et, à ce titre, soutient les activités de la fédération auprès du réseau des OGEC.

En sa qualité de partenaire, La Banque Postale était présente aux journées de la Fédération Nationale des OGEC consacrées aux décideurs des OGEC et des directeurs de leurs établissements, les 9, 10 et 11 mars 2023 à Saint-Malo.

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