Interview

Remontée des taux d’intérêt : quand placer sa trésorerie fait à nouveau sens

La remontée des taux directeurs de la Banque centrale européennes remet en lumière des placements tombés dans l’oubli ces dix dernières années. Richard Gélis, expert Placements de La Banque Postale, éclaire les conséquences de cette dynamique sur la gestion de trésorerie en entreprise, notamment les stratégies de placements dans un contexte qui reste incertain.

  • #tresorerie
Lecture 2 min
Portrait de Richard Gélis

Toute entreprise disposant d’un excédent de liquidités doit travailler les horizons de disponibilité de cette trésorerie, afin d’être en mesure d’identifier les bons produits de placements, et accéder aux meilleurs rendements possibles.

Richard Gélis — Expert Placements de La Banque Postale

Un contexte inflationniste qui génère une remontée des taux directeurs

C’est un phénomène mondial qui impacte toutes les banques centrales, dont la Banque centrale européenne (BCE) : les taux directeurs sont régulièrement revus à la hausse pour lutter contre l’inflation. Ainsi, après un second semestre 2022 déjà très actif, le Conseil des gouverneurs a décidé d’augmenter à nouveau début février les taux directeurs de la BCE de 50 points de base : depuis le 8 février 2023, le taux de facilité de dépôt, qui guide les taux de marché à court terme, atteint désormais +2,50 %.

Le même Conseil prévoit, sur la base des anticipations d’inflation actuelles, de continuer à les relever, notamment le 16 mars prochain, afin d’atteindre des niveaux suffisamment restrictifs pour assurer un retour au plus tôt de l’inflation à 2 % à moyen terme. « Ce mouvement de remontée des taux directeurs, en réaction aux niveaux élevés d’inflation, devrait se prolonger jusqu’à l’été 2023, prévient Richard Gélis, expert Placements au sein de La Banque Postale, et doit inciter dans ce nouveau contexte les personnes morales à trouver des solutions pour rémunérer leur trésorerie excédentaire ».

Conséquences pour les entreprises : le retour d’une expertise délaissée

Sans surprise, les placements de trésorerie redeviennent intéressants - notamment les produits à court terme, dont les rendements vont tendre progressivement vers 3 % contre 0 %, voire parfois moins, il y a tout juste un an. La remontée des taux permet donc d’offrir un rendement aujourd’hui plus consistant et la sécurité du capital investi. Au sein des entreprises, cela remet au goût du jour une compétence parfois délaissée depuis près de dix ans : l’optimisation de la gestion de trésorerie.

Dès lors, « toute entreprise disposant d’un excédent de liquidités doit travailler les horizons de disponibilité de cette trésorerie, afin d’être en mesure d’identifier les bons produits de placements, et accéder aux meilleurs rendements possibles » conseille Richard Gélis.

Ce travail de projection redevient un sujet de fond et nécessite une vraie expertise. Côté organisation interne, cela peut conduire à dédier un collaborateur à cet enjeu : délivrer du prévisionnel sur plusieurs temporalités, définir un plan de trésorerie à investir et suivre les placements.

Le champ des possibles face aux besoins des entreprises : les placements à terme

  • Compte tenu des incertitudes sur le cycle économique et de la volonté des dirigeants d’entreprise de conserver des liquidités disponibles, « les entreprises dotées d’un excédent de trésorerie vont pour l’essentiel d’entre elles raisonner sur des horizons assez courts, de 3 mois à 12/18 mois. Et pour les trésoreries les plus confortables, jusqu’à des horizons moyen terme, rarement toutefois au-delà de 3 ans ».
  • Pour répondre à ces horizons de placements, « les comptes ou dépôts à terme sont sans nul doute les meilleurs outils actuellement puisqu’ils allient un rendement attractif, à la sécurité du capital investi et une disponibilité des capitaux sous réserve d’un préavis ». Ces outils sont d’autant plus intéressants qu’en cette fin d’hiver, « le profil de la courbe des taux d’intérêt offre, de façon atypique, les meilleurs rendements sur les maturités 12 à 24 mois, souvent au-delà de 3 % l’an » explique l’expert.
  • Une même entreprise peut disposer de différents horizons de placements en fonction de son prévisionnel de trésorerie. « En conséquence, plusieurs comptes ou dépôts à terme pourront être mis en place, sur des maturités différentes, de manière à adapter et optimiser les placements de trésorerie ».
  • En complément de ces supports, pour des placements à partir de quelques jours, « l’entreprise pourra utiliser de nouveau un outil quelque peu négligé ces dernières années, l’OPC monétaire. Ce type de placements, dont le rendement était encore négatif jusqu’en juillet 2022, retrouve des couleurs avec la remontée des taux d’intérêt à court terme, avec un taux Ester atteignant 2,40 % début mars 2023 ». L’OPC monétaire est un outil particulièrement intéressant pour les personnes morales qui n’auraient pas la possibilité d’identifier des horizons de placement permettant de se projeter à quelques mois sur leur trésorerie.

    ©Photographe : Thierry Fanchon

À lire également

Solutions associées