Interview

"Le secteur hospitalier privé non lucratif a montré sa capacité de résilience"

Entre contraintes et opportunités, la crise sanitaire a fortement impacté les établissements hospitaliers du secteur privé non lucratif. Rencontre avec Antoine Perrin, directeur général de la FEHAP.

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Portrait d'Antoine Perrin

Face à la crise, les établissements du Privé Non Lucratif ont dû s’adapter et innover afin de répondre au mieux aux besoins des patients.

Antoine Perrin — Directeur général de la FEHAP (© Patrice Le Bris)

La crise sanitaire génère-t-elle de l’innovation dans les établissements privés à but non lucratif ? À quelles transformations les oblige-t-elle ?

Face à la crise, les établissements du PNL ont dû s’adapter et innover afin de répondre au mieux aux besoins des patients. L’usage de l’outil numérique a permis de développer de nombreux projets. Parmi les plus révélateurs, nous pouvons citer le recours à la téléconsultation, dont celle par téléphone pour la psychiatrie, qui s'est très fortement développé. Les établissements PNL ont également mis en place des modes d’organisation adaptés à la gestion de la crise en période aigue ou en période de déprogrammation. A titre d’exemple, l’installation systématique de sas d’entrée pour limiter les risques de contamination entre patients, ont également permis de protéger les professionnels des établissements.

Plus globalement, les établissements du privé solidaire ont démontré une capacité et une agilité des organisations et des fonctionnements dès le début de la pandémie. Ils ont, par exemple, mis en place de nouvelles formes d’activités, ouvert des lits de réanimation en un temps record ou déployé massivement la vaccination en interne dans un temps très court. 

Qu’est-ce que la crise sanitaire a changé dans les projets hospitaliers ? Quels recentrages ? Quels investissements ajournés ou reportés ? Quelles nouvelles priorités ?

Les projets hospitaliers ont été mis en attente pour un certain nombre d’établissements du privé solidaire du fait de l’impact du confinement. Mais les projets déjà engagés se poursuivent.

Ceux portant sur le numérique se développent largement. En revanche, certains projets d’investissements sont reportés dans l’attente de financements. 

Qu’est que la crise sanitaire a transformé dans les modes d’organisation de l’hôpital ? Dans les relations et les modes de coopération des établissements avec leur écosystème (médecine de ville, Ehpad, élus locaux…) ?

Le fonctionnement hospitalier dans le secteur du PNL a montré sa capacité de résilience et ce, bien que la crise s’inscrive dans la durée. Les établissements ont été capables de multiplier des lits de réanimation par trois en moins d’une semaine en 2020 et ainsi, faire face à l’augmentation des hospitalisations. Cette réactivité a également mis en lumière la capacité de nos établissements à s’adapter à une crise qui dure, sans dégrader la qualité des accompagnements et des soins apportés aux patients.

Comment les relations avec les ARS ont-elles évolué ?

Les rapports avec les ARS sont ambivalents. D’un côté, les ARS ont pu apporter un soutien financier à des établissements en difficulté. Elles ont aussi été en capacité d’adapter les consignes de déprogrammation en tenant compte des consignes nationales.

De l’autre, nous avons parfois constaté dans certaines ARS des difficultés dans la gestion des stocks et des commandes ainsi que dans la répartition des matériels.

Dans ce contexte, la FEHAP demande d’ailleurs qu’un mode de gestion de crise soit intégré au fonctionnement des ARS, dans le cadre d’une évolution de leur fonctionnement.

Une accélération de la transformation numérique est-elle en train de s’opérer dans les établissements ?

Les établissements avaient déjà opéré une forte accélération du numérique avant la pandémie, mais celle-ci s’est intensifiée du fait de la crise. L’utilisation des outils numériques en psychiatrie était ainsi déjà présente dans l’accompagnement des patients. La crise a notamment poussé à développer l’usage de la téléconsultation.

La FEHAP rappelle néanmoins que la téléconsultation ne se substitue pas totalement au présentiel, mais qu’elle constitue plutôt un outil complémentaire dans l’attirail du praticien. 

Le plan de relance est-il susceptible d’intensifier la mobilisation du monde hospitalier privé en faveur de la transition énergétique ? Quels sont, selon vous, les chantiers prioritaires dans ce domaine ?

Le secteur PNL était déjà engagé dans le défi de la transition énergétique : nouvelles constructions immobilières intégrant des innovations, équipements de dialyse participant aux objectifs de développement durable, démarches de développement durable multiples dans les activités proposées aux patients, etc. Le plan de relance peut accélérer cette transformation déjà à l’œuvre dans le secteur du privé solidaire, à la condition que nos établissements soient traités équitablement dans l’allocation des enveloppes financières. Les projets de transformation immobiliers doivent être dimensionnés pour tenir compte des innovations scientifiques et techniques notamment du fait du développement de l’ambulatoire.

De quelle manière le secteur privé non lucratif est-il concerné par la reprise de la dette hospitalière ? Quels hôpitaux y seront éligibles ? Qu’attendez-vous de cette reprise ?

Les établissements de santé privés solidaires qui sont des établissements de santé privés d’intérêt collectif, sont éligibles de plein droit à la reprise de la dette car ils participent au service public hospitalier. La FEHAP souhaite que le secteur du privé solidaire soit traité de manière équitable avec le secteur public. 

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