Les stratégies de rapprochements et de partenariats dans le secteur assurance

Rapprochement, partenariat, fusion… Ça bouge dans le monde de l’assurance. Au-delà de l’opération d’envergure de création d’un « grand pôle financier public » autour de la CDC (Caisse des Dépôts), La Poste, La Banque Postale et la CNP prévue par la Loi Pacte pour être effectif début 2020, de multiples projets voit également le jour.

L'heure est à la concentration, au rachat, au rapprochement dans le secteur de l'assurance. Les raisons ? Les obligations réglementaires de solvabilité imposées par les autorités de tutelles sont de plus en plus contraignantes.

Les réglementations européennes favorisent ainsi la diversification. Ce qui pousse les assureurs de personnes à chercher des partenaires dans l’assurance de biens. Et réciproquement.

De même, beaucoup d’acteurs sont à la recherche d’une taille « critique » qui leur permettrait de faire face aux dépenses technologiques toujours plus lourdes.

De plus le gouvernement a rebattu les cartes en matière de retraite, d’épargne retraite ou d’assurance santé en imposant de nouvelles règles et de nouvelles contraintes, comme la possibilité de renégociation annuelle des contrats.

Enfin, les Assurtechs (les start-up qui utilisent la technologie pour améliorer le service aux clients) n’en finissent pas de « disrupter » le secteur, dans un monde qui se digitalise à grande vitesse.

Chez les bancassureurs, l’heure est donc au branle-bas le combat. Après l'annonce de la rupture avec la Matmut, AG2R La Mondiale n’a pas abandonné ses ambitions de devenir un groupe complet. Le spécialiste de la retraite complémentaire et des assurances de personnes (épargne, prévoyance et santé) cherche donc activement un partenaire spécialiste IARD (assurances auto, habitation, etc.).

« Nous avions déjà eu une première opportunité en 2009 avec la Macif mais cela ne s'était pas fait », expliquait aux Échos André Renaudin, son directeur général. La Macif doit finalement former l'an prochain un nouveau groupe d'assurances avec Aésio.

Groupama de son côté réitère sa « main tendue » à ses « confrères mutualistes », en vue d’un rapprochement souple. Les premières approches auprès de SMACL et de CCMO sont restées infructueuses.

« Nous pouvons mettre en commun nos systèmes informatiques, nos bases de données et joindre nos forces pour gravir la marche de la transformation digitale » plaide Thierry Martel, son DG.

Face à la difficulté d’opérer des rapprochements dans le monde de l’assurance, de nombreux professionnels plaident désormais pour des partenariats.

« Un partenariat opérationnel ponctuel n’est pas une grande manœuvre industrielle : on a tout à y gagner », a rappelé Pascal Demurger, le DG de Maif, lors d’un colloque consacré au sujet.

Un avis partagé par le P.-D.G. d’Axa France, Jacques de Peretti, qui est revenu, pour l’occasion, sur les partenariats noués avec des mutualistes et des IP.

Certains assureurs en ont même fait une stratégie. C’est le cas d’Aviva France qui a créé une direction des partenariats, « les assureurs ont trop longtemps vécu dans un mode clos. Mais nous n’avons pas vocation à tout faire et le temps est venu de s’ouvrir » explique son DG Patrick Dix-Neuf.

Une main tendue aux nouveaux acteurs du secteur, les Assurtechs qui inventent des nouveaux usages et des nouveaux modèles pour l’assurance.