Les prix des matières premières et de l’énergie sont en hausse depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Ce contexte très instable ne permet pas de modéliser des perspectives économiques fiables et les raisons de ces hausses diffèrent : « L’envolée des cours de l’énergie n’est pas une réponse à une pénurie réelle mais à une anticipation de celle-ci. Les variations en la matière en témoignent : après l’accalmie qui a fait suite à la hausse au tout début du conflit, nous sommes à nouveau dans une période de tension liée aux négociations européennes afin de se passer d’ici six mois du pétrole russe » éclaire Alain Henriot. « En revanche, du côté des matières premières industrielles et alimentaires, la hausse des prix est bel et bien une réponse à une pénurie, par exemple sur le titane, et à une restriction de l’offre ».
Si les cours des matières se stabilisaient à leur niveau actuel, l’inflation évaluée sur un an, qui mesure l’évolution des prix, se tempérerait dans les mois à venir (par exemple, le prix du pétrole serait proche en mars 2023 de son niveau de mars 2022). Mais sa structure pourrait évoluer si l’on entre dans une boucle prix-salaires, soit un ajustement des salaires à la hausse des prix : « Il y a aux Etats-Unis une accélération de la hausse des salaires qui, pour l’heure, reste en deçà de la hausse des prix. En Europe, le taux de chômage a baissé mais on constate une inertie sur les salaires ». L’explication ? « Ceux-ci font le plus souvent l’objet de négociations annuelles et celles-ci tiennent plutôt plus ou moins compte de l’inflation passée. Il n’y a pas de mesure liée à une anticipation de l’évolution de l’inflation comme dans les années 1970 ».
Le Smic en France constitue une exception puisqu’il est revalorisé automatiquement en fonction de l’inflation passée. « Logiquement sa récente hausse va se diffuser aux salaires proches du Smic. Ce qui aura là aussi un impact sur la marge des entreprises ».