Selon la Coface, 85 % des entreprises ont été exposées à des retards de paiement en 2024, contre 82 % il y a un an. Et cela alors que la pratique d’accorder des délais de paiement reste très généralisée en France et que ces délais s’allongent : le délai moyen de paiement est ainsi passé à 51 jours en 2024 (il était de 48,2 jours l’an dernier) alors qu’il est de 32 jours en Allemagne et 42 jours en Pologne.
Des retards de paiements plus longs, plus fréquents qui engendrent un risque de défaillance
Toutes tailles d’entreprises confondues, les retards de paiement en France en 2024 sont plus fréquents qu’en 2023. Ils sont aussi plus fréquents que dans d’autres pays dont l’Allemagne. Par ailleurs, et toujours selon la Coface, si la majorité des entreprises déclare des retards de paiement inférieurs à 30 jours, elles sont tout de même 46 % à avoir été confrontées à un retard supérieur à un mois (Enquête Coface, comportements de paiement des entreprises 2024).
En parallèle en un an « Coface note une hausse de 15 % des dossiers de recouvrement d’un montant supérieur à 100 000 euros, relève Anne-Sophie Gallet, un allongement des plans de recouvrement désormais sur 9 mois contre 6 précédemment ».
Or, des travaux(ont montré que les retards de paiement augmentaient la probabilité de défaillance du fournisseur de 25 %, voire de 40 % lorsqu'ils dépassent 30 jours. Et selon Coface, un quart des défauts en France serait dû à des impayés.
Logiquement les défaillances sont donc en hausse (+ 23 %) sur les 7 premiers mois de l’année 2024 comparé à la même période sur 2023. Et cela n’épargne aucune taille d’entreprise : le cabinet Altarès annonce un bond de 47 % des procédures sur un an à fin septembre pour les entreprises de plus de 50 salariés.
Enquête Coface, comportements de paiement des entreprises 2024
Lutter contre l’engrenage « retards de paiement/impayés/difficultés de trésorerie/défaillance »
L’engrenage « retards de paiement/impayés/difficultés de trésorerie/défaillance » n’est pas une fatalité : « la lutte contre les retards de paiements passe par un processus de relance et de recouvrement très structuré. Le cycle de relances doit ainsi démarrer avant l’échéance de la facture » conseille Anne-Sophie Gallet. C’est notamment à ce titre que l’affacturage contribue à une meilleure gestion du poste clients : « en transformant les créances en liquidités, l’affacturage apporte non seulement de la trésorerie mais aussi des services à l’entreprise. Les relances sont externalisées : c’est un vrai plus pour les entreprises qui ne sont pas encore matures dans leur organisation, indique Anne-Sophie Gallet, et pour les entreprises qui traversent une période difficile. Faire intervenir un tiers extérieur apporte de la neutralité dans la relation client ».
Recourir à l’affacturage c’est aussi pour l’entreprise se donner la possibilité de se doter d’une assurance-crédit, soit une garantie contre le risque d’impayés : « cela éloigne le spectre de la défaillance. Mais cela évite aussi les efforts démesurés pour compenser cette perte. Car pour 100 000 euros d’impayés, une entreprise dont le taux de marge est de 5 % devra générer environ 2 millions d’euros de chiffres d’affaires supplémentaires ! ».
L’affacturage, une aide à la gestion du poste clients et au développement de l’entreprise
La flexibilité est le propre de l’affacturage si on le compare aux lignes de crédit classiques : « l’affacturage est adossé au poste clients : il suit donc l’évolution de l’activité et s’adapte au volume des factures émises ».
Et comme il existe différents types d’affacturage (cf. ci-après), cela permet à chaque entreprise d’opter pour le format qui lui convient le mieux.
Ainsi l’affacturage classique peut intéresser un large segment d’entreprises « de la TPE à l’ETI afin de disposer d’un financement des factures et des services associés à la gestion du poste clients. Les ressources internes de l’entreprise peuvent donc se concentrer sur leur cœur de métier. Lorsque le besoin en fonds de roulement (BFR) croît rapidement, ce qui peut être le cas d’une jeune société en développement ou d’une entreprise plus mature qui souhaite, par exemple, s’installer à l’étranger, l’affacturage est la solution appropriée ».
Par ailleurs, l’affacturage n’alourdit pas l’endettement de l’entreprise, qui préserve ainsi ses capacités d’emprunt.
Et si le marché de l’affacturage a plus que doublé en l’espace d’une dizaine d’années, c’est bien parce que les factors ont su adapter leurs offres pour répondre aux besoins plus spécifiques des grandes entreprises.
À noter
Le mot clé en matière d’affacturage est : anticiper. Plutôt que d’attendre les difficultés, mieux vaut mettre en place un contrat quand l’entreprise va bien : elle dispose alors de vraies marges de négociation.
Lorsque le besoin en fonds de roulement croît rapidement, ce qui peut être le cas d’une jeune société en développement ou d’une entreprise plus mature qui souhaite, par exemple, s’installer à l’étranger, l’affacturage est la solution appropriée.
Anne-Sophie Gallet — Directrice commerciale Affacturage à La Banque Postale Leasing & Factoring
Confidentiel, inversé, restructuring, international, syndiqué : l’affacturage s’adapte !
- Très plébiscité par les entreprises, l’affacturage confidentiel se distingue de l’affacturage classique parce qu’il laisse l’entreprise maître de la relation commerciale : ses clients ne sont pas informés de l’existence du contrat d’affacturage. « Bon nombre d’entreprises, et particulièrement des ETI, optent pour des programmes d’affacturage confidentiel sans recours, à vocation déconsolidante. Les créances sont sorties de l’actif du bilan, sans impacter la dette, ce qui permet à l’entreprise d’améliorer ses ratios financiers, comme le ratio d’endettement. C’est un dispositif très intéressant pour les entreprises sous Leverage by out (LBO), indique Anne-Sophie Gallet, car il participe au respect des covenants financiers ».
- L’affacturage inversé est un dispositif destiné à soutenir les fournisseurs « d’un donneur d’ordres qui souhaite les fidéliser et consolider sa chaîne d’approvisionnement ». Une démarche particulièrement pertinente au regard des crises (Covid, guerre en Ukraine, inflation) qui, ces dernières années, ont durement touché les chaînes logistiques. Mais elle est également vertueuse vis-à-vis des fournisseurs qui bénéficieront d’un paiement anticipé de leurs factures par le factor avant la date d’échéance contractuelle. Le donneur d’ordres pérennise sa relation fournisseurs, réduit son BFR et bénéficie de meilleures conditions d’achats et d’escompte. « Destiné à l’origine aux très grands donneurs d’ordre, l’affacturage inversé a été adapté. A La Banque Postale Leasing & Factoring, précise Anne-Sophie Gallet, ces programmes peuvent être proposés à des PME et ETI ». C’est aussi un outil intéressant pour structurer une démarche RSE vis-à-vis de ses fournisseurs, valorisé par la Médiation des entreprises, et qui fait sens si le donneur d’ordres entend se lancer dans les démarches d’obtention du Label Relations fournisseurs et achats responsables.
Autres cas d’usage de l’affacturage : retournement d’entreprise, gestion de trésorerie centralisée et mutualisation des risques
- Lorsqu’une entreprise s’interroge sur la validité de son modèle et qu’à l’aide d’expertises et d’instruments spécifiques, elle travaille à repositionner son activité et à renégocier sa dette pour renouer avec une croissance profitable (principe du retournement ou restructuring), « l’affacturage restructuring qui s’intègre parfaitement à cette stratégie de retournement, apporte une bouffée d’oxygène bienvenue » (lire à ce propos notre article Le retournement d’entreprise en 2024 : actualité, exigences et place de l’affacturage).
- Pour les entreprises qui se développent sur des marchés internationaux, l’affacturage international fait sens puisqu’il finance leurs créances à l’export. « Ce dispositif connaît une forte expansion car il répond aux besoins spécifiques de ces groupes en leur apportant une solution centralisée de gestion de trésorerie. En regroupant la gestion des créances internationales auprès d’un seul factor, le groupe optimise son niveau de trésorerie globale et simplifie le suivi de ses transactions tout en sécurisant ses opérations à l’international » détaille Anne-Sophie Gallet.
- Pour les grandes entreprises dont les besoins de financement dépassent les capacités d’un seul factor, l’affacturage en syndication est la solution idéale de sécurisation de leur trésorerie : « Elle permet aux groupes internationaux une grande flexibilité, facilite le financement dans plusieurs juridictions et offre une capacité de financement accrue et une optimisation des coûts. Autre avantage et non des moindres, le risque de crédit étant partagé entre les factors participants, la solution assure un financement stable et pérenne, ce qui est particulièrement appréciable dans un environnement très incertain. »