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Le rôle du trésorier d’entreprise en 2024 : le point de vue d’une directrice de transaction banking

Hausse des taux, inflation, innovations, digitalisation : pour Ana Catalina Macaya Vargas, directrice Transaction Banking de La Banque Postale et présidente exécutive d’eZyness, l’établissement de paiement et de monnaie électronique de La Banque Postale, toutes ces dimensions ont une influence sur la gestion des liquidités et donc les objectifs d’un trésorier d’entreprise.

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Portrait d'Ana Catalina Macaya Vargas

Un expert transaction banking accompagne les trésoriers sur leurs choix technologiques, mais il ne faut pas tout miser sur la technique : l’organisation et les processus de l’entreprise comptent tout autant.

Ana Catalina Macaya Vargas — Directrice Transaction Banking de La Banque Postale et présidente exécutive d’eZyness

En charge des liquidités de l’entreprise au quotidien, le trésorier a pour mission de gérer de façon optimisée et sécurisée les entrées et sorties d’argent et la couverture des besoins financiers. C’est une fonction dont on attend beaucoup dans le contexte actuel. D’abord parce qu’entre l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, la gestion des liquidités de l’entreprise est de plus en plus exigeante. Ensuite parce que l’innovation technologique et l’accélération de la digitalisation transforment les modalités d’encaissement et de paiement et multiplient l’exposition au risque de fraude notamment le cyber. Quelles sont les conséquences sur la gestion, l’anticipation et la sécurisation des flux monétaires et donc les objectifs du trésorier ? Les réponses d’Ana Catalina Macaya Vargas, directrice Transaction Banking de La Banque Postale et présidente exécutive d’eZyness.

En tant que directrice Transaction Banking de La Banque Postale, quelle est votre perception du rôle du trésorerie d’entreprise ? Observez-vous des changements et si oui lesquels ?

Ana Catalina Macaya Vargas : « Le rôle d’un trésorier d’entreprise est double puisqu’il intervient sur le financement et la gestion de la trésorerie. Comme directrice de transaction banking, je me prononcerai essentiellement sur le deuxième volet. Sur cette dimension-là, les missions du trésorier n’ont pas changé. C’est-à-dire que l’on attend toujours du trésorier qu’il maîtrise le périmètre des comptes que l’entreprise détient, qu’il optimise le cash présent ainsi que son coût/rentabilité tout en assurant la sécurité et la fluidité des process d’encaissement et de décaissement. C’est le focus sur ces missions qui est amené à changer selon la maturité de l’entreprise et/ou son environnement. Ainsi, une société présentant une faible maturité en matière de gestion de trésorerie entraine très logiquement une forte attente sur la visibilité et la rationalisation des coûts dans le cadre de dispositifs plutôt statiques. Par opposition aux entreprises plus matures qui vont aller plus loin dans l’optimisation en développant des approches plus dynamiques. L’environnement de l’entreprise en joue aussi : dans le contexte actuel, la hausse des taux d’intérêt donne une importance renouvelée à l’optimisation de la liquidité, et cela que l’entreprise soit en situation de cash poor ou de cash rich.

Outre la hausse des taux d’intérêts, quels autres facteurs ont un impact sur les attentes vis-à-vis des trésoriers d’entreprise ?

L’environnement actuel se caractérise aussi par le développement des moyens technologiques et l’apparition de nouveaux acteurs favorisée par l’ouverture du marché des paiements consécutif à la Directive de Services de Paiement 2. C’est une tendance de fond sur le marché. Des choix stratégiques et technologiques sont donc requis.

Mais le trésorier peut se trouver assez démuni face à la complexité technologique et surtout à la multiplicité de solutions disponibles, alors même que l’enjeu porté par ces solutions est fort. Ainsi linstantanéité des encaissements et des décaissements sert l’objectif d’optimisation de la trésorerie. Mais cela touche l’entreprise à plusieurs niveaux avec des enjeux de qualité de service, par exemple des remboursements plus rapides, et des enjeux d’organisation comptable ou d’augmentation des ventes pour les directions commerciales/marketing. Ainsi, le paiement sort du seul champ de compétence du trésorier. Dès lors comment cette fonction peut-elle demeurer le gardien du temple du paiement sans contraindre les besoins en la matière des autres fonctions, en particulier le commercial, les achats, la comptabilité et la relation client ? De même avec la digitalisation et son effet sur la sécurisation des process : cette dernière s’avère de plus en plus difficile à concilier face à une cybercriminalité protéiforme et qui se transforme sans cesse. Les moyens technologiques pour la combattre existent mais ils ouvrent aussi de nouvelles possibilités aux fraudeurs.

Par quelle approche un trésorier peut-il relever ce défi d’être à la fois business partner et gardien du temple des flux ?

Un expert transaction banking accompagne les trésoriers sur leurs choix technologiques, mais il ne faut pas tout miser sur la technique : l’organisation et les processus de l’entreprise comptent tout autant.  Par ailleurs, en valorisant l’humain, la profession facilitera son adaptabilité aux évolutions technologiques et macro-économiques. Et cela facilitera de plus l’attractivité de cette profession qui, par sa complexité, est beaucoup plus riche que l’idée que l’on peut s’en faire.

En quoi les métiers du transaction banking peuvent-ils aider les trésoriers dans ce défi ?

Il importe de comprendre que la banque a une expertise complète en matière de paiement et de cash management : les équipes ont une connaissance profonde de l’écosystème. A ce titre, une banque doit d’abord être en position de conseil à l’égard des objectifs du trésorier, pour ses propres outils et aussi vis-à-vis des solutions complémentaires existantes sur le marché. Il y a souvent plusieurs façons de répondre à un même objectif et notre accompagnement permet d’identifier la voie la plus adéquate. En matière de prévision de trésorerie, la palette de solutions est vaste et le choix doit s’appuyer sur deux impératifs : que la solution puisse s’intégrer aux process de l’entreprise et être en adéquation avec son profil et ses besoins. Les points de frictions, il y en a toujours, doivent-être détectés. Le trésorier peut être accompagné par le transaction banking pour se poser les bonnes questions, structurer le projet, en évaluer la dimension et définir les contours de l’équipe qui en aura la charge. Un de nos autres apports est la mise en relation avec des pairs qui ont déjà mené un projet équivalent.

Le transaction banking a aussi vocation à aider le trésorier dans sa recherche de sécurisation des process. Certes la lutte contre la fraude nécessite des solutions mais en amont elle requiert de s’interroger sur la robustesse des process voire de les soumettre à un audit. Aucune solution ne pourra compenser des process défaillants ou un paramétrage de gestion de trésorerie trop faible. Et, considérant que le risque zéro n’existe pas, il faut penser à une  cyber assurance par exemple. »

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