À plus d’un titre, 2020 constitue une année importante pour le groupe Hérige. La crise sanitaire a confirmé la solidité de son nouveau modèle économique, issu d’une politique de retournement lancée 6 ans plus tôt. 2020, qui marque la fin d’une stratégie contrainte par la finance, ouvre une ère « où l’environnement est perçu comme précaire en général et dans notre secteur en particulier, avec de fortes attentes sociétales et des exigences réglementaires accrues en matière de RSE » souligne Stéphane Jan, DAF du groupe. 2020 dote aussi Hérige d’un nouveau président du directoire, Benoit Hennaut. C’est enfin l’année où Hérige opte pour une croissance profitable et durable.
S’ouvrir au crédit à impact garantit la durabilité de l’accès au financement.
Stéphane Jan — Directeur Administratif et Financier du groupe
Comprendre les enjeux RSE du marché du bâtiment
Le groupe, dont le négoce de matériaux fut l’activité première, s’est diversifié avec le béton dans les années 60 puis la menuiserie. L’activité du béton prêt à l’emploi, telle que conçue par Hérige, repose sur l’innovation continue, en partenariat avec l’Ecole centrale de Nantes. Il y a peu, son business model paraissait très abouti. Mais la nouvelle réglementation environnementale fixe des objectifs de décarbonation conséquents pour la construction, qui devrait induire selon différentes analyses une baisse de 15 % des volumes du béton prêt à l’emploi mis sur le marché d’ici à 2030. « Il faut donc penser aux solutions de substitution. Le bois ne pourra subvenir à l’intégralité des besoins du fait du surcout engendré pour le client final et de la disponibilité sur le marché français. D’autres pistes sont à l’étude : utiliser un ciment moins polluant, recourir aux granulats. Il y a une forte opportunité de développement pour ceux qui trouveront un produit intermédiaire. L’autre défi/opportunité est bien évidemment le recyclage ».
Si la menuiserie est la branche du groupe qui présente les perspectives les plus dégagées, c’est aussi parce qu’elle bénéfice de la même démarche d’innovation, avec AM-X, une nouvelle génération de menuiseries multi-matériaux.
Enfin, pour la branche négoce, « il faut revenir au plus près de nos clients, coller aux standards les plus élevés du marché et redéfinir notre stratégie en prenant des positions sur les enjeux forts de cette branche : le recyclage, le bois, les travaux publics… ».
Carte d'identité du groupe Hérige
- Création : 1907
- Implantation : Groupe familial vendéen présent sur les régions du Grand Ouest et de l’outre-mer ainsi qu’en Chine et au Canada.
- Activité : Négoce de matériaux, industrie du béton et menuiserie industrielle
- Effectifs : 2 400 salariés
- CA Groupe 2021 : 712 millions d’euros
- REX/CA 2021 : 4,4 % (2% en 2018)
La stratégie RSE du Groupe Hérige ? « Une transformation profonde »
La structuration de la démarche RSE d’Hérige date de 2020 : « Nous n’avons pas de stratégie rigide mais des fils rouges. La RSE est une transformation à la fois profonde, en filigrane et en transversale de nos activités, de notre gouvernance et de notre schéma d’animation de la performance globale ». Le pilotage de la trajectoire carbone s’appuie sur trois piliers : la diffusion d’une culture via un programme de formation dispensé par Middlenext ; la gouvernance afin qu’au sein de tout projet l’impact carbone soit intégré ; et le suivi. « Nous nous appuyons sur des postes dédiés, dont une contrôleuse de gestion RSE en charge de déployer notamment des modules de suivi de gaz à effet de serre dans nos systèmes d’informations ».
Il était donc logique que le groupe souhaite lier ses engagements RSE à ses financements. « Avec des objectifs précis : en 2021 les prêts à impact ont représenté 50 % des 42 millions d’euros d’emprunt. Nous visons 2/3 tiers en 2022 et 100 % en 2023 ». Le récent crédit à impact conclu entre le groupe Hérige et La Banque Postale repose sur des indicateurs qui sont le fruit d’un « travail pragmatique » entre les deux parties : trajectoire carbone, diminution du taux d’accident du travail avec arrêt, féminisation des cadres.
Le DAF et la durabilité de l’accès au financement
« Nous allons rester sur ces indicateurs pour les prochains crédits : ils sont pertinents au regard de notre trajectoire ». Recourir à un crédit à impact pour Stéphane Jan, « ce n’est pas envisager d’abord l’avantage financier, même s’il est réel. C’est avant tout établir des axes RSE qui correspondent à des aspirations réelles et à une capacité de la direction RSE et de la direction finance à mener ces objectifs à bien ». Le DAF incite les entreprises à ce type de financement car « le dialogue avec les partenaires bancaires est pour l’heure assez libre : c’est un gage de sincérité de l’ambition RSE de l’entreprise. C’est aussi se lancer dans une voie qui, à terme, garantit la durabilité de l’accès au financement, un élément bien plus prioritaire que la recherche de taux optimisés ».
La trajectoire de ce crédit à impact, l'un des deux premiers de La Banque Postale au niveau national, c’est la co-construction. Dès la fin 2020, Hérige nous avait fait connaître sa volonté de verdir ses financements. À cette date, nous ne disposions pas de cette offre de crédit à impact. Celle-ci s’est bâtie au regard des attentes des clients et de leurs possibles contraintes, la tarification n’étant pas le seul levier. Avec Hérige, nous avons donc mené une réflexion conjointe sur les indicateurs à retenir et sur leur suivi afin qu’il soit efficace et ne conduise pas à un process trop lourd pour le client.
Grégory Forest — Chargé d’Affaires Entreprises Nantes – Pays de la Loire, La Banque Postale