La Banque Postale a été le seul établissement de crédit à proposer un financement à vocation écologique. Ce prêt vert, assorti d’un taux bonifié, nous permet d’aligner le financement de nos investissements sur leur finalité environnementale.
Nicolas Even, directeur du SIAEPA de la Région d’Arveyres
Quels sont les enjeux auxquels le territoire de la région d’Arveyres est confronté en matière d’accès à l’eau potable ?
Nicolas Even : Situé entre Libourne, Bordeaux et Créon, au sud de la Dordogne, le territoire de la région d’Arveyres accueille régulièrement de nouveaux habitants et connaît une croissance démographique soutenue. Nous avons la chance de disposer d’une ressource en eau potable d’excellente qualité, provenant de sources en nappes profondes (puisées jusqu’à plus de 300 mètres). Mais, à force d’être sollicitées, ces nappes se rechargent désormais moins vite qu’elles ne sont captées, situation qui tend donc vers le déséquilibre.
Les 18 communes membres du syndicat développent dès lors une vigilance accrue sur les niveaux de prélèvements, pour que la ressource puisse se reconstituer. Et clairement, pour nous autorité compétente, l’enjeu majeur est aujourd’hui d’être plus efficients dans notre gestion de la distribution d’eau, du pompage jusqu’au robinet. L’objectif est que, du point de vue de l’accès à l’eau potable, l’accueil de nouveaux arrivants ne se fasse pas au détriment des populations déjà en place.
Qu’implique la nécessité d’une distribution d’eau potable plus efficiente ?
Nicolas Even : Nous devons engager d’importants efforts de gestion patrimoniale afin de disposer de réseaux d’adduction d’eau potable les moins fuyards possible. Limiter les pertes implique une politique de renouvellement soutenue de nos réseaux et branchements. Un patrimoine dont la durée de vie atteint 60 ans, mais dont il faut anticiper le renouvellement. Avec plus de 460 km de réseaux sur notre territoire, le renouvellement de nos réseaux de distribution est un travail de longue haleine, qui mobilise chaque année une enveloppe financière dédiée, de plus en plus importante au fil du temps.
Quelle est l’importance du chemin à parcourir pour le SIAEPA de la Région d’Arveyres ?
Nicolas Even : Le rendement actuel de notre réseau est de 73 %. Ce qui signifie que 27 % des volumes d’eau potable distribués sont perdus en ligne. Ces chiffres nous placent en dessous de la moyenne nationale*$. Cela s’explique par la typologie de notre territoire, avec un linéaire de réseau très important, où abondent les zones peu accessibles ou situées en domaine privé, des secteurs où il peut s’avérer compliqué d’effectuer un suivi précis et pointu de l’état des réseaux.
Le rendement moyen du réseau de distribution d’eau potable en France était de 81% en 2023.
Pour atteindre vos objectifs de diminution des pertes en eau potable, quels sont les chantiers déployés ?
Nicolas Even : Le premier levier mobilisé – avant même le renouvellement des réseaux – est celui du déploiement d’outils de comptage, afin de délimiter plus précisément les secteurs géographiques et de mieux cibler la localisation et la réparation des fuites. À cette fin, le SIAEPA de la Région d’Arveyres mobilise des moyens humains et techniques, notamment les écoutes acoustiques et les recherches de nuit, incontournables lorsque les fuites sont invisibles et que l’eau s’infiltre dans le sol.
Par ailleurs – et c’est le projet pour lequel La Banque Postale nous accompagne – le SIAEPA de la Région d’Arveyres a engagé, depuis 2023 et jusqu’en 2032, un programme pluriannuel d’investissements, très ambitieux, dont l’intensité ira croissante, et qui vise à renouveler un total de 100 km de réseaux.
Comment les priorités d’investissement ont-elles été définies ?
Nicolas Even : La planification des travaux les plus urgents repose bien sûr sur des critères de vétusté des différentes portions du réseau. Nous privilégions également les segments sur-sollicités du fait d’un afflux de nouveaux habitants, ainsi que les secteurs fragilisés par des contraintes routières, avec mouvements de terrain, instabilité des sous-sols, etc.
Nos priorités vont aux réseaux les plus structurants, c’est-à-dire ceux de gros diamètre (de 100 à 160 mm).
Quel est le projet pour lequel La Banque Postale accompagne le SIAEPA par le biais d’un prêt vert ?
Nicolas Even : Il s’agit de la deuxième tranche de travaux, d’un montant de 1,5 millions d’euros, qui va nous permettre de renouveler 7 km de réseaux de distribution d’eau. Les travaux ont démarré fin 2024 et s’étaleront jusqu’à la fin du premier semestre 2026, avec un rythme sensiblement accéléré en 2025, afin d’anticiper les élections municipales à venir. Nous savons que le temps de mise en place des nouvelles équipes municipales et de reconstitution de notre conseil syndical sera ensuite incontournable…
À plus long terme, notre plan d’investissements est très ambitieux. Sa volumétrie est en train de changer d’échelle et elle a vocation à augmenter encore dans les années à venir. L’objectif – et les autorités de l’État y sont très attentives – est de nous montrer plus vertueux et efficaces dans la distribution de l’eau potable, ceci afin de limiter les volumes perdus.
Pourquoi le choix de La Banque Postale pour vous accompagner ?
Nicolas Even : Lors de la consultation, La Banque Postale a été le seul établissement de crédit à proposer un financement à vocation écologique. Ce prêt vert, assorti d’un taux bonifié, nous permet d’aligner le financement de nos investissements sur leur finalité environnementale.
Nous avons également perçu la forte volonté de La Banque Postale de nous accompagner, en affirmant son positionnement sur des financements vertueux.
Dans le domaine de l’eau, la réglementation impose que ce soit le prix de l’eau potable qui finance les travaux correspondants. Quel est donc l’impact des investissements réalisés sur la facture d’eau des usagers ?
Nicolas Even : Le financement des investissements qui concernent l’eau potable par les usagers de ce service est effectivement un principe immuable. Chaque service – eau potable ou assainissement – doit s’équilibrer comptablement de ce point de vue.
C’est pourquoi, la volumétrie des travaux de renouvellement de réseaux à réaliser devant augmenter dans les années à venir, le SIAEPA de la Région d’Arveyres procède d’ores et déjà à des évolutions tarifaires, de l’ordre de 5 à 10 % par an, qui vont devoir être portées à 10 ou 15% par an dans l’avenir.
La volumétrie des travaux va progressivement augmenter, au rythme de l’évolution de ce provisionnement.
Ces évolutions tarifaires s’assortissent-elles d’efforts de communication en direction des usagers ?
Nicolas Even : Bien entendu. Depuis quelques années, une évolution des mentalités se fait jour : les citoyens ont pris conscience de la rareté - et donc de la préciosité de la ressource en eau. Mais il nous faut naturellement justifier les hausses de tarifs et renforcer leur acceptabilité en communiquant de manière transparente sur nos investissements. C’est ce que nous faisons, avec l’aide du SMEGREG (Syndicat Mixte d’Étude et de Gestion de la Ressource en Eau du département de la Gironde), établissement public dédié à l’étude des nappes profondes en Gironde, qui nous fournit des supports pédagogiques et matériels dédiés aux économies d’eau.
Nous savons que des optimisations sont possibles, de l’ordre de 10 à 20% d’économies à l’année pour une maison d’habitation.
Les études menées sur le sujet montrent d’ailleurs qu’une hausse du prix de l’eau potable contribue à l’optimisation de la consommation.
Qu’en est-il du volet « assainissement » sur le plan des investissements ?
Nicolas Even : C’est un autre chantier très mobilisateur en termes d’investissements pour le SIAEPA de la Région d’Arveyres. Notre équipement en réseau d’assainissement a démarré au début des années 1980. Les ouvrages les plus anciens doivent aujourd’hui être renouvelés. C’est un nouvel enjeu pour le SIAEPA de la Région d’Arveyres, qui privilégiait jusqu’ici les travaux d’extension.
Le SIAEPA de la Région d’Arveyres en chiffres-clés
- 3 compétences : eau potable, assainissement collectif, contrôle et conseil en matière d’assainissement non collectif.
- 18 communes de Gironde rattachées
- Plus de 26 000 habitants desservis
- 460 km de réseaux de distribution d’eau
- Un rendement moyen du réseau de 73 %