Associations du secteur culturel : l’heure de la reprise et des défis

Depuis le 19 mai, les activités des associations culturelles ont repris. Comment ce secteur a-t-il tenu et préparé la reprise ? Quels sont ses besoins et ses attentes ? Eléments de réponse avec Marie-Claire Martel, présidente de la Coordination des Fédérations et Associations de Culture et de Communication (Cofac).

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Que l’on parle des secteurs fermés sans discontinuer depuis le premier confinement, tels que le patrimoine, les musées, les pratiques en amateur ou des secteurs qui ont eu à gérer une activité restreinte ou différente, cette année écoulée a été forcément difficile. « En tant que secteur non lucratif, recouvrant une grande diversité d’activités culturelles, artistiques, pédagogiques, réparti sur tout le territoire, nous avons pu mesurer l’importance d’une structuration du réseau, qui permet de faciliter la remontée et surtout la descente d’informations » souligne Marie-Claire Martel, dont la structure qui regroupe plusieurs dizaines de milliers d’associations, peut se targuer d’une vraie connaissance du secteur, notamment sur des activités très pointues.

 

De l’importance de se structurer pour se faire entendre

Marie-Claire Martel, Présidente de la Coordination des Fédérations et Associations de Culture et de Communication (Cofac).

 « Globalement, 50 % des structures sont restées fermées, indique la présidente de la Cofac. Pour faire face à cette fermeture et donc au manque de recettes, les associations ont obtenu des modifications sur les dispositifs d’Etat d’abord construits pour le secteur lucratif. Au tout début, toute subvention versée, ne serait-ce qu’à hauteur de 1% du budget, bloquait l’accès au chômage partiel ». Or, sur les 360 000 associations du secteur, 40 000 sont employeuses. Le secteur a obtenu la levée ce blocage. D’autres adaptations plus techniques ont suivi afin de permettre l’éligibilité des artistes au chômage partiel par exemple.

Du point de vue budgétaire, une année atypique

Si les ressources propres constituent le premier poste de financement du secteur, les subventions représentent encore 24 % de leur budget annuel, malgré une baisse marquée sur la dernière décennie. Une circulaire a fait sauter la « clause de service fait » pour l’année 2020, c’est-à-dire « l’obligation de remboursement de la subvention si l’activité n’est pas réalisée. Ce qui a permis de sécuriser la trésorerie. Un vrai coup de pouce pour une année lourde » puisque sans billetterie notamment. En sus d’un émargement possible au fonds de solidarité, les associations culturelles ont aussi parfois bénéficié d’aides départementales voire communales.

Côté dons ou mécénat, « la conjoncture a nécessairement rebattu les cartes car les fonds alloués jusqu’alors au secteur culturel ont été dirigés pour partie vers le social et le sanitaire ». Un des défis à venir pour le secteur associatif culturel en termes de financement pourrait être d’arriver à impliquer à nouveau les entreprises. « Pour le moment, le mécénat privé est très complexe à gérer pour nos associations car il repose beaucoup sur l’appel à projets, ce qui réduit la liberté associative. De plus, l’autorisation de contreparties favorise les institutions culturelles publiques ».

Bon à savoir

Le secteur a su mettre à profit cette période où ses activités étaient suspendues et celles de la plupart des entreprises réduites, grâce à une forte augmentation du mécénat de compétences. Ainsi, la Cofac a bénéficié de la solidarité nouvelle et informelle d’une société de services informatiques, ce qui lui a permis de réaliser un guide juridique et technique pour organiser les votes en ligne des instances représentatives des associations.

Remobiliser les ressources humaines

Le bénévolat, rendu impossible dans le secteur artistique, pédagogique, culturel puisque les activités étaient fermées, est le premier point d’interrogation dans le cadre de la reprise. « Les associations ont besoin de solutions pour remobiliser le bénévolat, une ressource sur laquelle certaines activités comptent particulièrement » éclaire la présidente de la Cofac. Tel est le cas des musées ou festivals associatifs : leur modèle économique repose majoritairement sur le bénévolat et des salariés souvent saisonniers, dont les conditions de réembauche sont encore complexes. L’acceptation d’une vaccination massive pour les populations tournées vers le bénévolat joue aussi dans les projections du secteur. Enfin, « les bénévoles associatifs culturels seront sans nul doute mieux incités à reprendre leurs activités lorsque les pratiques amateurs, qui concernent 16 millions de personnes, retrouveront droit de cité ». 

 

Faire renaitre le lien social dans les territoires ruraux

Le second point d’interrogation concerne la visibilité des conditions de réouverture : si une organisation se mobilise mais est contrainte d’annuler un événement, elle sera tenue d’honorer les commandes engagées, puisque la force majeure n’est plus applicable. « Sur ce point, nous pouvons nous appuyer sur les collectivités territoriales qui connaissent parfaitement l’importance de notre secteur dans la construction et la préservation du lien social. L’un des apports majeurs de notre secteur, avant même l’accès à la culture, est de cultiver un lien ». Le manque s’est fait particulièrement sentir dans les territoires ruraux, surtout pour les seniors et encore plus pour les femmes, tous âges confondus. C’est pourquoi pour faciliter la relance, « le département de l’Ain, a d’ores et déjà accepté le principe d’un fonds de garantie contre une nouvelle fermeture », pour sécuriser les avances engagées en prévision d’un événement ou une réouverture. Une démarche qui pourrait servir d’exemple et qui mériterait d’être généralisée.

Focus sur les associations tête deréseau

Le contexte COVID a aussi fragilisé les associations têtes de réseau du secteur de la culture. Or, leur rôle est primordial pour les associations de terrain, qui ont besoin de ce relai pour bénéficier des politiques publiques nationales, d’expertise juridique ou encore de la formation… Elles doivent de ce fait être soutenues si l’on veut éviter que leur disparition ne fragilise tout un réseau d’associations de terrain. 

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