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État des lieux du secteur associatif après plus d’un an de crise sanitaire : ce que l’on sait et ce qu’il reste à définir

Alors que Le Mouvement Associatif lance sa troisième enquête sur les impacts de la crise pour les associations, sa déléguée générale, Frédérique Pfrunder, dresse un état des lieux à date. Fracture sectorielle, bénévolat en mutation, inquiétude pour la reprise mais aussi résilience et coopération marquent l’année écoulée sous le signe de la Covid-19.

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Des fractures liées aux champs d’activité

A l’instar du secteur privé, la fracture du secteur associatif en deux catégories est avant tout liée aux champs d’activités. La première catégorie regroupe les acteurs dont les activités ont fortement pâti de la crise sanitaire, soit qu’elles aient été mises à l’arrêt ou quasiment, limitées ou en dents de scie. Il s’agit là du tourisme social, du sport, des loisirs et de la culture… A l’inverse, les champs d’activité relevant du social, du sanitaire, du médico-social, ou de lutte contre le décrochage scolaire sont en suractivité, en ce sens que les besoins y sont bien plus forts que précédemment et que les réponses apportées doivent coexister avec des contraintes d’exercice fortes.

Portrait de Frédérique Pfrunder

Dans un cas comme dans l’autre, les associations ont dû adapter leurs activités, que ce soit pour répondre aux besoins croissants, pour transformer leurs modes d’action, ou simplement maintenir un lien entre les bénévoles actifs malgré l’arrêt des activités.

Frédérique Pfrunder — Déléguée générale Le Mouvement Associatif.

Des inquiétudes sur les sources de financement

S’il est encore difficile de dresser une chronologie précise des difficultés rencontrées par les associations durant cette année de crise sanitaire, on peut toutefois parler d’un décalage des inquiétudes au fil du temps. « Au premier déconfinement, bien des associations avaient des craintes sur leur trésorerie et leur budget. Grâce aux dispositifs d’aides publiques, au maintien des subventions, à leur capacité de reconversion de leurs activités, il y a eu moins de défaillances d’associations en 2020 que ce que l’on craignait a priori ». Revers de la médaille, les inquiétudes liées au financement se sont décalées de près d’un an.

La première inquiétude concerne les cotisations, en forte baisse : « Les campagnes d’appel à cotisations, qui sont traditionnellement menés en juin et/ou septembre/octobre, tombaient dans un contexte très incertain, où chacun avait du mal à se projeter. Dès lors les cotisations n’ont pas abondé ». Une corrélation qui n’augure rien de bon donc pour 2021 en la matière. L’autre inquiétude porte sur les subventions publiques des collectivités territoriales confrontées à des contraintes budgétaires fortes liées à la crise sanitaire. A cela s’ajoute pour les régions et départements, l’incertitude induite par les élections à venir. Les collectivités étant bien placées pour savoir que la remise en route du tissu associatif est essentielle au lien social, cela peut laisser espérer une préservation de ces subventions, lesquelles « représentent environ 20 % du financement du secteur associatif » estime Frédérique Pfrunder.

Répondreà des besoins urgents en se renouvelant est dans l’ADN des associations

« La réactivité des associations a été démontrée, que l’on songe à la transformation des activités physiques en numérique, ou à leur capacité à aller chercher des moyens notamment dans le secteur parascolaire ou pédagogique » se félicite Frédérique Pfrunder, qui relève aussi à l’occasion de cette crise, une dynamique renforcée de coopération : « Les associations ont travaillé leur complémentarité, en termes de compétences ou de bénévolat, mais aussi dans leurs approches pour répondre aux besoins nouveaux liés à la crise, par exemple l’aide aux personnes isolées par le portage de courses et le maintien d’un lien social par téléphone ».

Une capacité de rebond qui s’avère fort précieuse si l’on porte son regard à l’horizon 2022, date de la reprise d’activité attendue. Celle-ci devra tenir compte d’abord de l’évolution des besoins, en forte augmentation dans certains secteurs donc, mais aussi de nature différente, désormais. A cela s’ajoute une croissance des charges liée au développement d’une part du numérique, et d’autre part, des coûts fixes (par exemple les frais d’équipement de protection des adhérents et bénévoles) et à une baisse logique des recettes, compte tenu des jauges à appliquer lors de la tenue future des évènements. Un élément positif est à retenir : la générosité des Français n’a pas diminué, et la crise a même suscité de nouveaux dons, mais les associations n’en ont pas toutes bénéficié de la même façon, en fonction de leur secteur d’activité.

Lebénévolat en pleine mutation ?

Dès le début de la crise, une forte envie d’engagement et de solidarité est née chez des populations non bénévoles jusqu’alors. Ce qui a débouché sur des actions au sein d’associations existantes ou des initiatives collectives, dont la continuité dans le temps a rencontré un écueil : le manque de visibilité. « La vraie question est celle de la pérennité de ces engagements. Pour les initiatives collectives, cela passe par une vraie structuration. Pour les nouveaux bénévoles au sein d’associations existantes, l’enjeu est de permettre à ces envies d’engagement de perdurer. Il faut créer des possibilités d’engagements plus ponctuels, plus conformes aux contraintes des actifs, ce que favorise le développement de plateformes de mise en relation. Mais gérer une multitude d’engagements ponctuels est très compliqué pour une association ». Enfin une interrogation demeure : celle de la ré-implication des plus de 65 ans, tenus éloignés des activités des associations en tant que population fragile.

Unenouvelle enquête pour mieux servir le secteur associatif

« Les enquêtes, et les analyses qui ont suivi, en mars 2020 et mai 2020, ont permis de qualifier les besoins prioritaires nés de cette crise et d’appuyer nos demandes de création de mécanismes sur-mesure. Je pense ici au dispositif UrgencESS, une aide directe destinée aux petites structures employeuses du secteur de l’économie sociale et solidaire ». Ces enquêtes ont aussi permis d’expliquer l’inadéquation de certains dispositifs généraux dans leur version initiale au secteur associatif, dont les spécificités sont désormais prises en compte par exemple par le fonds de solidarité et le dispositif de chômage partiel. Autre débouché pratique de ces enquêtes : la mise à disposition d’outils adaptés à cette période si atypique. Le Mouvement Associatif a ainsi recensé de nombreux outils (webinaires, moocs, formations) mis à disposition des associations et la Coordination des Fédérations et Associations de Culture et de Communication (Cofac) a créé une solution comparative d’outils de vote et de prise de décision à distance.

La troisième enquête portée par Le Mouvement Associatif afin de faire le point sur les impacts de la crise pour les associations, la situation actuelle et les perspectives envisagées est lancée. Elle s’intègre dans la continuité des précédentes et ajoute une dimension : des questions concernant le moral des responsables associatifs. Alors participez !

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