Quelles conséquences économiques aura le vieillissement de la population ?

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Le vieillissement démographique s’accompagne d’une augmentation de la dépendance. Celui-ci va s’accentuer dans les années à venir, ce qui ne sera pas sans impact sur l’économie globale. En France, une femme peut espérer vivre en bonne santé jusqu’à 77 ans en moyenne, et un homme jusqu’à 75,5 ans. Mais on le sait, le vieillissement démographique - donc l’augmentation de l’âge moyen ou médian au sein de la population - s’accompagne d’une augmentation de la dépendance. Or le vieillissement de la population va s’accentuer dans les années à venir, ce qui ne sera pas sans impact sur l’économie globale. Gros plan.

Le vieillissement est un phénomène mondial qui touche les pays du globe ayant achevé leur transition démographique. Après le Japon - où 29,3 % de la population est actuellement âgée de plus de 65 ans - et la Chine - qui devrait compter 220 millions de personnes en âge de travailler en moins en 2050 - l’Union européenne fait partie des zones où ce vieillissement démographique est le plus prononcé. L’âge médian y était de 42,5 ans en 2020, contre 30,9 ans au niveau mondial. L’Europe est passée de 17,5 % de personnes de 65 ans ou plus en 2010 à 20,1 % en 2019*$.

En France, les plus de 60 ans devraient représenter un tiers de la population en 2050, contre un quart aujourd’hui. Et si l’espérance de vie en bonne santé progresse, elle aussi, le vieillissement démographique de notre pays aura des incidences globales sur l’économie.

  • Source : Eurostat

Le vieillissement démographique a des conséquences macroéconomiques

La sortie massive des baby boomers du marché du travail a accru les pénuries de main d’œuvre dans de nombreux secteurs. Dans la zone euro, la population des 15-64 ans en âge de travailler compte environ 1 million de personnes de moins chaque année. Or ce phénomène, constant depuis une décennie, va s’accentuer avec le vieillissement démographique. Ce sont autant d’effectifs en moins dans les entreprises. Le secteur sanitaire et médico-social n’est pas en reste, et fait face aux difficultés de recrutement de personnels de soin et de professionnels paramédicaux que l’on connait.

Les tensions sur le marché du travail produisent de l’inflation. Mais les liens entre inflation et vieillissement sont en réalité plus complexes. Les économistes ont ainsi établi que plus la population comptait de personnes jeunes et âgées, plus l’inflation était élevée. Autrement dit qu’une population d’âge actif nombreuse avait un effet désinflationniste. De ce fait, le recul de la population jeune en France pourrait compenser les effets de la part croissante de personnes âgées dans la population.

Autre conséquence du vieillissement de la population : la croissance mondiale, qui est bien entendu générée par la population active, tend à s’affaiblir. Pour cette raison entre autres, les prévisions de croissance du Fonds Monétaire International pour la France sont orientées à la baisse : le FMI anticipe une croissance à 1,3 % à moyen terme, reculant à 1 % à long terme, à mesure que la population française vieillira.

Les finances publiques seront impactées

Le vieillissement de la population a un impact évident sur les finances publiques. Ce lien est directement corrélé à ce que l’on appelle le « ratio dépendance personnes âgées », qui se définit comme le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus pour 100 personnes d’âge actif. Or pour l’ensemble des pays de l’Union européenne, ce ratio va connaître une forte hausse, passant progressivement de 28 % en 2015 (un retraité pour quatre actifs) à 53 % en 2060 (un pour deux environ). Avec un taux de seulement 47 % à cette même date, la France devrait avoir une situation relativement privilégiée.

On estime que 40 % à 60 % des dépenses publiques dépendent de la structure par âge de la population. Sur la base des politiques actuelles, les dépenses publiques directement liées à l’âge pourraient s’accroître d’environ 4,1 points de produit intérieur brut (PIB) dans l’Union à vingt-sept sur la période 2010-2060. L’essentiel de cette augmentation proviendrait des dépenses de retraite (+ 1,5 point), des dépenses de santé (+ 1,1 point) et de la prise en charge de la dépendance (+ 1,5 point).

Enfin, l’augmentation du nombre des séniors a des incidences fiscales. Dans une économie française où les transferts publics intergénérationnels sont essentiellement ascendants (des actifs vers les plus âgés), l’évolution du ratio « dépendance personnes âgées » est un bon indicateur de la charge fiscale que va constituer le vieillissement pour les générations actives.

Le système de santé sera impacté

D’ici 2024 la demande de soins va fortement s’accroître, mais les capacités d’accueil resteront limitées, faute de personnel. La Cour des Comptes estime à 3 millions pour la période 2013-2019 et à 13 millions pour la période 2020-2040 le nombre de nuits d’hospitalisation supplémentaires induites par ce vieillissement démographique. Cette projection correspond à 45 000 lits supplémentaires en médecine et en chirurgie, à modes de prise en charge inchangés.

Les effets du vieillissement de la population entre 2013 et 2019 ont été absorbés par les hôpitaux grâce aux réductions des durées de séjour. Mais il ne pourra pas en être de même à l’avenir : une progression du taux de chirurgie ambulatoire de 62,3 % en 2021 à 80 % à 2040 ne permettrait en effet de compenser qu’un tiers des besoins nouveaux en lits liés à la hausse du nombre de personnes âgées de 75 ans et plus malades et/ou dépendantes. Aussi la Cour des Comptes appelle-t’elle à repenser les parcours de soins coordonnés pour réduire le nombre de passages dans les services d’urgence et d’hospitalisation.

Les parcours des patients âgés présentent en effet des atypies : après un passage aux urgences, près de 50 % d’entre eux sont hospitalisés, contre 14 % pour les patients de moins de 75 ans. Dans les cas suivis d’un retour à domicile ou d’une sortie en établissement psychiatrique, leur durée moyenne de séjour (6,5 jours) est également supérieure à celle du reste de la population (3,5 jours).

Par ailleurs, un senior sur quatre habite dans un territoire mal desservi par les prestataires de soins (Ehpad, résidences autonomie, infirmières libérales, services d’aide à domicile etc.). Aussi, les dépenses d’hospitalisation de ces populations sont-elles plus élevées que dans les territoires mieux dotés. Pour la Cour des Comptes, la réduction des écarts de parcours entre patients âgés et plus jeunes passe par un renforcement de l’offre médico-sociale et de soins primaires dans ces territoires sous-dotés, pour améliorer la prise en charge des personnes âgées en amont et en aval de l’hôpital, afin de réduire la pression sur le système hospitalier.

Le secteur du logement aux avant-postes

Inéluctable, la transition démographique à venir va par ailleurs créer de nouveaux enjeux d’accessibilité et d’adaptation des logements sociaux. Cela notamment pour tenir compte des aspirations de la population qui veut vieillir à domicile. La croissance du nombre de locataires âgés dans le parc social constitue un fait démographique avéré. Une étude comparative des enquêtes Logement de l’Insee montre ainsi que parmi les locataires du parc social, 24 % des « chefs de famille » avaient moins de 30 ans en 1984, contre 8 % en 2013. 20 % appartenaient à la tranche d’âge 50-64 ans, contre 30 % en 2013. Et 15 % avaient plus de 65 ans, contre 22 %. Un important bailleur social parisien ayant déjà 46 % de titulaires de bail âgés de plus de 60 ans estime que leur part va augmenter d’au minimum 1 % par an.

Tout porte à croire que cette tendance va continuer à s’accentuer. Ceci du fait de la tendance des personnes âgées à souhaiter conserver leur logement et de la précarité touchant une part importante de cette population.

Dans son rapport annuel de 2018, l’ANCOLS estimait que plus d’un logement sur deux est potentiellement concerné par le vieillissement de ses habitants à court ou moyen terme. L’agence soulignait alors la nécessité, pour les organismes, de passer d’une logique de réponses ponctuelles à une approche globale et proactive d’accessibilité et d’adaptation. Or selon le baromètre Qualibel, les principales raisons de l’inadaptation des logements sociaux aux personnes âgées sont la présence d’escaliers et de marches (l’accessibilité donc, pour 76 % des sondés), puis l’inadaptation de la salle de bain (53 %).

La « silver economy » a le vent en poupe

En France, l’espérance de vie en bonne santé progresse plus vite que le vieillissement. C’est ce que montre une étude de la DREES (la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la santé) publiée le 31 décembre 2024. Dans notre pays, les hommes atteignant l’âge de 65 ans peuvent espérer vivre 10,5 années, sans que des problèmes de santé viennent entraver leur vie quotidienne. Pour les femmes, cette probabilité est de 12 ans. L’espérance de vie en bonne santé en France est d’ailleurs supérieure à la moyenne européenne : de 2 ans et 6 mois pour les femmes et de 1 an et 4 mois pour les hommes.

Or comme le montrent les études les plus en pointe sur le sujet – qui sont américaines – les plus de 65 ans forment depuis quelques années la classe d’âge la plus importante dans la consommation totale des ménages. La « silver economy » (ou économie des séniors) a de beaux jours devant elle.

L’augmentation de l’âge médian de la population n’a ainsi pas que des impacts négatifs. Elle induit de nouveaux besoins de consommation, aussi bien dans le registre du loisir et du divertissement que dans celui des services de santé et de bien-être, ou encore de l’amélioration de l’habitat. Mais à rebours des clichés, on voit aussi émerger une tendance de consommation liée aux produits et services tech et digitaux avec l’arrivée à l’âge de la retraite des « nouveaux seniors ».

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