Les mutuelles et leurs adhérents face à la crise sanitaire : retours d’expérience

Olivier Pouyaud, président de la mutuelle de la RATP et Benoit Briatte, président de la MGP, la mutuelle des forces de sécurité, expliquent comment leurs structures respectives se sont adaptées pour accompagner leurs adhérents.

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Des adhérents qui remplissent une mission de service public. Ce point commun a fortement joué sur les deux mutuelles lors (et depuis) le premier confinement : leurs salariés étaient soumis à l’impératif du restez-chez-vous, quand les adhérents continuaient d’être sur le terrain. « Nous devions tenir notre engagement d’accompagnement » rappellent Olivier Pouyaud (RATP) et Benoit Briatte (MGP).

Des réglementations changeantes et contraignantes

« Cette pandémie brutale a entrainé une désorganisation de la communauté nationale. Les réglementations changeantes et contraignantes ont constitué une rare difficulté au regard du maintien de nos engagements, souligne Olivier Pouyaud. D’autant que nous proposons un pan complémentaire d’activités qui va des centres médicaux aux maisons de retraites ». Ces dernières ont constitué le secteur le plus lourd à gérer : ainsi, « la décision initiale d’interdire les visites aux résidents a occasionné un syndrome du glissement chez beaucoup. D’où l’autorisation de visites sous conditions, à charge pour les maisons de retraites d’y veiller ». Si les centres médicaux et pluridisciplinaires ont dû fermer durant ce confinement, « les maisons de retraites évidemment devaient continuer de fonctionner et sans interruption ».

S’adapter à l’évolution des demandes

Les deux mutuelles ont dû se transformer face à ce risque Covid qui n’était pas dans le viseur. La MGP qui disposait de deux plans de continuité d’activité en a créé un autre, « car aucun d’eux ne prévoyait l’absence de site de repli » explique Benoit Briatte. À la mutuelle de la RATP, « les réunions de crise étaient quotidiennes », se souvient Olivier Pouyaud. Avec un objectif : changer pour tenir. « On a observé une baisse des demandes de soins et une hausse des besoins de prévoyance et de soutien psychologique », résume Benoit Briatte (MGP). C’est pourquoi, la mutuelle de la RATP a mis en place une plateforme d’accueil et de soutien psychologique dès avril 2020 pour les adhérents et les salariés : « Nous avons eu des remontées sur ce besoin : les conséquences du confinement se sont rapidement fait sentir » précise Olivier Pouyaud. 

Portrait de Benoit Briatte
Benoit Briatte, président de la MGP.
Portrait d'Olivier Pouyaud
Olivier Pouyaud, président de la mutuelle de la RATP.

Renouveler le lien avec les adhérents

« Le télétravail déployé n’a pas tout résolu, relève par ailleurs Olivier Pouyaud. Parmi nos salariés, beaucoup sont des femmes qui, plus que les pères, ont été sollicitées pour la garde des enfants et qui ont donc été en arrêt de travail ». Coté travail à distance, la mutuelle des forces de sécurité avait de l’avance, ses collaborateurs étant déjà équipés d’ordinateurs portables professionnels, « mais, explique Benoit Briatte, nos besoins de VPN ont dû être couverts tout en portant une vigilance extrême à la protection des données ».
La manière de communiquer avec les adhérents a évolué aussi, comme le révèle Benoit Briatte : « nous avons pris place dans des médias digitalisés, locaux, nationaux ou professionnels, pour pousser la consultation à distance auprès de nos adhérents. Nous avons aussi eu une démarche spécifique auprès de nos aînés, contactés à notre initiative par nos commerciaux ».

Des locaux transformés, un sens renouvelé

« À la sortie du confinement, la problématique était de faire revenir les collaborateurs sur site. Pour cela nous avons dépassé les exigences du protocole sanitaire, en modifiant par exemple les portes des locaux. Désormais ouverture et fermeture se font sans recours aux poignées », détaille Benoit Briatte. La mutuelle de la RATP a « réadapté les systèmes de ventilation de certains locaux de soins. La pratique dentaire est très exposée au risque lié à la Covid ».
« Cette crise a eu des répercussions plus profondes. Démonstration a été faite que l’humain a une capacité de rebond et d’entraide en période difficile, se réjouit Olivier Pouyaud. Le sens de notre activité a été vécu pleinement ». Et Benoit Briatte d’ajouter : « l’une de nos lignes directrices à la MGP est l’agilité. Preuve en a été faite avec la crise sanitaire. Nous nous le disons souvent ». 

Des missions renforcées

Entraide et agilité donc : les économies réalisées avec la baisse des soins et des déplacements ont convergé sur des fonds Covid afin d’accompagner au mieux les adhérents. « La MGP a ainsi soutenu les familles où le conjoint du fonctionnaire était en chômage partiel ». La RATP a, entre autres choses, proposé un accompagnement en matière de prêt immobilier et une gratuité du mois de décembre pour toutes les familles d’adhérents.
Face à cette maladie jusqu’alors inconnue, « nous avons fait le choix, rapide puisque pris en quelques jours, précise Benoit Briatte (MGP), de reconnaitre la Covid comme un risque professionnel. De plus, les 11 000 adhérents qui n’avaient pas de garantie prévoyance ont été couverts gracieusement sur le risque épidémique Covid » énumère Benoit Briatte.

 

Pics de consommation, sédentarité et dépistages retardés

La « taxe Covid », imposée aux organismes complémentaires de santé est fixée pour l’année 2021 à 2,6% du chiffre d’affaires et pour 2022 à 1,3%. Une contribution qui inquiète. Certes la baisse des soins, donc des dépenses, est indéniable jusqu’en mai 2020, mais dès le mois de juin, s‘installe une augmentation qui ne relève pas du seul rattrapage. « Décembre 2020 et janvier 2021 constituent des pics de consommation supérieurs aux années précédentes, alerte Benoit Briatte. « C’est lorsque la crise sanitaire sera passée que chaque complémentaire santé pourra savoir si elle a fait des économies réelles. Car la Covid induit de la sédentarité : des complications sont attendues de ce fait sur des pathologies comme le diabète, l’hypertension ». Sans compter les dépistages décalés, donc les pathologies diagnostiquées tardivement, entrainant des soins plus coûteux.

Quelques chiffres

La mutuelle RATP regroupe 133 00 personnes protégées, 300 salariés et dispose d’un budget de 138 millions d’euros.

La MGP s’adresse à l’ensemble des forces de sécurité et regroupe 235 000 personnes protégées, 450 salariés pour un budget de 165 millions d’euros.

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