De l’Eonia à l’€ster : quels impacts pour votre collectivité ?

Plus de transparence, plus de conformité et plus de liquidité : tels sont les buts affichés pour l’€ster, nouvel indice monétaire lancé le 2 octobre 2019 par la BCE. L’€ster (Euro Short-Term Rate) remplacera progressivement l’indice Eonia dans la zone euro. Le point sur les enjeux et les conséquences de cette transition.

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Qu’est-ce que l’€ster ?

L’€ster (Ester ou Euro Short-Terme Rate) est le nouveau taux d’intérêt à court terme de référence en zone euro. Calculé chaque matin par la Banque Centrale Européenne (BCE) sur la base des transactions de la veille, ce taux au jour le jour remplacera définitivement l’indice Eonia au 1er janvier 2022. D’ici là, une phase de transition a été ouverte le 2 octobre 2019, durant laquelle les deux indices cohabitent. L’Eonia reste ainsi temporairement indexé sur le cours de l’€ster, avec une marge fixe de +8,5 points de base.

Comment l’€ster est-il calculé ?

Chaque jour, les banques se prêtent et s’empruntent des euros mutuellement – ainsi qu’à d’autres institutions financières. Certains de ces prêts sont non garantis et délivrés pour une très courte durée, de 24 heures seulement : on parle alors de prêts « au jour le jour », ou « Overnight ».

L’€ster reflète la réalité de ces échanges. Il correspond à une moyenne de taux d’intérêt pondérée par le volume réel de transactions. Pour la calculer, la BCE retient les emprunts de plus d’un million, au jour le jour, de 50 banques de la zone euro auprès d’autres contreparties financières.

L’€ster est publié chaque matin à J+1 à 8 heures du lundi au vendredi, sur la base de données statistiques collectées directement par la BCE.

Jusqu’ici, la publication de l’indice Eonia reposait sur la base des déclarations faites par un panel de banques et elle intervenait en fin de journée.

Pourquoi un changement d’indice monétaire ?

Le lancement de l’€ster intervient dans un contexte de refonte globale des indicateurs monétaires de référence. Cette transition répond à trois enjeux distincts pour un indice monétaire plus résilient :

  • Il s’agit d’abord d’évoluer vers plus de transparence, après que plusieurs scandales, dont celui du Libor au Royaume-Uni en 2012.
  • Il s’agit enfin de se conformer à la réglementation BMR (Benchmark Regulation), qui s’applique dans l’Union européenne depuis le 1er janvier 2018. Celle-ci crée de nouvelles obligations pour les entités contributrices ou utilisatrices d’indices, en conformité avec les principes édictés par l’Organisation Internationale des Commissions de Valeurs, afin que les taux d’intérêt de référence soient suffisamment robustes et utilisés correctement par les acteurs bancaires.

Quel est l’impact du changement d’indice ?

Les taux du marché monétaire tels que l’Eonia et l’€ster sont des taux « sans risque » qui dépendent des taux directeurs fixés par les banques centrales. Ce sont des taux de référence pour les marchés financiers et de très nombreux contrats financiers y ont recours. Cela aussi bien pour le calcul des taux d’intérêt des crédits bancaires que pour déterminer les rendements des livrets d’épargne ou encore pour servir d’indice de référence pour les contrats à taux variables.

En zone euro, plus de 150 000 milliards d’euros de contrats sont liés à l’Eonia ou à l’Euribor(1).

Pour les collectivités territoriales, les principaux contrats impactés sont : les crédits à moyen et long terme avec phase de mobilisation et les lignes de trésorerie.

Que se passe-t-il pendant la phase de transition ?

Les contrats préexistants sont basés sur l’index Eonia jusqu’en 2021. Les nouveaux contrats sont désormais conclus sur la base de l’index de taux €ster.

Pour résumer :

  • À court terme, les contrats de prêts continuent à être indexés sur l’indice défini à la signature (Eonia pour les anciens contrats, €ster pour les nouveaux)
  • À moyen terme, les contrats en cours de vie dont la maturité se situe au-delà de 2021 devront faire l’objet d’une modification d’indice (d’Eonia vers €ster) selon les dispositions prévues aux contrats.

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(1) Source : Chappuis Halder & Co – Octobre 2019

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